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Pourquoi je veux être édité, et même que je m'acharne !

Par Georgesf
Pourquoi je veux être édité, et même que je m'acharne !
Pourquoi cherché-je à me faire éditer ? me demande-t-on dans les commentaires du précédent billet. J'ai répondu que je ne me posais jamais la question, et c'était totalement sincère. On me relance.
Je ne voudrais pas que cette réponse passe pour une esquive, ne serait-ce que vis-à-vis de moi-même. Aïe, cela commence mal, me voici en pleine réflexion proustienne, on se croirait à la fin du Temps retrouvé, à quelques subjonctifs imparfaits près. Tant pis, je continue, pour ne plus jamais avoir à en parler.
En fait, j'ai commencé à vouloir me faire éditer comme j'ai commencé à écrire, plus par impulsion que par motivation profonde : lors de remises de prix, en concours, on m'avait suggéré "de me faire éditer" (formulation piégeuse, il faudrait suggérer aux auteurs de "chercher à se faire éditer"). J'ai donc envoyé un manuscrit de recueil, assez imparfait, pour voir, aux éditeurs, et l'un d'eux m'a dit oui. C'était Anne Carrière. Point important, elle m'a dit oui à condition que je re-travaille mes textes. Je les trouvais pourtant très bien. C'est après les avoir retravaillés que j'ai compris la différence entre le "très bien" pour un auteur fréquentant les concours et le "très bien" pour un auteur prétendant être édité. Je n'ai jamais oublié la découverte de cet étage supérieur.
Je crois que c'est resté ma vraie motivation. Un peu confuse, probablement, mais authentique : si je veux que chacun de mes manuscrits soit édité, c'est pour m'obliger à une certaine exigence d'écriture. C'est pour avoir la confirmation que j'y suis parvenu. Si un éditeur est prêt à investir de l'argent sur un manuscrit, c'est qu'il considère que l'auteur est allé au bout de ses possibilités. Sur mon prochain recueil, Qui comme Ulysse, par exemple, Anne C. est en train d'investir plus qu'il n'est habituel chez d'autres éditeurs, et cela me comble : j'avais donc suffisamment travaillé.
Si un jour un de mes manuscrits ne trouve pas preneur sur le marché, j'en tirerai la conclusion la plus évidente : c'est que mon maximum n'est plus suffisant pour les éditeurs. Je reviendrai alors dans le petit monde des concours, plus rigolard et permissif : on y met la barre moins haut, mais c'est quand même du sport. Et on s'y amuse plus souvent.
Et si ça ne m'amuse plus, je commencerai à lire. C'est bien aussi. Il me reste encore à lire tout Faulkner : j'ai commencé, c'est prometteur. Ah, il a eu raison de chercher à se faire éditer, ce petit Faulkner ! 
Et voilà, le quart d'heure proustien touche à sa fin, je vous promets de ne plus jamais traiter ce sujet, même si vous me le demandez sous la torture. Le plus simple, c'est que vous ne me le demandiez pas.
La prochaine rubrique traitera d'un sujet moins intimiste : elle parlera de la recherche du bon éditeur. Rien à voir, rassurez-vous : il y aura des noms, des chiffres. Des trucs objectifs.
 

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