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Des hommes de peu de foi de Nickolas BUTLER

Par Lecturissime
Des hommes de peu de foi de Nickolas BUTLER

Nelson 13 ans passe ses vacances dans le camp de scout Chippewa dans le nord du Wisconsin aux côtés de son père, un homme peu affable. Nous sommes à l'été 62, les camps scouts sont synonymes de camaraderie, veillées au coin du feu, courses d'orientation dans la forêt. En théorie. Mais Nelson a peu de camarades, il reste exclu et cette année-là des soirées clandestines peu orthodoxes ont lieu... Nelson aura des choix définitifs à faire.

Nous retrouverons Nelson à trois étapes de sa vie : en 1962, 1996 et 2019, toujours avec en toile de fond ce camp Chippewa, fondateur des valeurs américaines. Ces différentes étapes mettront en valeur les difficultés d'être père, mari, ami,bon patriote dans une Amérique en pleine mutation.

Si la décence et la générosité sont promues et récompensées : "La récompense est de ne pas avoir à mentir, de n'avoir rien à cacher, de n'avoir honte de rien. Vous n'aurez jamais besoin de présenter des excuses." , suivre une ligne de conduite rectiligne reste difficile.

"Les héros sont toujours gouvernés par le coeur ; les lâches par le cerveau? Ne l'oublie jamais. Les héros ne calculent pas, ne calibrent pas. Ils font le choix du bien." p. 284

Les années 2000 sont l'occasion d'une description assez pessimiste de l'Amérique actuelle :

"Les mariages ne durent pas, personne n'est innocent et les valeurs scoutes, à l'instar des autres valeurs morales, ne représentent au final que des Tables de la Loi archaïques, dont les mots se fondent dans l'obscurité, effacés par les pluies acides,la pierre retournant au sable qui la réduit en particules minuscules, sable à jamais mouvant sous nos pieds." p. 302

Dans un monde chaotique, comment garder la foi dans les valeurs fondamentales transmises par l'armée, le scoutisme ou l'éducation ? Tel est sans doute le sens du titre tiré de l'Evangile selon Matthieu : "Jésus lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Il est souvent difficile de garder la foi...

Ce que j'ai moins aimé : La dernière partie consacrée à Rachel et notamment ce qu'il lui arrive à elle et Nelson semble un peu abrupt. L'auteur utilise cette expérience pour s'interroger sans doute sur le rapport hommes femmes en adoptant ici le point de vue féminin mais cela tombe malheureusement dans la caricature. C'est dommage ...

Bilan : Un magnifique roman profondément humain qui est prétexte à une myriade de questions essentielles : Qu'est ce qui fait de nous des gens bien ? Une belle personne ? Quel est le prix à payer pour être quelqu'un de bien ? A méditer...

Des hommes de peu de foi, Nickolas Butler, traduit de l'anglais (EU) par Mireille Vignol, Autrement, août 2016, 535 p., 23 euros


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