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Chroniques de Koh Kut (II) : la société des chiens

Publié le 12 octobre 2016 par Neutrinou

Chroniques de Koh Kut (II) : la société des chiens

Coutume locale : une habitante du village fait les courses sur son caddie


Aujourd'hui, entre deux averses, nous sommes allés dans le port de pêcheurs qui se trouve sur la côte Est. Ao Yaï est un village lacustre, gentiment touché par le tourisme : il ne vend pas encore de bols avec le prénom inscrit dessus (Médor, Rintintin...), mais propose des fruits de mer et des poissons à des prix qui peuvent effrayer le thaï moyen. Et la bière y est vendue 200% du prix qu'on paye à Korat.
Au restaurant, on choisit dans le vivier ce qu'on va manger. La seafood est dopée au Maxiton : les crevettes agitent frénétiquement leurs petites pattes, les poissons sautent dans tous les sens, les crabes dressent leurs pinces avec fureur. Je craque sur des coquilles Saint-Jacques préparées au fenouil... Au moins, je n'entendrai pas leurs petits cris quand on les jettera sur le feu ! Alors que les hurlements du poisson qu'on égorge... le regard pathétique que te jette le crabe qu'on plonge dans l'eau bouillante... le visage lourd et douloureux de la gambas qu'on coupe en deux vivante...
On m'a dit qu'ici, les gens étaient très durs. Comme dans toutes les îles. Et parfois très bêtes. Tel vend petit à petit ses terres, il en a beaucoup et elles valent de l'argent. Il achète une voiture de sport, une montre en or à dix mille euros et toutes sortes de choses qui font qu'un beau jour, il a vécu dix ans et se retrouve pauvre comme Job. Histoire véridique.
On a vu la même chose à Belle-Île, Houat ou Hoëdic : quand des imbéciles se retrouvent par hasard riches à millions, du fait du bond formidable de l'immobilier. Mais ici, les gens sont infiniment plus aimables que dans mes îles bretonnes où l'été, un sourire coûte beaucoup plus cher qu'un coup de Père Julien au café du Port ou une crêpe dentelle.
On dit que dans Koh Kut, tout se sait. Ça, j'ai très vite compris pourquoi. Il y a partout des chiens allongés au beau milieu de la route, l'oreille collée contre le ciment. Impossible de les déloger, on a beau klaxonner, ils ne bougent pas. Honneur à ces héros anonymes (Médor, Rintintin, c'est des noms, ça ?) qui risquent leur vie en service commandé ! Mais que font-ils donc ? Ils écoutent. C'est le système d'information de l'île. Un véritable réseau secret, une toile mystérieuse qu'ils ont tissée... Ils se tiennent au courant, ils épient tout ce qui se passe. Il doit y avoir des ondes aussi. Des ondes électriques. Peut-être magnétiques. Je ne serais pas étonné qu'ils communiquent avec les militaires...

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Les enfants du pêcheur : espiègles !



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