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Le jardin mahorais

Par Douxmets
Le jardin mahorais

Je m'appelle Nassrat et j'habite sur la partie centrale de l'île de Mayotte ; minuscule petite île située au sud de Madagascar et qui fait la bise au Mozambique ; c'est là que se rassemblent la plupart des exploitations agricoles car le sol en est fertile.

Chaque jeudi et dimanche notre père nous emmenait dans sa vieille 403 jusqu'à notre jardin mahorais ; avec comme seul déjeuner un morceau de pain et une bouteille d'eau, nous allions passer la journée à l'aider à défricher, planter, tailler et cueillir ; c'était en fait notre garde-manger et les années ou les cyclones nous épargnaient, il parvenait à vendre une partie de sa production ; et nous vivions bien ;

Très fiers de la mission qui nous était attribuée, nous sautions à bas du vieux pick-up et courions telle une nuée de pique-boeuf vers les minuscules parcelles ;

Chacune d'elles était composée d'ambrevades dont les feuilles offraient une nourriture de choix au bétail,

Le jardin mahorais

de plants d'ananas tous les mètres ; un pied de bananier poussait tous les 3 mètres ; c'était un choix particulièrement judicieux car chaque plante se complétait ; pour que le sol se repose, chaque année une culture différente était organisée avec du manioc, du piment.....; on y trouvait aussi la plupart du temps des citronniers épineux porteurs de ces jolis petits citrons verts et toute sorte d'agrumes ; nos " anciens " avaient déjà parfaitement intégré ce que vous appelez maintenant l'agriculture respectueuse.... (On appelle cette technique dite " moderne ", l'agro-écologie ou mieux, l'agro-foresterie...)

Notre jardin mahorais était bordé de cocotiers, de solides manguiers et d'impressionnants jacquiers pour une petite fille comme moi ; nous aimions grimper ramasser tous les fruits... je n'étais peut-être pas la plus agile mais certainement la plus légère pour ramasser les mangues ; les branches des manguiers se brisent comme du verre et la prudence est recommandée ... plus tard, lorsque j'étais plus âgée et plus lourde, Abou et Saïd secouaient simplement les branches....

Maintenant que je suis plus âgée je constate que tous ces jardins disparaissent peu à peu.... population trop importante sur l'île ? main d'œuvre trop onéreuse car les enfants ne souhaitent plus profiter de ce genre de terrain d'aventure ? dévalorisant socialement d'être paysan à l'ère du numérique ?

Ce n'est pas à moi Nassrat, fille et petite fille d'agriculteurs d'en débattre.... venez, je vous emmène pour une promenade dans un jardin mahorais avant l'hivernage.... je suis sure que vous serez conquis !

Dés mon retour à la maison, je cuirai les bilimbis pour en faire un chutney ;

comme les mangues ne sont pas encore mures, les bilimbis les remplaceront ;

la femme de mon cousin en fait de la gelée ; mais elle est toujours tellement acide.... remarquez, c'est normal les bilimbis sont de la famille de la carambole ;

Le jacque que m'a offert le vieux Tarik est tellement gros qu'avec un morceau je ferai un délicieux carry de zébu pour accompagner le chutney et j'utiliserai le reste pour la salade de fruits... à moins que je n'en fasse une glace.... il faudra seulement que je l'utilise rapidement car une fois ouvert, son odeur est tellement pénétrante...

Ici, nous nous dirigeons vers l'été, les fruits ne sont pas encore en pleine maturité, mais aviez-vous déjà vu des cacaoyers ? des arbres à corossol ? un bilimbi ? un arbre à letchi ?

Tenez, c'est cadeau pour éclairer votre journée...

j'ai trouvé par terre de magnifiques cabosses de cacao ;

Le jardin mahorais

lorsque je les ouvrirai le noyau sera délicieux sucé comme un gros bonbon et....

j'aime bien ça !

un grand merci à Dominique P de la D.D.A.F. pour son avis d'expert ; 😉


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