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Il fut un thon

Publié le 19 novembre 2016 par Paulo Lobo
Il fut un temps.
Je voulais fixer les choses, tout ce qui me touchait et me tirait de l'ordinaire. Je notais mes impressions et mon jugement, j'attribuais des notes, je faisais ma petite cuisine comme un grand, tout seul dans mon coin, cloîtré et emphatique.
Mais maintenant, qu'est-ce que ça peut faire?
Qu'est-que ça peut faire ? (changement de ton)
Qu'est-ce que ça peut   me   faire?
Qu'est-ce que ça peut   vous   faire?
Comment goûter à l'instant présent, faut-il penser qu'il est éphémère et que bientôt tout ne sera que souvenir et poussière, faut-il anticiper, quand on se sent heureux, la tristesse qui ne manquera pas d'arriver, tel le crépuscule d'une belle journée d'automne ? Faut-il être conscient du caractère volatile du bonheur pour pouvoir le déguster à gorge déployée ? Mais si le chagrin prévisionnel teinte de son ombre amère la jouissance de l'instant, ne suis-je pas en train de pervertir le sens de mes jours, ainsi que l'insouciance béate que je dois à tous ceux qui m'entourent ?
Je suis habité par des sentiments contradictoires; d'un côté, le plaisir d'être vivant, d'aimer, de me sentir aimé, de boire, de manger, de sauter, de rire et de chanter; d'un autre côté, la hantise de la finitude des choses.
Et ce temps, ce temps, qui n'arrête pas de couler, un robinet qui fuit, que je n'arrive pas à retenir, qui laisse filer des gouttes et des gouttes incessantes, impitoyables, chrono-logiques.
La liberté est un bien chéri. Ma liberté est relative. Elle ne tient qu'à un fil. Un fil qui peut être coupé par le premier venu.
Vis chaque jour comme si c'était ton dernier sur terre.
Et ensuite? La mort, le sommeil infini, la terre muette et obscure.

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