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On a volé la Joconde! 4/6

Publié le 07 septembre 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone
On a volé la Joconde! 4/6

Le matin du 21 août 1911, le peintre Louis Béroud se dirige vers le Louvre et plus précisément vers le déjà célèbre portrait de Monna Lisa qu’il souhaite intégrer dans une composition. Mais, lorsqu’il arrive devant l’emplacement habituel, la toile n’est pas là. Il interroge les gardiens qui ne s’inquiètent pas outre mesure. Elle doit être en train de se faire photographier, coquette comme elle est.

On appelle les locaux de la maison Braun & Cie, photographe officiel du Louvre, pour avoir confirmation. La peinture n’est pas là. Le Louvre s’affole.

On a volé la Joconde! 4/6

Le chef du Quai des Orfèvres, et près de soixante inspecteurs sont dépêchés sur le lieu du crime en début d'après-midi. Rapidement, ils retrouvent le cadre et la vitre.

On découvre une empreinte de pouce sur la vitre abandonnée, les empreintes digitales des 257 personnes travaillant au Louvre sont relevées. Les résultats sont négatifs.

Tout s’enchaine, le scandale éclate, le directeur du Louvre démissionne, le gouvernement lui-même est ébranlé.

Mais que s’est-il passé ? Un complot juif ? Un espion du Kaiser Guillaume II ? Les hypothèses les plus farfelues sont avancées.

On a volé la Joconde! 4/6

Guillaume Apollinaire est arrêté puis Pablo Picasso suspecté. Le secrétaire d’Apollinaire avait volé des statuettes phéniciennes que Picasso avait acheté. Il ne peut s’empêcher de se mettre en avant et se vante d’avoir volé le tableau, allant jusqu’à demander une rançon.

Les promesses de récompenses se multiplient, l’hystérie est à son comble. La Joconde, déjà célèbre, devient une star mondiale.

Puis, pendant deux ans, plus rien.

Les Parisiens commençaient à s’habituer à vivre sans leur Joconde tandis que l’appât du gain fait sortir le mystérieux voleur de sa cachette.

Le 10 décembre 1913, un inconnu nommé « Leonardi » ( !) aborde un antiquaire florentin en lui promettant quelque chose d’exceptionnel. Le marchand se méfie de ce drôle de personnage mais le suit dans sa chambre d’hôtel. Qu’elle ne fut pas sa surprise de se trouver nez à nez avec la Joconde ! Il a bien évidemment reconnu le chef d’œuvre, temporise et appelle la police italienne. Le voleur sera arrêté dans son hôtel.

Les Italiens n’ont jamais accepté que ce chef-œuvre de la Renaissance italienne soit conservé en France. Les avocats de l’accusé jouent sur cette faille et mettent en valeur le patriotisme du voleur qui ne sera condamné qu’à un an de prison. L’Italie en profite pour parader avec le chef-d’œuvre dans toute l’Italie avant de finalement, et à contrecœur, rendre Monna Lisa à la France en janvier 1914.

Mais qui était donc ce voleur ?

On a volé la Joconde! 4/6

Vincenzo Perrugia était un vitrier italien qui avait été chargé de concevoir une vitrine pour protéger l’œuvre. Coup de foudre, patriotisme ou pure spéculation, il décide de voler la peinture et prépare l’enlèvement de Monna Lisa. En fin de journée, le dimanche 20 aout, il se laisse enfermer dans le musée avec deux complices sachant que le lendemain est le jour de fermeture du musée. Le lundi, il revêt la blouse blanche que porte le personnel du musée, décroche l’œuvre, la glisse sous sa veste et sort du musée. Ni vu ni connu. On mettra 24h à déclencher l’alerte.

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Il est interrogé par la police mais son alibi convainc les enquêteurs : il est arrivé en retard à son travail car ne s’est pas réveillé à cause d’une soirée trop arrosée la veille. La concierge de l’immeuble, corrompue par quelques sous, confirme cette version à l’enquêteur.

Il conserve le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris dans le 10e arrondissement, caché dans le double fond d'une valise de bois blanc, sous son lit.

Ce coup de maître à faire pâlir par sa simplicité les plus astucieux criminels serait peut-être plus de l’ordre du coup de folie. Il semblerait en effet que le vitrier ait agi par patriotisme pour se venger de Napoléon, croyant naïvement que le tableau avait été volé par Bonaparte lors de la campagne d'Italie. On rappelle que Napoléon n’a rien à faire dans cette histoire, le tableau ayant été acheté à la mort de Léonard de Vinci par François 1er, en 1519.

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Présenté comme un homme simple d’esprit, on a voulu élaborer de nombreuses hypothèses quant au véritable cerveau de l’opération. Il aurait agi sur commande du faussaire argentin Eduardo de Valfierno qui voulait vendre comme authentiques six copies du tableau, réalisées en 1910 par Yves Chaudron, à des acheteurs américains convaincus d'acquérir l'original. Ou il aurait été approché par un Allemand qui aurait joué sur son nationalisme et l’aurait manipulé. Cet Allemand pourrait être un espion cherchant à déstabiliser la France dans le contexte de la future Première Guerre mondiale ou Otto Rosenberg, escroc notoire appartenant à une bande de trafiquants d'art de haute volée mais n'ayant pu récupérer le tableau car il était sous surveillance policière française à la suite du vol.

Vincenzo Perrugia sortira de prison au bout de quelques mois. Il participera à la Première Guerre mondiale, se mariera et aura trois enfants. Dans les rues de son village, il signe des autographes sur des cartes postales à l’effigie de la célèbre peinture.

Une vie tranquille mais l’assurance d’avoir réalisé le coup du siècle !

En savoir plus...

Comment la Joconde a-t-elle été sauvée du pillage nazi?

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