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[Critique] IMPERIUM

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] IMPERIUM

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Titre original : Imperium

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Daniel Ragussis
Distribution : Daniel Radcliffe, Toni Collette, Tracy Letts, Sam Trammell, Pawel Szajda, Nestor Carbonell, Burn Gorman…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 1er novembre 2016 (Netflix)

Le Pitch :
Un agent du FBI cantonné au travail de bureau se laisse convaincre par sa hiérarchie pour infiltrer un groupe de suprémacistes qui serait susceptible de préparer un attentat sur le sol américain…

La Critique d’Imperium :

Présenté au Festival de Deauville, Imperium, ou la plongée en apnée d’un agent du FBI dans un groupuscule raciste, ne sortira donc pas en salle chez nous. Ce qui ne veut absolument pas dire qu’il s’agit d’un film mineur. Car Imperium n’a rien de mineur, même si son mode opératoire n’a à priori rien de tapageur non plus…

imperium

Daniel Radcliffe à l’école des fachos

Depuis qu’il a quitté Poudlard, Daniel Radcliffe s’efforce de surprendre, tout en suivant un plan de carrière qui exclut toute notion trop probante de sécurité. En gros, Radcliffe tente, quitte à se planter. Et c’est donc après avoir campé un type à qui il pousse des cornes, un père au prise avec des fantômes, un créateur de jeux-vidéos cultes ou encore l’assistant du Docteur Frankenstein, que l’ancien sorcier se retrouve à se frotter à des néo-nazis dans un thriller réalisé par un cinéaste débutant. Un rôle qui à nouveau, le pousse dans une direction inattendue, et qui tend, vu le résultat, à prouver son adresse quand il s’agit d’esquiver certains des pièges les plus grossiers qui vont avec ce genre de personnage. Le comédien prend les choses en main avec la sensibilité qui caractérise souvent son jeu et profite d’un script intelligent car jamais outrancier, pour construire les bases de son rôle, avant de le faire progresser jusqu’à la fin sans trébucher ou commettre d’impair. Dans Imperium, Daniel Radcliffe est impeccable. Intense juste comme il faut, pertinent, imposant et sensible, il traduit l’urgence du script et incarne avec parcimonie les enjeux du récit qu’il habite en permanence. Une performance qui donne d’ailleurs la tonalité aux autres acteurs, qui tout autour, campent leurs positions sans défaillir. Surtout Toni Collette, de toute façon toujours parfaite, ou encore Sam Trammell, un transfuge de True Blood que l’on retrouve avec bonheur dans une composition glaçante mais pas non plus abusive. Si Imperium est réussi, c’est avant tout grâce à ses acteurs, eux qui portent un scénario certes un peu mince, en exploitant toutes les occasions, y compris les plus infimes, afin de lui conférer de l’épaisseur et de l’intensité.

American History X 2.0 ?

Imperium se refuse à tout sensationnalisme mais obéit néanmoins à certains codes. Des codes notamment déjà visibles dans American History X de Tony Kaye qui lui, de part la nature de ses personnages et l’angle adopté, pouvait justement se permettre de plonger dans une violence plus frontale. Ce que Daniel Ragussis, qui signe son premier long-métrage, ne fait pas. On pourra le lui reprocher et affirmer qu’Imperium est plus anecdotique que d’autres œuvres qui traitent un peu du même sujet, mais ce serait passer à côté de la force de son discours, qui dit bien des choses avec une économie de moyens appréciable. Et si il comporte finalement assez peu de scènes dites fortes, durant laquelle la brutalité explose, il n’en reste pas moins très pertinent et pour le coup plutôt réaliste. Documenté, Imperium prend son temps pour explorer son univers et tenter de lui apporter un éclairage inédit. Il réussit à moitié mais à au moins a le mérite d’essayer et de quoi qu’il en soit mettre en exergue les rouages de ces groupuscules racistes bâtis comme des sociétés secrètes animées de noirs desseins plus ou moins définis mais toujours motivés par une haine tenace.
Placer un acteur comme Daniel Radcliffe, qui dégage de par son physique mais aussi à cause de ce qu’il représente aux yeux du grand public, dans un environnement aussi éloigné de l’idée que l’on s’en fait, fonctionne à plein régime. Le décalage que cela produit s’avère être l’un des gros points forts d’Imperium, d’autant plus que le réalisateur sait correctement l’exploiter. Un cinéaste qui par ailleurs, fait montre d’un solide savoir-faire, sans pourtant tenter d’en mettre plein les yeux. Proche de son sujet, il se montre très (trop?) scolaire, et s’acquitte de sa tâche avec application.
On sera toujours en droit de trouver le spectacle trop tiède mais au fond, il est aussi d’une certaine façon appréciable de voir qu’ici, le sujet a au moins été traité avec prudence. Ce qui, dans le cas présent, est quoi qu’il en soit respectable.

En Bref…
Film d’infiltration, Imperium colle de près à son sujet. Thriller tendu, il démontre d’une vraie intelligence et d’une certaine compréhension, qui vient le placer à l’opposé des autres films du genre, plus outranciers. Porté par un Daniel Radcliffe dans un des ses meilleurs rôles, il fait le job avec sérieux, et si il ne marque pas les esprits avec la même force qu’un American History X, il sait aussi, à sa façon, souligner de vrais problématiques sans en faire des tonnes.

@ Gilles Rolland

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