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Les traditions françaises ont du plomb dans l'aile

Publié le 20 juin 2008 par Careagit
Hier, repas du midi pris entre collègues, subitement se retrouve à mes côtés le délégué syndical. Celui là même qui, après seulement 3 mois de cohabitation, à très bien compris que je ne goûtait que très moyennement à son discours. Hier cependant, la discussion débute sur ce qu'il a appelé de ses mots: "un bide". Il parlait bien sûr de la mobilisation syndicale contre les projets de lois relatifs à l'assouplissement des 35h d'un côté et l'allongement de la durée de cotisation de l'autre. Réflexion plus ou moins poussée, ce dernier se questionnait, selon moi à juste titre, sur l'avenir du syndicalisme français, et plus particulièrement dans les entités privées.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Le triptyque Fillon - Sarkozy - Bertrand a joué la partie, vous savez l'éternel bras de fer opposant les gouvernants aux organisations syndicales. Depuis des années, c'est souvent la rue poussée par un conglomérat de syndicats qui a imposé sa propre loi à la puissance publique. Cette fois ci pourtant, les réformes les plus "douloureuses", c'est à dire réveillant de potentielles mobilisations ont été assises sur une négociation centrale point névralgique de l'assouplissement des règles régissant le travail jusqu'alors plutôt protectionnistes. Cette négociation c'est bien sûr la représentativité syndicale. A mon sens cette stratégie à la fois judicieusement imaginée sur un plan calendaire (avant les vacances d'été) et plutôt bien menée nous vient de loin. Car le principe joue sur plusieurs leviers.
D'abord il met la pagaille dans l'entente de façade qui règne entre organisations syndicales en remettant en cause la légitimité de chacune. Puisque que devient un syndicat vidé de toute représentativité et de légitimité ? Ensuite, sa conséquence inévitable, il débouche sur une course au plus réformiste, meilleure manière de prouver à qui de droit toute son utilité et tout son pouvoir. Dans l'affaire qui nous intéresse, le deal de l'affaire était simple. Pour conserver le statut de "représentatif" si important, il fallait s'offrir quelque peu au pouvoir en place en signant un texte qui fixait le cadre (selon FO) des réformes du temps de travail lancées tout récemment.
Pas étonnant donc de ne sentir que peu de mobilisations dans un paysage syndical désormais scindé entre les représentatifs apaisés d'un côté et les floués souhaitant prouver par tout les moyens leurs puissances de l'autre.
Parallèlement à cela, il n'est pas impossible d'assister à un profond changement d'attitudes des salariés français, conséquence inévitable de l'arrivée sur le marché du travail d'une nouvelle génération plus individualiste, sûrement moins politisée et révolutionnaire que ce que fut la "génération 68".
N'est ce pas en effet troublant de n'assister à aucun regroupement de conflits ? Pêcheurs, routiers, ambulanciers, étudiants, chercheurs, salariés, lycéens n'ont ils rien de commun à trouver dans un conflit de masse, véritable conglomérat de petits conflits ?
Et pourtant rien de tout cela, les mobilisations demeurent à la marge, confortant le gouvernement dans sa méthode, parfois trop brutale et surtout contradictoire, tout se passe comme si le pays se résignait à la réforme, tout conscient du retard accumulé durant des années, faisant contre mauvaise fortune bon coeur face à l'allongement de la durée de cotisations pour les retraites par exemple.
Objectivement Nicolas Sarkozy se retrouve donc dans une position diablement paradoxale. Grandement mis en danger par une conjoncture économique plus que morose (inflation, croissance faible), il déroule sa politique dans un pays qui ne dispose plus de contre pouvoirs. Il lui reste 4 ans pour faire le sale boulot, ne recueillir que des quolibets, avant de passer la main à un(e) autre qui arborera avec fierté de biens meilleurs résultats boostés par la croissance retrouvée. C'est la loi de la politique, Thatcher, Schröder et d'autres le savent bien.
Pour tout cela, il faudra pourtant que NS soit bien plus attiré par l'avenir de la France que par sa propre côte de popularité...

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