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Interview d'alejandro valverde

Publié le 22 juin 2008 par Cyclisman
Alejandro Valverde est très attaché à sa région (la région de Murcie) et donne régulièrement des interviews pour le journal local, LaVerdad. Il parle alors souvent en toute franchise, encore plus en tout cas que dans les grands journaux espagnols comme Marca ou As.

L'espagnol a donc pu profiter de son retour chez lui, après le Dauphiné et avant le Tour, pour répondre aux questions du journaliste de ce journal, et même plus : le murcian a accepté de donner ses impressions, après chaque étapes du Tour, sur le site laverdad.es !
On retrouvera probablement également ses commentaires quotidiens sur le blog de la Caisse d'Epargne, comme au Dauphiné Libéré ; on ne manquera donc pas d'informations sur Alejandro !

En attendant le Tour, voici donc un interview de Valverde trouvé sur le site de LaVerdad et traduit par moi-même de l'espagnol. Au «Cuando eres padre arriesgas menos»programme de l'interview : le Tour de France bien entendu, le dopage, la paternité et même la politique, où Alejandro, prudent, ne "se mouille" pas du tout :

Alejandro Valverde a l'air près pour la Grande Boucle. Très affuté - un peu plus de 61kg- on sent qu'il a hâte que le Tour commence, lui qui le disputera pour la quatrième fois de sa carrière. Il arrive fièrement accompagné de son Pinarello, pesant seulement 6kg800g :

"A moins de deux semaines du départ du Tour, es-tu nerveux, as-tu des doutes ?
_Nerveux, oui, mais c'est normal pour une course aussi importante que le Tour. Néanmoins, avec ma victoire au Dauphiné, je suis plus tranquille et j'ai moins de pression. Avec les victoires que j'ai déjà eu cette saison, j'arriverai plus serein que l'an passé au départ.

Justement, cette victoire au Dauphiné fait de toi un des favoris à la Grande Boucle. Cette "pancarte" gêne généralement les sportifs, mais toi tu n'as l'air stressé du tout.
_Ce n'est pas la première saison que je suis un des favoris
d'une compétition. Parfois, même si je sais que je ne gagnerai pas, les journalistes me donnent favori, et au bout d'un moment, on s'y habitue.
En tout cas, le Tour est une course très difficile, avec de nombreux prétendants au maillot jaune, donc bien que je fasse parti des favoris, je sais que je ne suis pas le seul à vouloir gagner l'épreuve.

Cela ne t'angoisse pas de devoir toujours gagner ?
_J'ai beaucoup de responsabilités et de pression, c'est vrai. Je me donnerai de toutes façons au maximum en juillet, et on ne pourra pas donc m'en demander plus.

Tu as abandonné le Tour deux fois sur blessures, mais tu as réussi à y remporter une étape, devant Lance Armstrong, qui t'avait d'ailleurs féliciter juste après. Quels souvenirs as-tu de cette victoire ?
_Ce jour-là m'a fait aimé encore plus le Tour et m'a surtout fait prendre conscience de mon potentiel sur l'épreuve française. J'ai alors compris que je pouvais faire encore mieux qu'une victoire d'étape, mais par la suite je n'ai pas pu réellement me battre pour la victoire finale, avec mes deux abandons ; l'an dernier, je n'étais pas trop mal, mais j'ai fais un mauvais chrono où j'ai perdu pas mal de temps, même si je me suis encore battu après pour le général.
Cette année, j'arrive avec des ambitions, c'est clair.

As-tu passé beaucoup de temps à t'améliorer dans les chronos ?
_Je me suis entrainé autant que l'an passé, mais j'ai un an d'expérience en plus, et je peux vous assurer que cela joue également beaucoup. De plus, cette année il n'y a pas, dans les favoris, de grand spécialiste de la discipline qui aurait pu me prendre beaucoup de temps.

Pereiro et Contador sont les deux derniers vainqueurs du Tour. Ces deux coureurs, qui sont en théorie moins forts que toi, ont quand même réussi à remporter l'épreuve. Cela te motives plus, cela te crée-t-il de l'anxiété ?
_Non, pas du tout ; je suis très content qu'ils aient gagné car ils sont quand même espagnols.
Pereiro est un grand ami, et ça a été une grande joie lorsqu'il a remporté le Tour, même si je m'étais cassé la clavicule cette année-là. Contador avait également les capacités pour gagner le Tour, et cela ne m'a donc pas étonné qu'il y réussisse l'an passé.
Je ne me trouve pas dans une situation inconfortable, car même si je n'ai pas encore gagné le Tour, il me reste de nombreuses saisons pour le remporter ; il faut de plus également se rappeler que j'ai remporté d'autres belles courses.

Interview d'alejandro valverde

Tu te vois donc comme un futur vainqueur du Tour ?
_Oui, je crois que j'ai les capacités de le gagner. Mais c'est clair que pour cela, il faudra une série de circonstances favorables : en plus d'être fort, il faudra avoir de la chance et n'avoir aucuns soucis, de santé par exemple.

Tu as déjà un beau palmarès, mais tu vis dans un pays où gagner des classiques n'est pas reconnu à juste titre ; seul une victoire dans un Grand Tour te donnerai une reconnaissance maximale. Cela te parait-il juste ?
_En Espagne, la culture pour les classiques n'existe en effet pas, contrairement à la Belgique par exemple où remporter une classique, c'est comme gagner le Tour. Ce sont des cultures très différentes. Je sais qu'en Espagne tout le monde attend de moi que je remporte un Grand Tou. J'ai fait de très bonnes places à la Vuelta, j'ai fini 6e du Tour, quand au Giro je n'y suis jamais allé, mais c'est vrai que moi aussi je souhaite remporter un Grand Tour, le premier dans ma carrière.

Et le Giro, penses-tu le disputer un jour ?
_C'est une belle course mais elle n'est jamais rentré dans mes plans. Peut-être que je le ferais un jour, mais pas avant plusieurs saisons."

Alejandro Valverde parle déjà comme les "stars" : il essaye d'être politiquement correct, a recourt fréquemment aux phrases toutes faites, et on dirait qu'il répond comme le souhaite ses représentants. Nous n'aurons donc pas de grosses surprises dans cet interview, mais espérons qu'Alejandro nous surprendra sur le Tour !

"Continues-tu de t'entrainer avec ton groupe d'amis lorsque tu es à Murcie (le groupe est hétérogène car il est formé de cyclotouristes, de coureurs amateurs et de quelques professionnels) ?
_Oui, évidemment, il faut s'entrainer, mais je m'entend très bien dans ce groupe et je m'arrange pour m'entrainer avec eux. Lorsqu'ils partent s'entrainer à 10h, je part à 8h pour faire 60 km de plus. Et si un jour ils ne s'entrainement pas, ce n'est pas grave, je m'entraine tout seul.

C'est important pour toi que conserver ce lien affectif avec tes amis de Murcie ?
_Oui, j'ai gardé les même amis. Je ne crois pas que je devrais changer parce que je suis connu...

Comment te sens-tu lorsque l'on t'accuse de dopage, comme l'UCI l'a fait l'an passé ?
_Le cyclisme n'est pas dans ses meilleures années, et je crois que parler tout le temps du dopage n'est pas bon pour notre sport, ansi je pense qu'il vaut mieux ne pas en parler.

L'UCI ne t'a pas aidé l'an dernier pour le Mondial, même si tu as finalement pu disputer l'épreuve. Ces moments furent-ils les plus durs de ta carrière ?
_Je n'ai jamais perdu la motivation de m'entrainer, mais c'est vrai que ce n'étais pas facile à vivre. Cette année, je suis beaucoup plus serein, et les résultats sont au rendez-vous.

Mais tu étais également serein l'année passé...
_J'étais serein parce que je savais que les accusations n'étaient pas fondés, mais cela m'a fait mal d'être accusé de dopage alors que j'étais innocent et que je ne pouvais pas le prouver. Heureusement, cela s'est bien terminé, et j'ai pu me reconcentrer sur mes entrainements, grâce notamment à ma famille et également à Antonio et Paco [ses agents].

Le dopage est-il généralisé dans le cyclisme ? Avez-vous déjà vu un acte de dopage ?
_Non, jamais. C'est sûr que cela existe, dans le cyclisme comme dans les autres sports, car il y a bien des contrôles positifs, mais il y a moins de dopés dans le vélo que dans les autres sports. Simplement, on est plus contrôlé, alors il est normal qu'il y ai plus de cas de dopage.

Aimes-tu d'autres sports, et les pratiques-tu ?
_J'aime globalement tous les sports, et particulièrement les sports méchaniques [Alejandro est un passionné de voitures, et grâce à son excellent salaire - c'est le cycliste le mieux payé du peloton, faut-il encore le rappeler- il n'hésite pas à s'acheter de très belles voitures, derniers cris bien entendu]. Je n'ai néanmoins pas beaucoup le temps de faire d'autres sports que le cyclisme durant la saison, mais durant l'hiver je fais de l'entrainement complémentaire, comme la course à pied et la natation, et je vais parfois au gymnase.

Qu'aimes-tu dans le cyclisme, un des sports pourtant les plus exigeants et qui demande beaucoup d'entrainement ?
_Mon père était passionné de cyclisme et c'est comme cela, étant assez jeune, que j'ai découvert ce sport.

Cela fait 16 ans qu'Indurain a arrêté sa carrière. Vous souvenez-vous de ses 5 sacres ? Etes-vous capable de réaliser cet exploit ?
_Je m'en souviens très bien, et avec Pedro Delgado, ce furent mes deux idoles espagnoles.

A qui t'identifies-tu le plus : Indurain ou Delgado ?
_J'aimerais que l'on se souvienne de moi comme un coureur qui a toujours fait tout ce qu'il a pu et qui a tout donné pour ses supporters. Je ne me compare à aucun des deux; je crois que je suis différent.

Tu es jeune, tu as du succès dans le cyclisme, tu as beaucoup d'argent, alors que souvent les personnes de ton âge vivent encore chez leurs parents et ont du mal à trouver un logement : es-tu conscient que tu es privilégié ?
_Oui, j'en suis bien conscient mais j'ai du faire des sacrifices pour en arriver là. Quand j'étais plus jeune, j'aurais aimé au moins faire la fête avec des copains mais je ne pouvais pas. Ma situation est maintenant assez bonne, et je vois les difficultés qu'ont certains de mes amis à s'acheter une maison ou une voiture. Ce n'est pas toujours facile pour tout le monde, j'en suis bien conscient.

Tu es maintenant père ; vois-tu la vie de la même manière ? Penses-tu à ta famille lorsque tu grimpe des cols à 90km/h avec un vélo d'à peine 7 kg ?
_Evidemment, je pense beaucoup à ma famille, et encore plus étant père bien sûr. Je prends moins de risque. Quand on est en course, il y a toujours des risques, mais je fais plus attention maintenant. Avant je faisais tous les sprints, comme Petacchi ou les autres sprinters. Mais maintenant je ne me le permet plus, j'ai un peu plus peur et de respect pour ma famille.

Es-tu préoccupé du monde qui attend tes fils ?
_Non, franchement non. J'essayerai de les aider et de les conseiller du mieux possible et de les mener vers le meilleur chemin pour se lancer dans la vie.

Quand tu lis un journal ou écoutent les infos à la radio ou a la télévision, qu'est-ce qui t'indignent le plus ?
_Je n'aime pas regardé le journal télévisé, cela me rend nerveux. J'essaye de me maintenir un peu à l'écart de tout cela.

As-tu des préférences politiques, suis-tu l'actualité, les débats ?
_Je suis un peu l'actualité, mais question politique je ne soutiens personne en particulier.

Que demandes-tu à un parti politique pour voter pour lui ?

_Surtout qu'il essaye de faire bien les choses et qu'il accomplisse ses promesses.

Ton père a été camionneur ; comprends-tu les revendications des camionneurs actuellement ?

_Je les comprends évidemment. Tous les prix augmentent sauf le transport. Le gasoil est plus cher que l'essence, et je comprends certaines protestations, oui.

Le week-end dernier, il y a eu à Murcie une manifestation de cyclistes, roulants nus, qui demandaient devantage de voies cyclistes dans la ville et plus de sécurité et de protection pour les cyclistes sur la route. Partages-tu leur opinion ?
_Oui, tout à fait, je suis toute la journée sur la route et crois qu'il est très important d'avoir une voie pour les cyclistes pour pouvoir rouler tranquillement."

source : LaVerdad.es

Petite info concernant Alejandro : il a gentiment fait un tour avant-hier à la Vuelta Ciclista Vegas de Granada (en espagnol, bien sûr !), qui se déroulait ses derniers jours. Cela lui a sans doutes rappelé de bons souvenirs puisqu'il avait lui-même remporté l'épreuve il y a...10 ans tout rond, en 1998 !

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