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Jim Harrison – Sept ans dans les bois (Seven in the Woods, 2016)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Jim Harrison par Jean-Luc BertiniSuis-je aussi vieux que je le suis ?
Peut-être pas. Le temps est un mystère
qui peut nous mettre sens dessus dessous.
Hier j’avais sept ans dans les bois,
un bandage recouvrant mon oeil aveugle,
dans un sac de couchage que ma mère me fabriqua
afin que je puisse dormir dans les bois
loin des gens. Une couleuvre se glissa près de moi
sans me remarquer. Une mésange
se posa sur mon orteil nu, si légère
qu’elle était à peine croyable. La nuit
avait été longue et la cime des arbres
chargée d’un trillion d’étoiles. Qui
étais-je, à moitié aveugle sur le sol de la forêt,
qui étais-je à sept ans ? Soixante-huit ans
plus tard je peux toujours habiter le corps
de ce garçon sans penser au temps qui s’est écoulé depuis.
C’est le fardeau de la vie d’avoir plusieurs âges
sans voir la fin des temps.

*

Am I as old as I am?
Maybe not. Time is a mystery
that can tip us upside down.
Yesterday I was seven in the woods,
a bandage covering my blind eye,
in a bedroll Mother made me
so I could sleep out in the woods
far from people. A garter snake glided by
without noticing me. A chickadee
landed on my bare toe, so light
she wasn’t believable. The night
had been long and the treetops
thick with a trillion stars. Who
was I, half-blind on the forest floor
who was I at age seven? Sixty-eight
years later I can still inhabit that boy’s
body without thinking of the time between.
It is the burden of life to be many ages
without seeing the end of time.

***

Jim Harrison (1937-2016)Dead Man’s Float (2016) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Chabrières



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