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La fausse mauvaise surprise Trump

Publié le 10 novembre 2016 par Despasperdus

Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis. Voilà un événement qui n'était pas prévu par les spécialistes éclairés et les experts de toutes sortes qui vivent en vase clos.

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Leur modèle américain a une drôle de gueule aujourd'hui. Le pays de l'école de Chicago où ont été appliqués les dogmes du néolibéralisme a élu un oligarque fantasque et raciste. Beau résultat !

Jusques-là, les mêmes experts s’accommodaient de l'insécurité sociale, des jobs mal payés, des inégalités sociales, des ghettos sociaux, de la législation anti-syndicale, des taux d'emprisonnement jamais égalés ailleurs, de l'espionnage, de la torture, et des guerres menées sans interruption par l'empire étasunien depuis 45.

Selon eux, tout allait pour le mieux aux Etats-Unis, modèle économique et bien entendu modèle de la démocratie ! A imiter bien-sûr ! Appliquer nous-mêmes le néolibéralisme et favoriser la mondialisation. Et, instituer des primaires !

La victoire de Trump se comprend dans le contexte politique et économique, plus que dans les explications oiseuses et méprisantes relatives à son électorat, réduit à des ploucs blancs, pauvres, abrutis et sans éducation.

Le pays qui s'est mis le premier au néolibéralisme et aux accords de libre-échange a élu un affairiste que l'on peut classer à l'extrême droite. Il ne vient pas de nulle part. Le Tea party qui a émergé sous Bush Jr. n'était pas un phénomène marginal. Trump a repris en partie les idées du tea party pour séduire en usant de démagogie et de racisme.

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Il appliquera probablement son programme raciste pour tenter de limiter l'immigration, à l'instar de ce que l'on connait en France depuis près de 30 ans, mais d'un point de vue économique, je doute qu'il remette en cause le néolibéralisme et la mondialisation. Par conséquent, la vie des classes populaires et moyennes ne s'améliorera pas. Il permettra aux privilégiés de rester privilégiés en détournant la colère populaire vers les plus faibles, les plus précarisés, essentiellement immigrés : c'est la mission traditionnelle de l'extrême droite

Cette victoire confirme un vieux théorème politique. En l'occurrence, quand l'offre politique est incomplète et la désespérance sociale importante, le corps social choisit le candidat qui représente à ses yeux l'anti-système, même si ce dernier est un oligarque, raciste, antiféministe... plutôt qu'un représentant de la classe politique classique. Soit un vote de ras-le-bol pour renverser la table et en finir avec ce système économique qui réduit à la misère les masses, plutôt que d'adhésion en des idées nauséabondes. On peut analyser le Brexit de la sorte.

Cette victoire exprime le rejet de la classe politique traditionnelle, oligarchique et corrompue qui a imposé les réformes néolibérales, et dont Hilary Clinton est une figure emblématique. Le parti démocrate a choisi cette dernière en entravant Bernie Sanders par tous les moyens. Le parti démocrate a éliminé le candidat qui avait le plus de chances de battre Trump et qui incarnait une sortie du système néolibéral par le haut : la solidarité, la redistribution des richesses, l'égalité sociale, les études et la santé gratuites.

Par ailleurs, il faudrait tirer les leçons de la victoire de Trump. Sans transposer cette élection à l'Europe, et en particulier à la France, on est bien contraint de remarquer que plus le néolibéralisme produit des ravages économiquement et socialement, plus l'extrême droite progresse.

Dans ce contexte, l'élection présidentielle de 2017 risque de propulser la candidate de l'extrême droite à la première place au premier tour de l'élection présidentielle. Peut-on espérer que le candidat de la droite (LR ou PS), s'il est qualifié, l'emportera au second tour ? Pas certain, tant lui aussi, incarnera aux yeux du corps électoral le système politique fossilisé et 30 ans de néolibéralisme, synonyme de chômage, de pauvreté, d'insécurité sociale...

Le seul candidat déclaré qui porte un autre projet de société, susceptible de déjouer les pronostics, s'appelle Jean-Luc Mélenchon. On verra si les médias dominants dits de gauche et la classe politique persistent à le qualifier de populiste, le rangeant ainsi dans le même sac que Le Pen. Parce qu'effectivement, en classant un progressiste et une réactionnaire sous la même bannière du populisme ou des "extrêmes", les tenants du système favorisent cette dernière pour garantir leurs privilèges et bloquer tout changement social majeur. Alors, quoi qu'on puisse penser du personnage et de sa campagne lancée sans l'aval du PCF, Mélenchon constitue probablement la seule chance de sortir du néolibéralisme et d'éviter l'extrême droite au pouvoir.

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