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Vincent cassel - interview (juillet 2016)

Par Aelezig

Source : Studio Ciné Live - Juillet 2016

L'acteur français incarne l'ennemi de Jason Bourne dans le cinquième opus de la franchise. Il nous révèle les coulisses du tournage entre Tenerife et Las Vegas et nous livre ses impressions sur Matt Damon.

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Avec Paul Greengrass

Qu'est-ce qui vous a incité à accepter le rôle d'un méchant dans Jason Bourne ?

Jason Bourne est la franchise la plus classe dans ce type de cinéma. Un sans-faute. A part peut-être le dernier volet, sans Matt Damon, qui a un peu moins bien marché, mais que je n'ai pas vu. L'idée de venir à bord, avec le retour de Matt et de Paul Greengrass, était très alléchante. Ce cinéaste a entraîné le film d'action vers quelque chose de plus trash, de plus crédible. Il a, en quelque sorte, révolutionné le genre.

C'est-à-dire ?

Paul Greengrass a inventé une grammaire de cinéma, un style. En fait, pour lui, le cinéma se divise en deux camps : soit la caméra sait, soit elle ne sait pas. La caméra qui sait, c'est lorsqu'un mouvment la fait arriver sur l'action ou sur un personnage qui dit son texte. Mais pour Greengrass, seule prime la sensation du vrai. Ses références sont ancrées dans la réalité : des attentats, des fusillades. Il est allé sur des lieux sinistrés après des tragédies. Là, la caméra ne sait pas ce qui va se passer. Elle peut donc rater une action ou la découvrir. Un peu trop tard. Souvent, cela tient à peu de choses : un déplacement de cadre de quelques centimètres, une lumière... Ce ne sera pas forcément visible à l'oeil nu, mais lui sait ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne. Et s'il n'est pas content du résultat, on retournera la scène deux jours plus tard. Car malgré ce côté chaotique, tout est très réglé.

En quoi la présence de Matt Damon est un atout pour vous ?

C'est un acteur totalement polyvalent. Avec sa tête de Monsieur Normal, discrètemnt - limite en sous-marin -, il a construit une filmographie impeccable et complètement folle. Les plus grands metteurs en scène l'ont choisi : Scorsese, Coppola, Gus Van Sant, Soderberg,... C'est une des plus belles carrières de sa génération.

Lesquels de ses films vous ont le plus marqué ?

J'avais été rappé par l'un de ses premiers, Will Hunting. Ben Affleck et lui sont magnifiques, émouvants. Je l'ai aussi beaucoup aimé dans Ma vie avec Liberace, de Soderbergh. C'était super culotté de sa part de se lancer dans ce film à petit budget sur une star complètemnt décalée.

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Quel rapport entretient-il à Jason Bourne ?

Comme tous les acteurs de ce calibre, il arrive à se créer une certaine liberté pour faire des films d'auteur en jouant un rôle récurrent dans une franchise. "Du pop-corn movie", comme me répétait tout le temps Paul Greengrass. Toutes proportions gardées, j'ai un peu le même réflexe quand j'accepte de participer à de grosses productions américaines où j'ai la chance d'être invité. Elles m'offrent l'opportunité d'être vu dans le monde entier.

Aviez-vous gardé des relations avec Matt Damon depuis le tournage des Ocean's ?

Non, il évolue dans une sphère totalement différente de la mienne. J'ai néanmoins le sentiment qu'il n'est pas étranger à ma présence dans le film.

Matt Damon est très admiratif de votre maîtrise des arts martiaux qui a donné de l'épaisseur au duel final...

En tout cas, cela m'a particulièrement servi pour ce film. Au dernier moment, Paul Greengrass a décidé de changer le style de cette scène que nous avions répétée avec Matt pendant assez longtemps. Il voulait quelque chose de plus sale, de plus inattendu, de moins chorégraphié. Du coup, on a tourné ça dans un mode très chaotique, assez découpé. Après trois jours et demi de baston, j'étais dans un sale état.

Matt s'est entraîné dur pour jouer ce rôle très physique. Et vous ?

J'étais prêt. Comme j'ai tourné dans pas mal de films assez violents, j'ai fini par acquérir une certaine maîtrise des scènes de bagarre, du maniement des armes, des chutes. En tant que "vieille actrice de composition", j'en ai bouffé des patates et des coups de flingue !

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Sur le tournage

C'est vrai que vous êtes l'un des méchants préférés du cinéma américain...

Oui, mais je me rends compte que j'ai de plus en plus de mal à tuer tous ces gens de sang-froid. Moralement, cela commence à me peser. Néanmoins, dans Jason Bourne, les frontières entre les bons et les méchants sont totalement brouillées, car les meurtres sont commis pour des raisons d'Etat. Bourne et moi sommes deux agents secrets. Qui est le méchant ? Celui qui exécute les ordres ou le gouvernement qui les donne ? Est-ce que le fait d'avoir oublié ce que vous avez pu faire vous rend "gentil" pour autant ? Non !

On parle de vous dans un prochain volet des Quatre fantastiques en Docteur Fatalis...

Ce n'est pas prévu. J'ai d'ailleurs refusé le rôle il y a quelques années comme d'autres propositions de méchant dans des films de superhéros. Le dessinateur du comic book, le Brésilien Mike Deodato, a choisi de donner mon visage au personnage. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je trouve ça assez cool. 


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