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Emmanuel Carrère : L’adversaire

Publié le 03 septembre 2016 par Aude @bizzetmiel
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Emmanuel Carrère : L’adversaireCe que l’éditeur nous dit :

C’est l’histoire d’un incroyable mensonge qui finit dans le sang. Pendant dix-huit ans, Jean-Claude Romand a fait croire à tout le monde, même à ses proches, qu’il avait réussi ses examens de médecine, passé l’internat et qu’il était devenu chercheur à l’OMS. En réalité, il passait toutes ses journées, silencieux et clandestin, sur le bord des autoroutes. En janvier 1993, le faux médecin assassinait sa femme, ses enfants et ses parents.
Emmanuel Carrère reprend ce véritable fait divers, reconstitue l’affaire Romand, la décortique, l’explore. L’auteur a rencontré les amis et l’avocat de Romand, suivi son procès puis il a établi une correspondance avec lui. Il met en scène cette histoire vraie qui touche à la fiction, tient en haleine le lecteur de bout en bout en remplissant les vides de l’existence de ce personnage fascinant. Avec L’Adversaire, dans un style dépouillé et sensible, Carrère revient sur ses thèmes de prédilection : le silence, le mensonge, l’identité et le déséquilibre psychologique. –Céline Darner

Ce que j’en pense :

Voici un livre que j’ai eu bien du mal à lire, le reposant et y revenant à de multiples reprises, effrayée de ce que pourrais y découvrir. C’est également ce que semble avoir vécu l’auteur durant le processus d’écriture, à la fois incapable d’abandonner cette histoire et révulsé quant à sa propre obsession sur un thème aussi morbide. Je l’ai constaté à de nombreuses reprises, Emmanuel Carrère excelle dans l’art de raconter les autres, sa grande force étant son implication, sa manière de se positionner quant à son sujet. Ici on sent tout son malaise, qui reste palpable même dans les interviews qu’il a menées bien après la publication de l’Adversaire. De fait il semble avoir fait bien des efforts pour tenter de comprendre les motivations de Jean-Claude Romand, pour cela se mettant “de son côté”, tout en restant souvent sceptique et distant. Et force est de constater que bien des aspects de cette affaire resteront obscurs, tant il est difficile de dire si cet homme aura jamais énoncé la totale vérité, probablement incapable de la discerner lui-même après tant de mensonges. J’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait de dédoublement de personnalité, dans il semble souvent si éloigné de ses propres agissements.
Les faits, relatés en quatrième de couverture et même dès les premières pages de l’ouvrage, ne constituent pas la véritable révélation. Ce qui obsède, c’est de ne pas comprendre comment ce Monsieur Tout le Monde, pas si éloigné de celui décrit par Bigflo & Oli, a pu en arriver là. Ce qui ébranle, c’est de constater comment il a pu mentir pendant si longtemps aux gens qui pensaient le mieux le connaître, pouvant faire vaciller notre propre confiance en nos proches. Connaît-on jamais vraiment quelqu’un, se connaît-on jamais vraiment soi-même ? Ce qui fait peur, c’est d’envisager ces pires tréfonds de l’humanité qui se cachent peut-être en chacun de nous.

Conclusion :

Un fait divers, terrifiant dans son apparente banalité et relaté avec brio.

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