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La valeur travail

Publié le 28 août 2016 par Gauchiste

Il m'arrive d'entendre à la radio, ou de lire dans des articles, qu'il y aurait une « valeur travail » à défendre.

Depuis le temps que les médias le rappellent, tout le monde sait que « travail » vient du latin « tripalum » qui signifie « torturer », et si je peux admettre des glissements sémantiques, élever le travail au rang de valeur flaire bon le piège à chômeurs.

Le travail, s'il est choisi par une minorité heureuse, reste au départ une soumission. En effet, il ne viendrait à l'idée de personne de faire payer un tiers pour une activité qui le rend heureux et le satisfait pleinement. En fait, il s'agirait même du contraire : on serait généralement prêt à payer pour ce genre d'activité heureuse : on parle alors de loisirs.

Le travail est donc censé être au moins désagréable (quitte à l'être le moins possible). Les travailleurs heureux ont trouvé le moyen d'arnaquer leur patron (ou leur client), car ils seraient prêts à travailler gratuitement, juste par plaisir. Ceux qui prétendent aimer leur travail estiment simplement qu'ils s'en tirent à bon compte, sachant à quoi ressemble le travail des autres.

C'est donc bien là que l'on renoue avec les racines latines de notre mot « travail » : personne n'est prêt à travailler gratuitement. Ou alors, on parle de bénévolat, la récompense venant soit de l'activité elle-même, soit d'éléments périphériques (rencontrer du monde, se rendre utile, servir une cause...).

Mais dans tous les cas, le travail lui-même ne vaut rien. Seul son produit a une valeur pour soi ou pour autrui. Ce n'est pas le travail que l'on vend, mais le produit de ce travail. C'est pourquoi on entend plus généralement parler de la valeur DU travail. Car un travail peut apporter un résultat de valeur : une construction, une invention, une production, un service, une aide quelconque...

Le glissement est pernicieux. Car passer en douce de la « valeur DU travail » à la « valeur travail », c'est occulter l'utilité de ce que l'on fait, et prétendre à la noblesse de la fatigue, fût-elle stérile. C'est retirer toute la valeur DU travail ! C'est rendre l'ouvrage insipide. C'est abêtir le travailleur dans l'idée qu'il soit fier en niant toute la finalité de sa besogne.

Non ! Le travail n'est pas une valeur. Il arrive même que le travail n'aie pas de valeur. Je n'accorde aucune valeur à un travail qui serait nuisible par exemple (ils sont nombreux).

En revanche, je veux bien considérer l'oisiveté comme une valeur à défendre. Car elle permet d'économiser de précieuses ressources naturelles et permet l'apaisement.


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