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Toni Erdmann, la Palme du Coeur un poil surestimée du dernier Festival de Cannes?

Par Filou49 @blog_bazart
25 août 2016

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A peine revenu de mes vacances bretonnes, quelques semaines avant la rentrée de septembre, je n'ai pu m'empecher d'aller  dans les salles de cinéma pour aller voir le  grand coup de cœur du 69e Festival de Cannes , la Palme de Coeur pour une grande majorité des festivaliers, et  incontestablement le film à voir en cette fin d'été 2016- puisque j'avais déjà vu dès juin le sublime Economie du Couple présenté aussi à Cannes mais malheureusement pas en sélection officielle.

Car dès la première projection presse de Toni Erdmann, une très grande partie de la presse s’ est enflammée totalement, ce que l’affiche ne manque pas de le souligner en gros caractères bien vendeurs scandant « La Palme d’or de la presse et du public ».

Il semble pourtant qu'une seule  moitié de l’affirmation  n'est exacte:  si la  presse, qu’elle soit étrangère ou hexagonale, a été quasi unanimement enthousiaste à propos d’un film, comme c'était déjà le cas les années précédentes pour "Mommy" ou "La vie d'Adèle", contrairement à ces deux films qui m'avaient totalement enthousiasmés en alliant réussite populaire et cinéma d'auteur,  ce "Toni Erdmann" me semble plus circonscit aux seuls cinéphiles tant le film reste quand même peu acessible et difficile à appréhender.

On peut penser  que ce  Toni Erdmann , déroutant et parfois dérangeant risque fort de creuser encore une fois et encore plus le fossé entre les critiques professionnels et les goûts du public.

 

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 Car surtout, et contrairement à ce que la presse nous avait laissait croire dans leurs critiques, ce Toni Erdmann,  certes profond et intelligent, n'est aucunement hilarant- bien que le rire soit un concept évidemment totalement subjective-, et l'image des journalistes se tapant les cuisses de rire lors de la première projection me parait assez incroyable au vu du film, bien plus amer et morose que drôle.

 On comprend dès lors la surprise de la cinéaste Maren Ade en voyant les réactions des festivaliers : son film est certes une réflexion sur le rire, ou plutot sur notre aptitude à retrouver le sourire dans un monde contemporain ultra-normé  où l’ultralibéralisme va de soi, mais il n'est pas pour autant une comédie, malgré quelques scènes assez décalées et assez incongrues, surtout dans sa dernière partie.

 Toni Erdmann est plutot constitué de moments -parfois- embarassants entre deux personnages principaux désaxés et même dépressifs, qui n'arrivent absolument pas à communiquer entre eux.

 Le long métrage de Maren Ade donne également l'impression d' avancer au gré d'un équilibre précaire, avec le sentiment que le scénario qui semble s'écrire à mesure que le film avance, en pointillé,  et ca en fait à la fois son intérêt et sa limite, le film souffrant d'une durée pas vraiment justifiée, certaines scènes s'étirant un peu inutilement- la visite à la famille roumaine, la visite sur le chantier pétrolier-  même si  d'autres (la party qui vire au naturisme, la première apparition du personnage de Toni) gagnent en force et en surprise, grace à ce sentiment d'impromptu..

Bien qu'imparfait- surtout on le rappelle, en comparaison du concert de louanges qu'il a reçu l'histoire de ce père qui tente de redonner un sens à la vie de sa fille obsédée par sa carrière et son travail en s’immisçant de manière imprévue dans sa vie,  reste profondément touchante et interessante.

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Cette histoire d’amour entre un père et sa fille qui essaient de se rapprocher, en dépit de leurs conceptions de vie opposées, volet plus passionnant que la critique du monde capitaliste est magnifiée par l’interprétation royale  et la belle interaction des deux comédiens principaux,  Peter Simonischek et Sandra Hüller, que j'avais déjà adoré dans l'amour et rien d'autre mon coup de coeur du Festival Annonay où j'étais membre du jury-

 Bref, si on veut voir Toni Erdmann comme une comédie hilarante « à hurler littéralement de rire », on risque d'être un peu frustré, par contre cette chronique douce amère sur les difficiles relations père fille peut largement émouvoir et faire réflechir...

De là à le considérer comme le film le plus réussi du dernier Festival de Cannes, il y a un pas que je ne franchirai pas vraiment ..

Bande annonce du film "Toni Erdmann" de Maren Ade


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