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Quand les lecteurs de Babelio rencontrent Dominique Sylvain

Par Samy20002000fr

Imaginez des néons éblouissants, d’innombrables affiches aux couleurs flamboyantes et une multitude de petits bars sombres où le champagne coule à flot… Vous y êtes ? Bienvenue à Kabukicho, le Pigalle japonais, dans lequel se sont projetés les lecteurs de Dominique Sylvain, l’auteur du roman éponyme, publié chez Viviane Hamy. Le mardi 8 novembre dernier, intrigués par cet étrange quartier japonais, les lecteurs sont venus rencontrer la célèbre auteur de polar dans les locaux de Babelio.

À la nuit tombée, Kabukicho devient le quartier le plus sulfureux de la capitale nipponne. Au cœur de ce théâtre, les faux-semblants sont rois, et l’art de séduire se paye à coup de gros billets. Deux personnalités entrent en jeu : Yudai, dont les clientes goûtent la distinction et l’oreille attentive, et Kate Sanders, la plus recherchée des hôtesses du Club Gaïa, l’un des derniers lieux où les fidèles apprécient plus le charme et l’exquise compagnie féminine que les plaisirs charnels.

Pourtant, sans prévenir, la jeune femme disparaît. Le piège de Kabukicho s’est-il refermé ?

Entre mensonges et pseudo-vérités, il sera difficile de démêler les fils d’une manipulation démoniaque ; pour le plus grand plaisir du lecteur.

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Nuits nippones

Il suffit parfois d’un rien pour faire poindre l’idée d’un roman chez un écrivain. Pour Kabukicho, c’est une phrase prononcée lors d’un reportage qui a initié son écriture : “J’ai vu il y a longtemps un reportage très intéressant sur un hôte japonais à Osaka, qui racontait les coulisses de son métier. A force de flatter ses clientes nuit après nuit, ce dernier expliquait que le mensonge lui faisait perdre pied : quelquefois, il ne savait plus très bien qui il était. En entendant cette phrase, je me suis dit qu’elle pourrait être l’occasion d’un roman à propos de l’identité.” Il n’existe pas de véritable équivalent de ces hôtes japonais en France puisque pour ces derniers, le sexe n’est absolument pas obligatoire et qu’il n’est donc pas question de prostitution : les femmes viennent se faire complimenter et cherchent à entretenir d’intéressantes conversations, un peu à la manière des geishas. “Cela faisait 20 ans que je n’avais pas écrit sur le Japon et je tenais à y situer celui-ci. Lorsque j’ai découvert cet aspect de la nuit japonaise, j’ai créé mes personnages et me suis lancée. “

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La nuit du mensonge

D’une traite, voilà comment Dominique Sylvain souhaite que ses lecteurs lisent son livre : “Je voulais qu’ils entrent dans la nuit de Kabukicho et n’en sortent qu’à l’aube. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y a pas plus de trois personnages principaux, afin de fluidifier au maximum le roman.” L’intrigue du roman est par ailleurs inspirée d’une affaire criminelle réelle : “Je me suis intéressée au cas Lucie Blackman, une jeune hôtesse de l’air anglaise criblée de dettes, expatriée au Japon afin d’y devenir hôtesse et assassinée par un mystérieux tueur. Cette affaire a été résumée dans un ouvrage dont la lecture m’a beaucoup aidé pour la rédaction de Kabukicho.”

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Le roman de soi

Interrogée sur ses sources d’inspiration, l’écrivain française explique que l’état d’esprit de l’auteur influence selon elle grandement l’écriture d’un roman. En effet, l’écriture de Kabukicho, roman qui traite de l’identité, s’est apparentée pour elle à un exercice schizophrénique : “L’intégralité du roman tourne autour de la question de l’identité. Cela est dû au fait que je me trouve aujourd’hui dans une période de ma vie où je me questionne beaucoup sur ce que je fais. Je suis depuis quelques temps éminemment touchée par les histoires de réel, de fiction et tous ces états d’âmes se retrouvent dans mon roman.”

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Légitimité

Si les protagonistes du roman de Dominique Sylvain sont majoritairement européens, alors même que son roman se déroule au Japon, c’est pour des raisons de légitimité : “Je ne me permettrai jamais d’écrire un roman composé uniquement de narrateurs japonais ; mes personnages français sont là pour me légitimer. Je ne peux pas parler à la place d’un Japonais que je ne suis pas. Je déteste ces auteurs qui se permettent de s’accaparer une culture, je prends donc garde de décrire mes personnages avec le plus grand réalisme possible.” Cependant, de ce réalisme, Dominique Sylvain s’autorise parfois à s’en affranchir : “J’aime quand mes personnages sont défoncés ou saouls, parce qu’ils me permettent alors quelques paragraphes de poésie. J’aime ajouter des moments lyriques à mes romans noirs, malgré l’intrigue, afin de faire des pauses. Bien sûr, un roman ne doit pas être entièrement fait de poésie, mais j’aime me le permettre, je trouve cela très amusant.”

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Polar pour tous

Si Tokyo est si présent dans l’oeuvre de DS, c’est loin d’être un hasard :  cette ville, elle la porte dans son coeur : “Il faut admettre que j’ai toujours aimé Tokyo, c’est pour moi la ville ultime. Paris, Londres, Rome, sont pour moi des villes musées. Tokyo au contraire est ultra moderne ; j’aime son esthétique à la Blade Runner. C’est une ville vraiment très inspirante. Les Japonais détruisent avec une incroyable facilité car chez eux, un building des années 80 est déjà une antiquité. Je trouve magnifique la façon qu’ils ont d’embrasser la modernité tout en conservant leurs traditions.”

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Le swing du polar

Cela fait désormais plus de vingt  ans que Dominique Sylvain écrit des romans policiers : “J’ai écrit beaucoup de polars parce que j’aime en lire mais aussi parce que ce genre correspond le mieux à mon projet.” Pourtant, Kabukicho s’apparente davantage à un roman noir qu’à un polar. A ce sujet, Dominique Sylvain s’explique : “J’ai ressenti une sorte de lassitude à l’abord de ce nouveau roman. Je ne voulais pas mettre en scène de policiers traditionnels ni créer une enquête classique où l’on découvre le meurtrier à la dernière page. J’apprécie les genres du polar et plus largement du roman noir mais je dirais pour ma part qu’il s’agit plutôt, avec Kabukicho, d’une enquête dramatique.” Plus encore que l’aspect contemporain du polar, c’est aussi son cadre qui a poussé l’écrivain à s’y consacrer : “C’est un peu par peur que je me suis orientée vers le roman. J’ai toujours été effrayée par la littérature générale car tout y est possible. Le genre du polar possède quant à lui un cadre et fait appel à certaines règles. Tout en me sentant assez libre de détourner ces règles en intercalant une scène lyrique ou drôle dans mes intrigues, je me sens rassurée par ce cadre.”

Suite à cet échange riche en questions et considérations sur le monde japonais, la soirée s’est poursuivie par une séance de dédicace pendant laquelle les lecteurs ont pu profiter d’un verre de l’amitié pour échanger plus amplement sur leur analyse du roman.

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Retrouvez Kabukicho de Dominique Sylvain, publié chez Viviane Hamy.

Découvrez l’interview vidéo de la rencontre :


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