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[Avant-Première] Les champions, quand propagande et cinéma font mauvais ménage

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[Avant-Première] Les champions, quand propagande et cinéma font mauvais ménage

Toujours en avant première au 4ème festival du cinéma russe de Nice, nous avons pu voir, le mercredi 21 septembre 2016, une co-réalisation d’Alexeï Vakoulo, de Sergueï Possokhin et de Dmitri Dioujev. Les champions, c’est son nom, a été produit, avec l’aval des autorités russes, juste avant les jeux olympiques d’hiver de Sotchi 2014. L’entreprise propagandiste, confirmée par le réalisateur présent, visait surtout, d’après lui, à convaincre la jeunesse de s’engager dans le sport. Et sûrement, nous le rajoutons, de redonner des lettres de noblesses à une organisation contesté de toutes parts. Le résultat, quoiqu’il en soit est un piètre film de commande qui peine grandement à nous enthousiasmer.

Les champions est un film à sketch à propos de cinq champions russes : le champion de biathlon Nikolai Krouglov Junior (Marc Bogatyrev), les patineurs artistiques Elena Berejnaia (Taïssia Vilkova) et Anton Sikharoulidze (Konstantin Krioukov), la snowboardeuse Ekaterina Ilioukhina (Tatiana Arntgolts), le hockeyeur Ilia Kovaltchouk (Alekseï Tchadov) et la patineuse de vitesse Svetlana Jourova (Svetlana Khodtchenkova).

[Avant-Première] Les champions, quand propagande et cinéma font mauvais ménage

L’un des quatre réalisateurs présent ce soir-là nous a affirmé qu’il y avait trois erreurs de règles concernant le Hockey. Et qu’ils nous enjoignait à les retrouver pour gagner des goodies. C’est dire le sérieux de l’entreprise ! Accepter un film de commande à la gloire des athlètes russes et ne pas effectuer le minimum de travail de documentation nécessaire prouve le peu d’intérêt que l’on porte à ce qu’on accomplis là. Que personne ne semble investit dans ce film est bien l’impression tenace qui ne vous lâche pas durant le visionnage, les acteurs sont à la ramasses, en roue libre. Du côté de la trame narrative, l’ensemble est très dur à suivre. Ce n’est qu’à la toute fin, par exemple, que l’on comprend que Svetlana Jourova s’entraîne pour le patinage de vitesse. D’ailleurs, c’est la grande perdante de la répartition des rôles. Ce personnage passe tellement de temps à s’occuper d’une gamine que sa mère voudrait voir arrêter que sa carrière passe littéralement à la trappe. Même sa victoire semble avoir été coupé au montage. Car, bien sur, le principe de Les champions est de montrer comment avec abnégation, courage et confiance en soi, on peux gravir les marches des podiums.

[Avant-Première] Les champions, quand propagande et cinéma font mauvais ménage

Sur le principe seulement, car en réalité, le format ramassé propose trop de choses sans jamais les approfondir. Impossible de s’identifier aux sportifs, dont les histoires banales, l’un a des problèmes de couple, l’autre de trac, l’un est freiné par des rivaux, l’autre refuse d’écouter son entraîneur, ne sont pas dramatiser un iota. De la même manière, sur fond de musique électro calibrée pour la radio et qui semble naître ici que pour séduire les plus jeunes spectateur, les exploits des compétiteurs ne font pas vibrer le spectateur. Alors que les romance entre la snowboardeuse et son jeune fiancé ou celle des deux patineurs tournent rapidement aux clichés et à la guimauve, faisant oublier le sport autant que laissant sombrer le film dans l’ennui, seul les parties consacrées au hockey sur glace sont un peu plus développées. Paradoxalement, le seul personnage un peu touchant du long-métrage est un jeune gosse (Semion Treskounov) qui s’identifie au hockeyeur Ilia Kovaltchouk, insiste auprès de sa mère pour continuer à s’entraîner et finit, c’est assez émouvant, par motivé son héros en manque de motivation en publiant la veille de la finale, une vidéo d’encouragement rappelant que le sport est avant tout une aventure humaine avant que d’être un score.

[Avant-Première] Les champions, quand propagande et cinéma font mauvais ménage

En suivant Les champions, on aurait aimé ressentir quelques frissons devant la beauté du sport et l’entêtement des joueurs enfin récompensés, on aurait adoré assister à quelques victoires épiques, sur le fil, mais, à moins d’être un nationaliste russe peu regardant sur la qualité cinématographique de l’œuvre, alors il y a peu de chance de s’exclamer devant autre chose que l’omniprésence du drapeau.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :


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