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Les orangers, Dominique Mainard

Publié le 19 juin 2008 par Antigone

mainardRien de commun en apparence entre Bono, simple d'esprit amoureux d'un enfant rêveur, dans La boîte à secrets, et Moha, immigré algérien hanté par les ciels et les odeurs de son pays natal, dans Les orangers. Rien sinon la solitude et le don de peupler celle-ci d'êtres et d'objets imaginaires. Rien sinon la quête de l'autre qui les entraîne, volontairement ou non, jusqu'aux frontières de l'indicible et de la mort. (extrait de la quatrième de couverture)

Voici un tout petit livre coloré qui n'a de "sucré" que la couverture. Attention, les deux nouvelles qui le composent sont une porte ouverte à l'émotion !! Ames sensibles s'abstenir !
Bono et Moha, les deux héros de chaque histoire prennent sous leurs ailes un être chétif, maladif, et abandonné à ses rêves, (un vieillard aveugle, un enfant anorexique) pour le porter vers un ailleurs meilleur à leurs yeux, dans un bel élan de compassion.
Dans ces récits tendus mais brefs, vous trouverez également de belles images, de beaux mirages, et une fin sublimée en points de suspension...
Je ne connaissais pas encore les écrits de Dominique Mainard. Son écriture, à la limite de l'onirique, peut dérouter mais les émotions qu'elle suscite sont simplement belles. Alors, à suivre...et à découvrir (ces petits livres sont à un prix très raisonnable) !!

Un extrait (début de Les orangers)...
"L'orange sera captive dans la paume de la main gauche. De la main droite, on plantera l'aiguille dans le grain serré de l'écorce.
De la main droite, on transpercera la peau dans une subtile odeur d'aromates, essayant d'atteindre la chair. La piqûre devra être minuscule, invisible presque, un simple poinçon dans l'écorce. Mais de ce canal étroit une goutte surgira, glissant sur la rondeur du fruit puis sur la paume. De cela on conclura que la main est sûre, qu'on pourra bientôt planter sans douleur l'aiguille dans la veine.
On épluchera l'orange mais, au dernier moment, on ne pourra la manger. Il y a trop de chair humaine dans cette pulpe blessée. Elle se desséchera sur le rebord de la fenêtre ; bientôt sanguine, striée de filaments pourpres.
Un organe humain, vulnérable, abondonné sur le rebord de la fenêtre dans la lumière impudique du jour."

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  Note de lecture : 4/5

La lecture de Laure


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