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Saïdeh Pakravan : La trêve

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La trêve de Saïdeh Pakravan   3,75/5 (29-09-2016)

La trêve (428 pages) est paru le 18 août 2016 aux Editions Belfond

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L’histoire (éditeur) :

Quand l’inspecteur Simon Urqhart se réveille pour aller travailler ce matin du 9 Juillet, il ne sait pas encore qu’il va vivre la journée la plus incroyable de sa vie, et du pays entier. Pourtant, rapidement, tous commencent à comprendre ce qui se passe – ou plutôt ce qui ne se passe pas. Plus aucun crime, plus de violence, plus de suicides, plus de crises cardiaques, de viols, de meurtres, d’accidents de voiture, d’agressions. Plus aucun événement dramatique venant détruire des vies entières, plus aucune sirène d’ambulance hurlant dans la rue, plus d’appels dans les commissariats – hormis ceux de la population exigeant de savoir ce qui a bien pu se passer – et les urgences des hôpitaux restent vides. À travers le destin de plusieurs personnages dans des situations habituellement critiques mais qui s’arrangent de manière prodigieuse, La Trêve nous fait vivre 24 heures dans la vie d’un pays transformé en… Miracle ? Conspiration mondiale ? Terrain de jeu extra-terrestre ? Comme tous les millions de gens qui n’en reviennent pas, Simon et sa petite amie journaliste Mandy essaient de trouver un sens à cette situation extraordinaire. La foule enthousiaste danse dans les rues, s’embrasse et hurle « Trêve éternelle ! ». Pourtant, Simon et Mandy sont hantés par une question : la Trêve va-t-elle durer ? Et si oui…. jusqu’à quand ?

Mon avis :

La Trêve ou si le monde (ou du moins les USA) supprimait la violence, l’hostilité, la haine. Et si d’un coup, au petit matin, l’humanité devenait paisible et plus jamais ne basculait vers le côté obscur de la force… voilà l’idée de ce roman original construit comme un recueil de nouvelles dans lequel on suit certains personnages et où on en rencontre une foule d’autres ne recroise plus (comme une succession de récit individuels). Leur point commun ? Ils sont tous à un moment ou un autre confrontés à quelque chose ou quelqu’un qui, en temps normal, aurait dû les plonger dans le drame (souvent ordinaire d’ailleurs !).

Je dois dire que Saïdeh Pakravan a trouvé là une idée de roman tout à fait surprenante et intéressante. On ne peut que s'interroger sur notre nature (violente) et ce qui nous fait perdre l’équilibre de la paix, sur les choix que nous faisons.

Le choix du multi-récit est intelligent et colle à merveille au thème. En croisant ces divers destins on peut prendre la mesure de cette trêve. L’auteur nous donne l’occasion de pénétrer dans la vie de ces hommes et de ces femmes et nous conduit, avec une tension narrative soutenue et très agréable, jusqu’à ce petit rien qui leur permet d’échapper au drame (tantôt du côté d’une victime, tantôt du côté du bourreau).

De minuit, le 9 juillet, à minuit 15 le lendemain, les minutes s’égrènent et la situation finit par devenir presque idyllique (plus de meurtre, plus d’agression, plus de violence, plus de morts…). Mais va-t-elle durer ? Saïdeh Pakravan ne nous permet pas de nous attacher aux personnages mais cela n’a pas d’importance, les chapitres, tels des fragments réalistes de vie, s’enchaînent vite et la multitude des situations (dont beaucoup se révèlent très touchantes) relance sans cesse l’intérêt.

Certains trouveront peut-être finalement cette construction lourde et répétitive mais j’ai trouvé au contraire que le fait d’aborder tant de choses différentes (fanatisme religieux, homophobie, racisme, violence conjugales, intolérances, terrorisme…) donnait vraiment à cette histoire (à la limite de la science-fiction) beaucoup de force et d’originalité.

J’ai beaucoup aimé !


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