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L'enfant qui mesurait le monde, de Metin Arditi

Publié le 08 octobre 2016 par Francisrichard @francisrichard
L'enfant qui mesurait le monde, de Metin Arditi

Qu'est-ce que l'ordre du monde? Comment le rétablir quand il s'est perdu? Y a-t-il seulement un ordre du monde? Ce sont, entre autres, les questions fonfamentales de l'existence humaine, qui sont posées dans le roman de Metin Arditi, L'enfant qui mesurait le monde

Douze ans plus tôt, Eliot Peters a perdu sa fille Dickie, victime d'un accident qui s'est produit dans l'amphithéâtre de Kalamaki, une île grecque. Cet Américain, Grec d'origine, a suivi alors les trois préconisations du père Kosmas pour surmonter sa douleur et s'ancrer dans l'existence.

Le père Kosmas lui a recommandé d'utiliser sa part de libre arbitre, qui échoit à tout être humain, pour faire un choix décisif, de se souvenir qu'à chaque instant la vie recommence, de ne pas rester désoeuvré, autrement dit de trouver dans le travail une aide pour adoucir sa peine.

Alors Eliot, prénom proche du prénom grec IIias, dont le père s'appelait Petropoulos, choisit de quitter les Etats-Unis et de s'installer à Kalamaki, de continuer à vivre après ce coup du sort, de poursuivre les travaux de Dickie, diminutif d'Evridicki, c'est-à-dire Eurydice en grec.

Dickie s'est intéressée au Nombre d'Or dans la Grèce archaïque, classique et hellénistique. Pour ce faire, elle a visité nombre de monuments. Eliot a poursuivi ces recherches qui, pour lui, n'ont pas présenté de difficultés majeures, puisque ce dessinateur très doué est architecte de métier.

Le Nombre d'Or, faut-il le rappeler, est le rapport qui existe entre deux termes consécutifs de la célèbre suite de Fibonacci, soit environ 1,618. Chaque terme de cette suite s'obtient en additionnant les deux termes précédents: 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55 etc. Le Nombre d'Or est harmonie.

Eliot est installé dans une maison toute proche de celle où habitent Maraki et son fils Yannis. Maraki, divorcée d'Andreas, le maire de l'île, est un petit bout de femme énergique qui a succédé à son père, Pavlos. Chaque nuit elle pêche à la palangre les poissons qu'elle vend sur le marché.

Pavlos mort, Eliot, sur le conseil du père Kosmas, s'est proposé de le remplacer pour s'occuper de Yannis en l'absence de Maraki. L'enfant passe son temps à mesurer le monde pour s'assurer qu'il est bien en ordre. Il ne supporte pas le changement et devient hystérique quand il s'en produit un.

Yannis mesure le monde. Cela signifie qu'il comptabilise et mémorise dans sa tête, sur une longue durée, l'ordre d'arrivée des cinq bateaux de pêche de l'île, les pesées de leurs poissons par genre et le nombre de clients, à l'intérieur et en terrasse, du Stamboulidis, le café tenu par Grigoris.

Dans une Grèce en crise deux projets sont en concurrence pour aménager Kalamaki et lui donner un nouvel élan: un projet de complexe hôtelier et sportif, avec marina, et un projet d'école où seraient enseignées la théorie et la pratique de la philosophie et du théâtre et la natation.

Les mesures de Yannis, le Nombre d'Or, les projets d'aménagement de Kalamaki, les relations entre les protagonistes, sont les éléments d'une histoire fabuleuse aussi bien dans la manière avec laquelle l'auteur la raconte que dans les réponses aux interrogations humaines qu'elle esquisse.

Francis Richard

L'enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi, 304 pages, Grasset

Livres précédents:

Le Turquetto, 288 pages, Actes Sud  (2011)

Prince d'orchestre, 380 pages, Actes Sud (2012)

La confrérie des moines volants, 350 pages, Grasset (2013)

Juliette dans son bain, 384 pages, Grasset (2015)


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