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A fond la musique française

Publié le 13 octobre 2016 par Paulo Lobo
En ce moment, j'écoute beaucoup de musique française. Je ne sais pas si c'est parce que l'influence de l'automne, un certain spleen mélancolique de type "feuilles mortes", le fait que je comprenne les paroles, ou tout simplement la qualité de ce qu'il m'a été donné d'écouter cette dernière semaine.
En tout cas, chaque fois que j'en ai l'occasion, je me repasse les chansons des trois albums suivants :
- La Femme : "Mystère"
- François Morel : "Lavie (titre provisoire"
- Vincent Delerm : "A présent"
 Des sons enveloppants, des petites histoires atmosphériques, des paroles profondes et sensibles, il y a tout cela dans ces productions, la grâce juvénile et romantique de La Femme, l'émotion crépusculaire chez François Morel, la fragilité existentielle de Vincent Delerm.
A fond la musique française
Delerm, bien sûr, je connais et j'apprécie depuis ses débuts, et je trouve qu'il a une façon de se renouveler tout en subtilité, il maîtrise de plus en plus les divers composants de son univers, et ça aboutit à des perles comme "Je ne veux pas mourir ce soir", "Les chanteurs sont tous les mêmes " ou "Le garçon". Un équilibre sur le fil du rasoir entre introspection et réflexion sur l'état du monde. Je ferme les yeux et j'ai l'impression de voir un film de François Truffaut ou de Luis Malle. 
A fond la musique françaiseLa Femme, ce sont des jeunes gens enragés, pleins de hargne et de verve, qui manient le verbe, la mélodie et le rythme avec un talent fou. Refusant de se mettre d'étiquette sur le front, ils n'ont pas de limite dans ce qu'ils font. Je les ai vraiment découvert la semaine dernière, j'ai été happé par leur interprétation live du titre "Où va le monde", leur légèreté, leur désinvolture, leur énergie, et du coup j'ai plongé corps et âme dans leur disque "Mystère", pour y trouver tout un monde de poésie et d'étrangeté, avec quelques morceaux époustouflants tels que "Vagues" et "Le chemin".
A fond la musique françaiseEnfin François Morel. Cela fait des années que je le connais en tant qu'humoriste, par ses chroniques sur France Inter mi-bouffonnes, mi-surréalistes, cruelles et désabusées, mais jamais méchantes. Mais je ne savais pas qu'il avait déjà enregistré des disques en tant que chanteur. Il y a quelques semaines, j'étais vraiment fasciné par son album datant de 2013 "Monsieur Satie: l'homme qui avait un petit piano dans la tête" - incroyablement drôle et poétique. Et là, voilà qu'il nous sort "La vie (titre provisoire)" avec 18 chansons que j'ai écoutées avec ravissement. J'aime, j'adore, d'abord parce que c'est hyper bien écrit. Mais c'est aussi mélodieux, bien arrangé et chanté avec beaucoup d'authenticité. En fait Morel chante pour mieux nous parler à l'oreille, et ses confidences sont sincères et touchantes. A chaque détour de phrase, on a une surprise, on a un verbe ou un adjectif qui nous prend par la main, ou par le coeur, pour nous emmener dans une contrée où le conteur est un ami et son histoire est un baume. Il nous parle des choses de la vie, tel un Claude Sautet qui ne se fait plus beaucoup d'illusions mais qui a gardé une énorme tendresse pour les pauvres bonhommes et bonnefemmes que nous sommes. Quelques titres sont particulièrement intenses : "Pop Song", "Le petit préféré", La place" ou "Selon la police".
Et bien voilà, la France aujourd'hui, c'est le traumatisme des attentats, la peur du "ça recommence", la montée de la haine et du nationalisme, des hommes/femmes politiques qui passent le temps à se chamailler; mais c'est aussi une langue unique et des poètes qui nous réussissent à nous offrir quelques lendemains qui chantent.     

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