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Cet albinos, mon ami

Publié le 30 novembre 2016 par Dress @lamouka_blog

On vit dans une société tellement mauvaise qui a fait de nos différences des tares, créant en nous une gêne quelque fois éternelle.
L’une de ces tares est l’albinisme
Je me trouve encore méchante, quand je pense à toutes ces fois où je regardais l’albinos de travers, toutes les fois où je changeais d’itinéraire parce que je croisais un « ndundu » sur mon chemin, il était si blanc et moi si noire, il était si différent que je me croyais trop normale.
Les notions sont relatives. L’humanité dont on aime si souvent parler commence par-là : accepter l’autre sous toutes ses formes.
VEN est albinos, je l’ai connu depuis deux ans, je me rappellerai toujours de la première fois où je l’ai touché, je n’y croyais pas, j’avais tellement peur, cette peau pourtant aussi normale que la nôtre me paraissait aussi bizarre que de voir un singe s’accoupler avec un lion.
Je m‘en veux aujourd’hui d’avoir fait en sorte que cet albinos se remette en question à cause de ma méfiance
La méfiance, oui pourtant innocente au début finit désormais par causer du tort, finit désormais par être nocive
C’est une histoire folle
J’avais envie d’aimer cet albinos, mais entre nous ça ne se commande pas. Je me suis contentée d’être son amie, la meilleure, je voulais comprendre, je voulais cerner, je voulais toucher, je voulais étancher ma soif,
Cet albinos devrait être mon ami, j’en avais besoin, je devrais briser mes complexes, je devrais le regarder normalement, mais je n’avais pas envie de travailler ces facultés, je voulais que ce soit tout à fait normal, un peu comme quand on craque pour le ténébreux chocolaté.
Il a fallu que je me jette à l’eau, VEN était albinos, c’était sa race mais ça ne le faisait pas, je suis noire, c’est ma race, mais je ne fais pas noire, comprenez ma logique, je trouverai ça déplacé qu’on me résume à ça, qu’on me résume à cette mélanine très prononcée, ça me gênerait.
VEN n’est pas que l’albinos, c’est un homme, je ne voulais pas être étonnée de me rendre compte qu’il faisait l’amour, je ne voulais pas être étonnée qu’il drague ou qu’il me dise qu’il a envie de m’embrasser, je voulais être capable de le repousser parce que c’est un homme et non un albinos.
Je voulais être son amie, parce qu’il était sympa et non albinos, je voulais marcher avec lui sans que les gens me regardent du coin, non je n’avais pas honte de lui, j’avais honte pour l’humanité qui se meurt un peu plus chaque jour, cette humanité qui se prône humaniste, elle n’existe pas, ce n’est qu’un leurre.
Je le sais parce que je suis moi-même victime de ce système, ce système a failli me pourrir, j’ai résisté, je me suis relevée ; les séquelles sont là, elles ne disparaissent jamais complètement, elles sont dans un coin, on décide de les ignorer elles font semblant de s’en aller, mais elles sont là, au fond du cœur pigmenté de l’albinos, au fond du cœur maigre de cette fille chétive que tu harcèles, au fond de ce cœur énorme de la grosse, au fond de ce cœur sombre pour la fille trop noire à ton goût que tu as surnommée fille goudron.

Oui ils sont là, l’albinos, c’est le gros, le pauvre, l’idiot, l’albinos c’est tous ces qualificatifs que tu utilises pour dénigrer l’estime de soi des personnes autour de toi.

L’humanité est un leurre, parce qu’en réalité c’est toi c’est moi, c’est toutes ces bonnes actions, c’est tous ces mots gentils, c’est toutes ces belles attitudes, c’est tout cet espoir qu’on peut redonner.

On a tous été albinos d’une manière ou d’une autre, ils ont tous une fois fait de notre petite différence la plus grande tare de l’humanité.

Soit l’humanité ! Redonne un brin d’espoir

Dave

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