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Sara Novic : La jeune fille et la guerre

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La jeune fille et la guerre de Sara Novic   3,75/5 (29-08-2016)

La jeune fille et la guerre (320 pages) est paru le 17 août 2016 aux Editions Fayard (traduction : Samuel Todd).

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L’histoire (éditeur) :

Ana mène une existence heureuse à Zagreb avec ses parents, sa petite sœur Rahela et son meilleur ami Luka lorsque la guerre avec les Serbes éclate. Bientôt, ce sont les premiers raids aériens, la peur au quotidien, l’afflux des réfugiés. Mais le pire reste à venir : au cours d’une expédition en Bosnie pour tenter de faire soigner Rahela, Ana et ses parents tombent dans une embuscade. Seule survivante, Ana va apprendre le maniement des armes dans un village rebelle avant de quitter le pays et de trouver refuge aux États-Unis.
En Amérique, Ana tente de reconstruire sa vie et de tirer un trait sur le passé. Mais devenue jeune femme, et alors que la guerre fait de nouveau irruption dans son pays d’adoption avec le 11-Septembre, elle découvre qu’il faut parfois se confronter à ses démons pour reprendre le cours de son existence.

Mon avis :

Un des rares roman traduis où il est question de la guerre en Yougoslavie, La jeune fille et la guerre évoque avant tout la question de l’identité plutôt que le conflit serbe croate.

« Effet secondaire de la guerre moderne, nous avions le privilège étrange de regarder à la télévision la destruction de notre pays. » Page 36

Ana a 10 ans lorsqu’elle voir poindre les prémices de la guerre civile à Zagreb. Et, même si elle continue à garder son insouciance de petite fille, la situation finit par la rattraper de façon dramatique lorsque ses parents son arrêtés à un barrage par la milice serbe après avoir déposé sa petite sœur malade, à Sarajevo, à un organisme humanitaire (chargé de son transport pour les Etats unis où elle doit être soignée pour une insuffisance rénale). Ils sont abattus sous ses yeux. Sur les conseils et derniers mots de son père, elle échappe à la mort en la feignant.

On retrouve ensuite Ana à 20 ans à New York où elle étudie la littérature depuis 3 ans. Elle est sur la point de témoigner à l’ONU de son expérience d’enfance soldat. Si elle vit désormais une existence tranquille et protégée depuis 10 ans, elle est pour autant loin d’être stable dans son esprit, préférant cacher à son entourage qui elle est vraiment, mais ne cessant de vouloir affirmer ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.

C‘est donc ans une troisième partie en Croatie qu’Ana se dévoile, de retour sur sa terre natale, prête à livrer ce qu’elle a vécu et à découvrir ce que sont devenus ceux qui lui ont permis de s’en sortir.

La jeune fille et la guerre est un roman évidement fort et touchant, mais la narration manque d’équilibre (un peu comme Ana d’ailleurs). Entre moment terriblement intenses qui passent à une vitesse folle et des passages plus longuets (et même des fois hors de propos) qui ne servent pas vraiment à l’histoire, on oscille mais on reste néanmoins solidement accroché à cette jeune femme que l’on voudrait voir guérir de ses blessures passées et dont le besoin de connaître l’histoire est de plus en plus important.

Il est évidement aussi question de mémoire (et de sa transmission) dont Ana est devenu l’unique garante.  Comment vivre avec ce poids ? Ana a besoin de se réconcilier avec l’histoire de sa famille et de son pays. Car si elle essaye de s’intégrer et tenter d’échapper à ses souvenirs, elle vit davantage dans son passé qu’avec celui-ci, contrairement à sa petite sœur Rahela (pour qui leurs parents se sont sacrifiés), devenue Rachel, citoyenne américaine à un an.

En quatre parties, en quatre gammes d’émotions différentes, La jeune fille et la guerre est un premier roman qui manque un peu d’harmonie dans la narration, mais reste un bon livre, intense, bouleversant et aussi plein d’espoir.

Ana (la petite fille autant que la jeune femme) m’a touchée et ce qu’elle a vécu et les traumatismes qu’elle charrie à l’âge adulte m’ont beaucoup émue.


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