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Semaine OTT : The Crown (2016)

Publié le 12 novembre 2016 par Jfcd @enseriestv

The Crown est une nouvelle série de 10 épisodes qui ont tous été mis en ligne le 4 novembre sur le site de Netflix. Comme son titre l’indique, il est question ici de la couronne d’Angleterre et des premières années au pouvoir de la reine Elizabeth II (Claire Foy), de ses relations familiales et politiques. Création de Peter Morgan, manifestement passionné par le sujet, lui qui a déjà réalisé le film The Queen en 2006, The Crown est assurément l’une des meilleures productions de Netflix à ce jour. Chaque sou investi dans cette production ultra-coûteuse semble bien investi et c’est sans compter une histoire de famille au rythme lent; le secret de son succès.

Semaine OTT : The Crown (2016)

Dei Gratia Regina

L’action commence en 1947 alors que l’Angleterre se remet très lentement de la Seconde Guerre mondiale qui a dévasté une bonne partie de l’Europe et surtout de l’économie. C’est dans ce contexte que la jeune princesse épouse le prince Philip (Matt Smith); ce dernier ne recueillant pas particulièrement la sympathie de l’élite politique.  Après un saut rapide dans le temps qui nous amène en 1951 et deux héritiers au compteur (Charles et Ann), le premier ministre Churchill (John Lithgow) effectue un retour en politique et le roi George VI (Jared Harris) est toujours aussi populaire, mais la santé de ce dernier se détériore à un rythme effrayant.  Dans le second épisode, il demande à sa fille et son mari d’aller faire le tour du Commonwealth à sa place, le Kenya étant l’une des destinations à l’horaire. Pendant ce temps, il rend son dernier soupir et tout le pays est en émoi. C’est donc en tant que souveraine qu’Elizabeth regagne son pays et les difficultés commencent à poindre. La femme doit s’effacer derrière le personnage le plus important de l’État qu’elle incarne, ce qui lui vaut une certaine animosité de la part de son mari puisque le parlement refuse que leurs enfants portent son nom et qu’ils doivent dire adieu à Clarence House, leur résidence « privée » pour Buckingham Palace.  Entre-temps, David (Alex Jennings), l’ex-roi qui a abdiqué en 1936 rentre au pays pour les obsèques, mais doit subir l’animosité de sa famille tandis que Margaret (Vanessa Kirby), la jeune sœur de la reine s’est amourachée de Peter Twonsen (Ben Miles), un aide de camp marié.

Semaine OTT : The Crown (2016)

À 10 millions $ par épisode, The Crown ne nous offre pas que du tape-à-l’œil. Certes, les recréations d’époque qu’il s’agisse de costumes ou de décors sont dignes d’un long métrage, mais le scénario vient égaler amplement cette magnificence. C’est qu’on ne se contente pas seulement de revenir sur les moments marquants du règne; en fait, la (future) reine n’est qu’un des personnages principaux de la série dont l’éducation, l’héritage et la charge ne cessent de nous fasciner. George VI n’est pas que l’incarnation de la victoire contre Hitler : c’est un homme de famille aimant et discret qui subit sans se plaindre un corps qui le lâche prématurément. Quant à sa mère la reine douairière Mary (Eileen Atkins), parangon de la vertu, elle est aussi la plus au faîte de la fragilité des régimes, elle qui a vu les monarchies d’Europe s’écrouler les uns après les autres. Les Windsor étant l’une des seules familles régnantes encore sur son trône, son aura est encore intacte, mais on a toujours l’impression qu’à la moindre gaffe son crédit peut s’écrouler comme un château de cartes.

Si l’époque, les mœurs et le vent de changement nous sont si bien rendus, c’est en partie en raison du rythme lent hypnotise notre attention. On est en effet bien loin de séries comme The Royals qui reprenaient tous les clichés possibles afin de faire parler d’elle et de s’attirer un public trop facilement acquis. À l’opposé, les incorruptibles de Donwton Abbey ne seront pas trop dépaysés dans le sens où une simple phrase bien tournée a bien plus d’impact qu’un crêpage de chignon et quelques vases cassés. On prend donc notre temps dans ces épisodes d’environ 60 minutes qui nous offrent tous des portraits, tel un casse-tête, de cette famille hors du commun. Ainsi, dans l’épisode #3, les retrouvailles glaciales de David avec sa mère et plus émotives avec sa nièce nous fournissent lors d’un splendide montage un parallèle intéressant avec une histoire d’amour qui se répète : celle de Margaret et de Townsen.

Semaine OTT : The Crown (2016)

Une anthologie en construction

Netflix a déjà annoncé qu’une seconde saison de The Crown était en chantier, mais à plus long terme, Peter Morgan a un plan bien défini quant à sa série royale. En effet, six saisons au total sont prévues, chacune se penchant sur une décennie de règne. Logiquement, il ne faudra pas trop s’attacher aux acteurs puisque Claire Foy et Matt Smith seront remplacés dès la troisième et la quatrième saison et les acteurs choisis devront aussi s’effacer pour les deux derniers opus. En tous les cas, si l’auditoire de The Crown est aussi nombreux que les critiques positives, le projet de Morgan pourrait bien arriver à terme.

En attendant, des séries comme celle-ci ou The Collection d’Amazon mise en ligne au début de l’automne et se penchant sur l’évolution d’une maison de haute couture dans l’après-guerre à Paris viennent sérieusement concurrencer les productions historiques anglaises. Celles-ci, bien que brillant partout à l’étranger, ne disposent pas des sommes faramineuses de ces deux géants qui n’ont de compte (ou d’impôts) à rendre à personne. Éventuellement, les effets sur la prolifique télévision anglaise ne pourront que se manifester. C’est qu’un récent article de Digital TV Europe nous apprenait que 27 % de la population anglaise était abonnée à un service de vidéo sur demande, soit, 13,9 millions d’abonnés. À lui seul, Netflix peut en revendiquer pas moins de 12,4 millions et Amazon 6,7. Qui plus est, 43 % du total de ces abonnés (incluant aussi les services Sky Go et Now TV) ne s’abonnent plus à la télévision traditionnelle, dite linéaire. Conséquence : moins de redevances à l’État et moins de productions locales. Gageons que la coexistence inégale de ces deux modèles atteindra bientôt son apogée et c’est tout le système de l’audiovisuel qui devra se réinventer.


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