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Journalistes et réseaux sociaux : un couple d’enfer ! #journalismedebout

Publié le 25 octobre 2016 par Mister Gdec

capture(« non, pas d’enfer… Rochereau, Robert ! »😉

Depuis un certain temps, j’observe l’introduction de certaines pratiques journalistiques jusque dans les médias main stream, y compris dans les émissions TV à une heure de grande écoute, et même dans les journaux télévisés, qui me posent grandement question. Ainsi, celle qui consiste à étayer un raisonnement, une thèse, une idée, ou pour tenter de confirmer – assez maladroitement en général – une réalité sociale débattue, par le biais (c’en est un, très clairement)  de sa traduction dans et par les réseaux sociaux. On y voit des journalistes qui ont pourtant certainement fait une ESJ quelconque (ou pas ?), contrairement à votre humble serviteur, utiliser par exemple les tweets relatifs à tel passage télé, tel fait divers, ou tel thème… Il semblerait qu’ils aient dû parfois aller les piocher, ces illustrations de leurs propos, au petit bonheur la chance en fonction de leur seule propre cohorte de suiveurs ou de suivis personnels tant, parfois,  ça frôle le ridicule. A leur décharge, il faut dire que lorsque l’on n’est pas un utilisateur assidu de tel ou tel réseau, certaines pratiques peuvent y faire grandement illusion. Ainsi, pour twitter, puisque c’est celui que je connais le mieux pour m’y investir plus que de raison, le fait d’être tenté de se faire une idée de tel ou tel sujet en suivant un hashtag dédié, au hasard… ;)  Il ne faut surtout pas être dupe de ce que l’on va y trouver, et garder impérativement (ce n’est pas toujours facile je le sais bien dans le feu de l’action) du recul et du sens critique. ¨Par exemple, pour la bonne et simple raison que ceux qui l’utilisent ne sont pas représentatifs de la majorité de la population. Un élément d’éclairage nous est donné en premier lieu, question de bon sens, par la proportion de personnes qui ne maîtrisent pas la langue écrite dans notre pays, de l’ordre de 9  % environ en France métropolitaine.

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Un autre élément de diffraction nous est apporté par le fait même  de la fracture numérique, bien que celle-ci se réduise. Elle  ne permet pas à tout un chacun d’être présent dans tel ou tel média, réseau social, et d’avoir accès à telle ou telle information.

En 2012, trois personnes sur quatre résidant en France métropolitaine ont utilisé Internet au cours des trois derniers mois, contre seulement 56 % en 2007.

Il faut voir en outre  comment Internet est utilisé par certains… Quand on n’a pas acquis les bases de la recherche d’informations, et qu’on n’est pas un tantinet averti de la dangerosité de certains sites, on gobe n’importe quoi, ingrédient essentiel du complotisme, l’autre pouvant être constitué par une santé psychique éventuellement défaillante…   Ceux qui sont présents sur lesdits réseaux sociaux ne sont non seulement pas les plus représentatifs, mais sont en outre seulement  les plus actifs sur internet, la majorité étant de nature silencieuse.  Bien des gens appréhendent le passage à l’acte qui consiste à déposer un commentaire, je le sais d’expérience pour en avoir aidés certains à s’y risquer. Certaines catégories d’utilisateurs ne sont toutefois pas aussi neutres, pusillanimes,  ou/et équilibrées que l’utilisateur lambda. Il existe des groupes particulièrement malveillants, ceux que je nomme et pour cause les malwares, qui se comportent en lobbies d’intérêts, de pression, et de prosélytisme militant en faveur de telle ou telle cause plus ou moins noble… jusqu’aux plus pourries comme ces dégénérés qui régulièrement relancent des poussées d’homophobie, de sexisme, de violence, ou de racisme. Il existe ainsi une pratique bien connue de ces gens qui consiste, pour un groupe d’intérêts même médiocres déterminé, en fonction d’un objectif précis, à se concerter pour lancer une offensive coordonnée à quelques dizaines de comptes, afin de faire grimper un hahstag.  Tel fut le cas de celui que j’ai étudié et auquel j’ai participé récemment en action d’opposition résolue, celui de #grandRemplacement, pour prendre un exemple précis, que j’ai relayé dans un  précédent billet pour en démontrer la bêtise, à tous niveaux, et démasquer leurs auteurs abominables et leur « logique » détestable. Résultat : si un internaute non averti arrive sur twitter, il peut tout bonnement, en toute ingéniosité et conscience, avoir l’impression que les français sont majoritairement de gros fachos répugnants, incultes, malsains et malintentionnés. Il y a en outre un effet de meute, un instinct grégaire, manifestement très développer chez les porteurs de peste brune et de l’ordre autoritaire, qui pousse les plus vulnérables à suivre le troupeau, quand bien même celui-ci les emmène en enfer…  Il faut également dire que Twitter étant le monde de l’illusion, on ne sait jamais à qui l’on a à faire, y compris quand la personne est mentionnée sur le compte, puisque se développe de plus en plus une autre pratique assez détestable, au point que l’on puisse s’y tromper même en étant comme moi averti, celle des fakes, ces faux comptes qui font mine d’être réellement la personnalité indiquée, alors qu’il ne s’agit que d’un vulgaire troll, plus ou moins talentueux. Sans parler des comptes militants, dont certains n’hésitent nullement, pratique plus que courante dans la fachosphère, à bidouiller des informations, répandre des rumeurs, fabriquer des hoax pour servir leurs misérables et nocifs (pour la majorité de la communauté humaine) intérêts politiques anti-sociaux. Aussi, apprendre par cette étude que tant de journalistes se fient ou utilisent dans une telle proportion les réseaux dits « sociaux » (de moins en moins), voilà qui me terrifie… Et cela, quand bien même je m’en sers si abondamment… et peut-être justement à cause de cela.

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Entendons nous bien, je ne sous-estime absolument pas leur intelligence (quoique, certains…;). je dis juste que les sachant souvent soumis à des cadences infernales, connaissant leurs conditions de travail parfois tellement insupportables,  sous la pression de l’instantanéité, des chaînes d’information en continu qui font tant de mal à notre système d’information,  le poids du buzz à tout prix, compte-tenu de la recherche de profits immédiats de leurs commanditaires monopolistiques aux intérêts divergents de la déontologie du journalisme, comme on le voit si bien avec les épisodes à rebonds de Télé Bolloré et de bien d ‘autres, et bien il y a là grand péril, qui a fortement à voir avec la préservation de l’esprit démocratique. Il est aussi multi-factoriel que ses conséquences sont nombreuses. Ainsi, pour le domaine qui me concerne, et qui vous l’aurez bien compris sur ce blog est l’une de mes priorités, la lutte contre le racisme, les discriminations et l’extrême droite, j’accuse ce système et ce genre de pratiques d’entretenir une illusion hautement toxique qui laisse à penser que les opinions identitaires, racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, sont majoritaires dans notre pays, ce qui est pourtant factuellement faux,  à cause d’une sur-représentation des internautes militants de la fachosphère. Cette façon de faire si mal son métier, allié à d’autres considérations et convergences d’intérêts, (ainsi, ceux d’Albin Michel à promouvoir si visiblement Zemmour, en dépit de toute considération morale) a pour fâcheuse conséquence pour notre société civile   de réunir les conditions qui permettent de créer un contexte de nature à consacrer à ce personnage hautement toxique tant de temps sur les plateaux de télé, que ce soit dans les émissions dites de divertissement ou dans les émissions politiques, alors qu’une majorité de nos concitoyens ne sont pas politisés, ne votent pas pour l’extrême droite, ne sont ni racistes, ni islamophobes ni aussi extrémistes que la seule vision des réseaux sociaux laisserait à le percevoir. Beaucoup par contre ont peur du monde comme il est, qui leur échappe, et les terrorise au sens le plus strict du terme, depuis les événements que nous connaissons. Aussi, dans ce contexte, il appartient aux journalistes de faire correctement et scrupuleusement leur métier, de rechercher la vérité et de la dire, (d’une belle manière serait un plus), plutôt que de vouloir délivrer à tout prix, pressés par un système totalement pathologique,  n’importe quoi sur n’importe quel sujet, au prix de la qualité de leur information. De cela, la crise d’ iTélé ou de canal+ n’est qu’un symptôme. Un autre en est le développement des discours de haine sur les réseaux sociaux, à propos desquels j’ai écrit à la présidente de la LDH. Ce sont des vases communicants, que les mauvaises pratiques non éclairées de certains entretiennent. Cochon qui s’en dédit. La suite de ma réflexion sur le sujet au cours d’un prochain épisode, grâce à de nouveaux matériaux.

(Merci à Ludo SLN sur twitter pour son apport personnel).


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