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The Exorcist (2016) : du pareil au même II

Publié le 27 octobre 2016 par Jfcd @enseriestv

The Exorcist est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis la fin septembre sur les ondes de Fox aux États-Unis et CTV au Canada. L’action se déroule au sein d’une communauté catholique de Saint Aquinas alors qu’un jour, Angela Rance (Geena Davis) rend visite au père Tomas Ortega (Alfonso Herrera), espérant qu’il vienne jeter un coup d’œil sur sa fille Kat (Brianne Howey) qui reste enfermée dans sa chambre depuis qu’un drame est survenu dans sa vie. Mais pire qu’une simple dépression, il semble que le démon se soit infiltré chez les Rance… Basée sur le livre éponyme de Willial Peter Blatty et du film culte de 1973, The Exorcist manque de rythme et met un peu trop l’accent sur les effets horrifiques au détriment d’un scénario qui se révèle rapidement bancal. Genre de niche pour un public de niche : Fox récolte les cotes d’écoute qu’elle mérite.

The Exorcist (2016) : du pareil au même II

Un psychologue serait peut-être plus efficace

Très religieuse, Angela est persuadée au départ qu’une présence démoniaque hante sa maison et croit au départ que Kat est le catalyseur de cette mauvaise énergie, elle qui ne s’est pas remise d’un accident de voiture impliquant deux de ses amis alors que c’est elle qui conduisait. Après quelques tergiversations, Ortega se laisse convaincre, mais réalise qu’un mauvais esprit s’en est plutôt pris à Casey (Hannah Kasulka), la cadette de la famille. Au départ, celle-ci est prise de quelques spasmes, mais au fil des épisodes, ses crises deviennent de plus en plus inquiétantes si bien que le prêtre fait appel à un autre collègue, Marcus Keane (Ben Daniels), spécialiste apparemment en exorcisme. Pendant ce temps, c’est toute une partie de la ville qui semble en proie au malin vu la sordidité des crimes. On a d’abord un groupe de voleurs qui égorgent plusieurs membres d’une famille avant de s’emparer de leurs organes et dans le troisième épisode, c’est un homme littéralement transformé en torche humaine qui apparaît sous la fenêtre de la demeure d’Ortega qui a fait venir des émissaires du pouvoir papal afin de leur exposer le cas de Casey, sans pour autant parvenir à les convaincre.

C’est le désavantage principal dans la création d’une série d’horreur : l’accent est inévitablement mis sur les effets-chocs générant le plus de sang possible au détriment d’un scénario solide fidélisant le téléspectateur et The Exorcist n’y échappe pas. Certes, la série a pour elle un livre et un film pour installer ses bases, mais reste que durant le pilote, on n’a aucune idée où s’en va le scénario. Ainsi, on privilégie de longues plages de silence afin de créer quelques suspens, mais on soupçonne que ce soit aussi pour camoufler un certain vide du côté de l’intrigue en général. Par exemple, au premier épisode, Ortega descend dans la cave de l’église : il fait très sombre (un classique) et on est censé faire le saut lorsque quelqu’un arrive derrière lui alors qu’il ne s’agit que d’Angela. Plus tard, celle-ci s’entretient avec lui dans son bureau et venant de nulle part, un corbeau défonce en partie de la fenêtre; le cou pris dans la vitre il se met à croasser pendant qu’il se vide de son sang. Dans ces deux cas, l’effet de peur est totalement gratuit et n’apporte rien à l’histoire. Sinon, le principal élément de suspens dans l’épisode #2 est lorsqu’Angela met de l’eau bénite dans le verre de Casey pour voir comment cette dernière va réagir. Les gros plans de sa main autour du verre suivis de similaires du visage de la mère scrutant sa fille sont à la limite du ridicule. Dans la scène suivante, on voit en détail celle-ci qui vomit le liquide désormais vert dans la toilette, ce qui provoque en nous plus de dégoût que de peur. Reste la structure « Quarry » qui consiste à insérer un élément-choc plus ou moins au même minutage d’un épisode à l’autre vers la fin. Dans le cas de The Exorcist, cela fait partiellement son effet : la violence de l’action additionnée à des effets spéciaux justifie amplement la case horaire de la série (21 h), mais en terme scénaristique, ne nous en apprend toujours pas davantage sur les intrigues à venir.

The Exorcist (2016) : du pareil au même II

En prenant en compte le film original, son antépisode, ses trois suites ainsi que plusieurs séries portant sur l’exorcisme, l’invocation de dieu, la récitation de prières et l’aspersion d’eau bénite sur les victimes du démon, force est de conclure que ce thème a prouvé ses limites au niveau du scénario. Avec The Exorcist, on tente de mettre un peu de chair autour de l’os, mais sans grand succès. Comme mentionné plus haut, Kat est atteinte d’un traumatisme en lien avec une expérience douloureuse, mais pas possédée. En fait, avant l’incident, on apprend qu’elle a toujours été la « star » de la famille et était très populaire à son lycée alors que Casey a toujours été dans l’ombre. Jalouse dans un premier temps, mais aussi intimidée à l’école : le démon s’active en elle lorsqu’une de ses adversaires lors d’une partie de lacrosse lui mène la vie dure et que seulement avec son mental, elle parvient à lui briser une jambe. Aussi, à plusieurs moments, on la voit converser avec un homme plus vieux qu’elle et invisible à son entourage. Il s’agit évidemment d’un mauvais esprit, mais aussi d’une métaphore simplette de l’impossibilité de se confier à propre père Henry (Alan Ruck), victime d’un traumatisme crânien. Ce serait donc sa souffrance personnelle qui aurait permis au démon de s’emparer de son âme, ce qui ne nous convient qu’à moitié.

The Exorcist (2016) : du pareil au même II

D’échec en échec

Ces dernières années, plusieurs boîtes de production probablement nostalgiques du film culte ont décidé de retransmettre cette histoire au petit écran, mais sans grand succès. Il y a d’abord eu Constantine à l’automne 2014 sur les ondes de NBC qui a rassemblé en moyenne 3,34 millions de téléspectateurs avec un taux de 0,92 chez les 18-49 ans et qui a été annulée après 13 épisodes. Damien au mois de mars cette année sur A&E a subit le même sort avec une moyenne de 478 000 et un taux de 0,18. Seule Outcast de Cinemax lancée cet été a été reconduite pour un deuxième opus, mais avec une très faible moyenne de 174 000 en auditoire (taux de 0,06). De l’autre côté de l’Atlantique, des séries anglaises traitant du même sujet comme The Living and The Dead (BBC One) et Midwinter of the Spirit (ITV) n’ont pas non plus dépassé le stade la première saison.

Alors pourquoi Fox, parmi tous les scénarios qui ont atterri sur son bureau au printemps a-t-elle misé sur cette option ? Il est vrai que l’adaptation au petit écran de franchises populaires comme Lethal Weapon et MacGyver fonctionnent très bien en ce moment, mais le genre d’horreur, surtout avec une trame narrative portant sur l’exorcisme qui peine à se renouveler ne pouvait, même au départ attirer beaucoup de monde. À preuve, ils n’étaient que 2,85 millions de téléspectateurs en direct pour la première avec un taux de 1 chez les 18-49 ans. Après 5 semaines, la série a pour moyenne un auditoire de 2,16 millions et un taux de 0,76 : la baisse n’est pas énorme, mais ça nous prouve que le bassin d’intéressés pour ce genre de fiction est limité, et ce, peu importe le produit original sur lequel on s’appuie pour en faire la promotion.


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