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Les compères Myatt et Drewe 3/6

Publié le 29 août 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Une arnaque sans précédent et qui a changé le visage du marché de l’art, une « menace pour le patrimoine culturel britannique ». Entre 1986 et 1995, John Drewe et John Myatt ont mis sur le marché plus de 200 tableaux plus faux les uns que les autres.


L’un peignait, l’autre falsifiait les documents d’authenticité.

John Myatt

John Myatt

John Myatt peignait à volonté un Chagall, un Nicolas de Staël, un Dubuffet, un Matisse, un Giacometti ou un Braque. Avec un certain talent mais aussi avec beaucoup d’imperfections. Revers de la toile vieillie avec la poussière d’un sac d’aspirateur, émulsions modernes à l’acrylique, mélangées avec un produit plus généralement utilisé comme lubrifiant sexuel. L’homme était ingénieux mais pas extraordinaire.


Mais l’extraordinaire était ailleurs. Il formait un couple d’enfer avec John Drewe qui arpentait toutes les archives possibles, celles de l’Institut of Contemporary Arts (ICA), du Victoria And Albert Museum, de la Tate Gallery, de la British Library, etc. Son travail consistait à « polluer » toutes les archives avec de faux certificats d’authenticité. Les tableaux y figuraient, sous forme de photographies en noir et blanc, ou mentionnés dans d’anciennes listes d’expositions, ou sur des factures de galeries


disparues, voire même dans de fausses lettres d’artistes adressées aux marchands ou à des collectionneurs. Dans les archives, on se méfie des gens qui veulent voler des documents, lui, il en rajoutait . Grâce à un intermédiaire, Drewe a également créé une société appelée Art Research Associates…. qui fournissait des expertises. Il a ainsi pu duper les plus grandes galeries et maisons de ventes aux enchères comme Christie’s ou Sotheby’s.

John Drewe

John Drewe

Cela ne se passa pas toujours facilement, des historiens de l’art comme le français Jean-Yves Mock, l’anglaise Jennifer Booth, le galeriste Peter Nahum, l’experte Mery-Lisa Palmer eurent les plus vifs soupçons. Ainsi que la famille Giacometti qui ne reconnaissait pas les œuvres, et pour cause.


Les doutes à propos de ce célèbre artiste éveillèrent les soupçons de Scotland Yard. Les analyses scientifiques démontrèrent que certains matériaux n’existaient pas à l’époque où les œuvres avaient été soi-disant réalisées, notamment l’analyse des solutions indiquaient les traces d’un même pigment présent simultanément dans des œuvres signées Giacometti et Sutherland .


Le trafic dura 9 ans et même si Drewe était malin et il tomba, dénoncé par une compagne qu’il avait délaissée, après l’avoir ruinée et lui avoir pris la garde de leurs enfants.


Myatt et Drewe tombèrent en même temps. John Myatt écopa d’un an de prison qu’il occupa à peindre ses codétenus, mais il ne fit que 3 mois, pour bonne conduite et collaboration avec la police. Il se mit à peindre pour son propre compte avec un certain succès, en partie à cause de son histoire rocambolesque. John Drewe, lui, fut condamné plus lourdement, 6 ans, il n’en fit que 3 mais fut à nouveau condamné en 2012 cette fois à huit ans de prison. L’acteur et producteur américain Michael


Douglas a acheté les droits l’histoire hors du commun de Drewe, sur la base d’une enquête détaillée réalisée en 1999 par un journaliste du New York Times, Peter Landesman. Pour le monde de l’art, Drewe était de loin le plus dangereux. Un juge lui déclara d’ailleurs : « Vous êtes sans doute la personne la plus malhonnête et la plus retorse à laquelle j’ai jamais eu affaire ». Outre les 1,3 millions de livres qu’il a extorquées, les documentalistes mettront des années à « dépolluer » leurs archives, et elles seront inutilisables auparavant par les historiens d’art.


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