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Exportation hors hydrocarbures : Cap sur l’Afrique

Publié le 17 octobre 2016 par Ouadayazid1

Comment placer l'Algérie sur les marchés extérieurs et briser son indépendance vis-à-vis des hydrocarbures ? L'interrogation est de nouveau au centre du débat des économistes et des politiques depuis que les cours du pétrole se sont une nouvelle fois effondrés.

L'Association des femmes algériennes chefs d'entreprise (Seve) a apporté, jeudi dernier, sa pierre à cette réflexion en cours, en organisant à l'hôtel El-Aurassi un atelier sur l'exportation hors hydrocarbures en partenariat avec ses partenaires étrangers.
Et pour cause, dit sa présidente, Mme Ouanani Nâana, si le pays ne se trouve pas aujourd'hui "dans une situation d'inconfort", force aussi est de souligner qu'il n'est pas aussi dans "une aisance totale". Mais, dit-elle, la "solution existe", d'autant que "nous avons des ressources autres que les hydrocarbures" qui peuvent apporter une plus-value et créer de la richesse. Mais, pour cela, il faudrait organiser et encadrer convenablement leur exportation. Seve, qui ne manque pas de propositions, estime cependant qu'il y a des préalables à réunir. Ainsi, selon sa présidente, il faut avant tout définir ce qu'est une production nationale, faciliter les procédures de création des entreprises et d'accès aux mécanismes d'aides, savoir quoi exporter, où et comment le faire, tout en gardant à l'esprit que l'exportation est avant toute chose un métier qui a ses règles et ses procédures. Aussi, la présidente d'honneur de Seve, Mme Taya, elle-même ancienne exportatrice, a tenu à rappeler que "l'export n'est un slogan". Et d'ajouter que "l'on ne s'improvise pas exportateurs. C'est une pratique réfléchie qui ne peut pas se faire à la hussarde. Il faut des stratégies pour accompagner les explorateurs". Et si tous les participants ont estimé que l'État a fait des efforts pour booster les exportations hors hydrocarbures, ils n'ont pas non plus manqué de souligner que ces efforts gagneraient à être mieux ciblés. Ainsi, selon le secrétaire général de l'ANEXAL, qui réaffirme qu'"il y aujourd'hui en Algérie une réelle prise de conscience quant à la nécessité d'augmenter les exportations", il reste aussi nécessaire de "passer de l'intentionnel à l'opérationnel", en levant toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les opérateurs exportateurs. Il dit que dans ce sens, des progrès ont été enregistrés puisqu'une cellule d'écoute à été créée par le ministère du Commerce, et que le Premier ministre a créé une autre chargée du suivi du travail de la première pour lever tous les blocages à l'acte d'exporter. Parmi ces entraves, il fera remarquer "l'absence de chambres froides au niveau des ports humides, l'inadaptation de l'arsenal juridique, les problèmes liés au taux de change". Un problème qui pourrait trouver sa solution, à l'occasion d'une prochaine rencontre que le ministère du Commerce compte organiser entre les opérateurs, et le Gouverneur de la Banque d'Algérie. De même que le rôle que doivent jouer les représentations diplomatiques à l'étranger a été souligné, lors de cet atelier. "La diplomatie économique peut faciliter les exportations", ont souligné les participants. "C'est elle qui doit faciliter la pénétration des produits algériens sur les marchés extérieurs", ont-ils indiqué. Toutefois, sera-t-il mis en garde, il faut éviter d'exporter n'importe quoi, "car un produit mal façonné mis en vente sur un marché étranger, et c'est toute l'activité et l'image du pays qui en pâtiront". par ailleurs, il sera souhaité la mise en place d'un corps de représentant commercial au niveau des ambassades à l'étranger. Et de rappeler que l'Algérie exporte seulement pour 300 millions de dollars. Un montant dérisoire, au regard des potentialités du pays. Le problème est, selon l'expert Idriss Yalaoui et vice-président du CNC, que "l'on se rappelle la nécessiter d'exporter et des PME que lorsque les cours du pétrole chutent. Et dès qu'ils remontent, on oublie les mesures prises et les programmes arrêtés". Pour Mme Aziza Bouri, consultante, qui a intervenu dans le panel présidée par Mme Hassiba portant sur les échanges commerciaux dans la région du Maghreb et en Afrique, il faut avoir une vision de région, et faire en sorte de devenir un bloc économique et financier, à l'image de l'Union européenne. Or, a-t-elle regretté, l'Algérie néglige le volet commercial dans ses relations avec les pays africains. Pourtant, a-t-elle indiqué, "l'Afrique est au centre du discours en termes de solidarité, de coopération et de stabilité ; on ne s'est pas préoccupé des échanges commerciaux", qui sont, selon elle, "insignifiants". Seulement 1% de nos échanges le sont avec ce continent. Et de rappeler qu'"entre 2010 et 2013, l'Algérie a effacé 900 millions de dollars de dettes de 14 pays africains sans aucune contrepartie". Plus encore, selon l'indice d'intégration régional instauré par la BAD et l'UA, l'Algérie est notée de 0,4/1 en termes d'intégration régionale, et de 0,1/1 en ce qui concerne l'intégration commerciale. La meilleure note qui lui a été attribuée est de 0,8/1, concernant la libre circulation des personnes. Une réalité qu'elle regrette, car, au moment où "l'Afrique est considérée par d'autre pays comme un marché, nous, on fait de la générosité". Pourtant, du fait du fait du circuit informel, "l'Algérie nourrit toute la région subsaharienne", a-t-elle souligné.
Nadia Kerraz
Les prix SEVE attribués
En marge de l'atelier organisé sur l'exportation hors hydrocarbures, une cérémonie de remise des prix Seve instaurés en 1993 a été organisée. Le prix pour l'export a été remis à Mme Sahour, directrice de SOCOFEL, une société spécialisée dans la transformation, le conditionnement et l'exportation de dattes.
Cette société exporte en moyenne 500 tonnes de dattes/an vers le Canada, la Russie, les Émirats arabes unis, l'Australie et vers des pays européens comme l'Allemagne. Elle envisage, dans un proche avenir, exporter également vers les États-Unis. Le prix d'honneur de l'Association a été attribué à l'avocate Saad El-Aoud Djabbour pour son courage et son engagement dans la défense des droits de la femme. Le prix de la meilleure chef d'entreprise a été attribué à Mme Bouri Amel, et le prix d'encouragement à Mme Aissi Hassina.
N. K.


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