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Je décidai d'embêter le monde

Publié le 03 novembre 2016 par Paulo Lobo
Je décidai d'embêter le monde
Je suis les histoires de vie DES AUTRESJe les vois avancer, réussir, décliner, vieillirpuis un jour mourirou devrais-je dire : partir? 
Ce matin, je n'étais pas dans mon assiette.J'avais l'impression que le monde entier m'en voulait.Alors je décidai de lui rendre la monnaie de sa pièce.Oui, je décidai d'être bête et méchant, AVEC LE MONDE ENTIER.Ma première victime fut la caissière dans le supermarché. Elle me demanda "avez-vous la carte du magasin?"Elle était de bonne foi, sérieuse et aimable.Mais ma décision était pleine, je devais lui gâcher la journée, ou tout du moins essayer de le faire.Je la regardai droit dans les yeux, et je ne répondis point. Elle pensa peut-être que j'étais impudent et voyou,mais elle n'en laissa rien paraître. Après quelques secondes d'un silence insoutenable, elle ajouta Cela fait trente-trois euros trente centimes.Elle évitait mon regard, voulait simplement faire son job.Je fonctionnais au ralenti, mettais un temps fou à sortir mon portefeuille. Les gens dans la file s'impatientaient.Elle restait courtoise et froide et impassible.Impossible, ai-je pensé, il faut que je la provoque davantage.Je remis le portefeuille dans ma poche, et je fis de grands signes énervés.donnant à comprendre que je ne voulais plus de la marchandise. Je me proposais de l'abandonner sur le tapis. Je m'apprêtais à tourner les talons, en prenant tout mon temps, comme au cinéma ou au théâtre, en dramatisant mon jeuLa caissière prit son portable et passa un appel.Deux agents de sécurité furent sur place en un tournemain.Je me mis à crier et à sauter dans tous les senscomme un fouvous n'avez pas le droit, je n'ai rien faitje suis innocentje suis un honnête citoyenceinture noire également j'en appelle à la charte des Nations UniesJe criais et chantais à tue-têteles gardes m'agrippèrent fermement  je me démenais comme un gaminmais ils étaient plus costaudsne faites pas d'esclandretout se passera biensans ire ni colère, ils m'amenèrent jusqu'à la sortieNous vous conseillons de ne plus remettre les pieds chez nousJe les dévisageai et me rendis compte qu'ils arboraient un gros SOURIRE béatdans la rue, esseulé, je plongeai dans une profonde réflexion. La journée ne faisait que commencer.   
  
  

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