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Shooter (2016) : mauvaise cible

Publié le 07 décembre 2016 par Jfcd @enseriestv

Shooter est une nouvelle série de 12 épisodes diffusée depuis la mi-novembre sur les ondes de USA Network aux États-Unis et Bravo au Canada. Le personnage principal Bob Lee Swagger (Ryan Philippe) est un militaire et l’un des meilleurs tireurs d’élite « du monde. Désormais à la retraite, il aspire maintenant à la tranquillité dans sa maison isolée dans les bois aux côtés de sa femme Julie (Shantel VanSanten) et de leur petite fille Mary (Lexy Kolker). Son devoir patriotique s’éveille en lui lorsqu’Isaac Johnson (Omar Epps), un ancien collègue désormais agent des services secrets à Wahsington fait appel à son expertise afin d’empêcher un possible attentat contre le président américain. Mais voilà que dans un retournement de situation majeur, il passera de la position de traqueur à traqué. Série adaptée du film éponyme de 2007, lui-même inspiré du roman Point of Impact de Stephen Hunter, Shooter, peut compter sur un rythme effréné et assez de retournements de situation pour que l’on donne la chance au coureur. Au-delà de cette histoire somme toute très classique, mais bien rodée, c’est surtout le contexte de diffusion qui retient l’attention et qui reflète bien le résultat des dernières élections à la Maison-Blanche.

Shooter (2016) : mauvaise cible

Un tabou d’actualité

Au départ, Bob Lee est engagé pour empêcher un tueur à gages d’assassiner le président à une date bien précise. Il se cerne les alentours du futur attentat, examine les angles rendant possibles son exécution, mais le jour J, il réalise qu’il s’est trompé et se rue au lieu repéré afin d’empêcher le meurtre. Peine perdue, il s’agissait d’un guet-apens fomenté par Isaac et ses complices afin de faire porter le chapeau à Bob Lee. Pendant ce temps, un coup de feu retentit et tue par erreur le président ukrainien en visite officielle à Washington. Le protagoniste qui devait être assassiné le jour même est arrêté et mis dans une prison à sécurité maximale. Isaac et sa bande ne sont pas rassurés pour autant et cherchent définitivement à l’éliminer, mais après s’être retrouvé toutes ces années dans des situations hautement plus périlleuses, Bob Lee parvient à s’évader au second épisode.  En cavale, il réussit cependant à amasser des éléments de preuve non négligeables et il peut compter sur le soutien de Nadine Memphis (Cynthia Addai-Robinson), une agente du FBI qui ne cesse d’accumuler les incongruités dans la version de son acolyte Isaac. À la fin du troisième épisode, la police est certaine d’avoir abattu notre héros, mais il s’agissait en fait de la carcasse d’un animal. Désormais, Bob Lee a les mains libres pour enquêter à sa guise, sa quête se résumant en ces mots simples à Nadine : « Let’s hunt ».

Shooter (2016) : mauvaise cible

Pour le meilleur ou pour le pire, le sujet de Shooter et sa diffusion occultent presque son scénario. C’est qu’au départ, la série devait être amorcée à la mi-juillet 2016, mais en raison de la fusillade survenue à Dallas ayant fait 5 morts et 6 blessés deux semaines plus tôt, USA Network a décidé de reporter la diffusion au 26 juillet. Sur ces entrefaites, une autre fusillade a eu lieu dans la ville de Bâton Rouge en Louisiane, si bien que la chaîne a déprogrammé temporairement la série jusqu’à ce qu’elle arrive finalement sur nos ondes très tard dans la saison automnale. Certes, la sensibilité du diffuseur en lien avec les cimes abjectes perpétrés est digne de mention, mais en même temps, c’est à se demander si on ne s’est pas trompé de cible dans toute cette histoire. En effet, il y a de la violence dans Shooter, mais elle est justifiée dans le sens où les armes à feu sont au cœur du récit, presque un personnage en soi. D’ailleurs, le pilote s’ouvre avec cette voix hors champ : « A bullet will kill you three ways (…) Like a marionette with the strings cut, you’re dead before your brain can process what happened. Guns change everything, and a bullet is forever. » Ensuite, le personnage principal qui a été sur le terrain au cours de guerres atroces sait que les armes à feu ne sont pas des jouets et fonctionne presque avec un code d’éthique lorsqu’il en a en sa possession. Le meilleur exemple est la première scène alors qu’il chasse. Il tombe sur un loup dont la patte est prise dans un piège. Il refuse de lui tirer dessus parce que ce n’est pas « loyal » et s’en prend à deux autres chasseurs qui voulaient traquer l’animal. Au troisième épisode, une fois évadé de prison, il a l’occasion de tuer Johnson, mais ne le fait pas parce que ce qui lui importe est de laver son honneur et de le traduire en justice.

Il y a cependant une scène, bien malgré elle, qui illustre bien le problème des armes aux États-Unis. Bob Lee est dans un dépanneur, une femme le reconnaît et tente d’appeler la police. Notre protagoniste veut l’en empêcher et voilà que le mari fait irruption avec une arme à la main. C’est justement le fait que n’importe qui puisse avoir en sa possession une arme afin de se faire justice soi-même qui est le problème dans ce pays et ces millions d’Américains sont loin d’être aussi matures que Bob Lee quand vient le temps de les utiliser. En fait, Shooter n’est pas à pointer du doigt puisqu’elle se résume d’abord et avant tout à l’histoire d’un homme en cavale qui veut réhabiliter sa réputation. Si l’on veut blâmer, du moins en partie la télévision pour la violence actuelle aux États-Unis, il faudrait s’en prendre à des séries niaises comme Lethal Weapon ou Gang Related dans lesquelles on glorifie la violence avec des gens qui sont constamment la cible des balles et qui s’en remettent en un rien de temps.

Shooter (2016) : mauvaise cible

Prouver son innocence (bis)

C’est en mars 2015 que Ryan Philippe a effectué un retour remarqué, cette fois à la télévision dans Secrets and Lies d’ABC où il interprétait un père de famille accusé de la mort d’un petit garçon. La première saison de la série ayant connu un certain succès, l’acteur de 42 ans incarne encore une fois dans Shooter le parfait patriarche accusé à tort d’avoir causé la mort d’autrui. Et dans les deux cas, il doit s’écarter du système de justice pour prouver son innocence. Le contexte étant bien entendu très différent d’une série à l’autre, le jeu de Ryan Philippe lui ne l’est pas. Froid comme un glaçon, il exprime ses émotions à l’aide de ses poings ou quelques prouesses physiques. On ne sait si c’est la manière dont il est dirigé ou alors son approche personnelle par rapport à ses rôles, mais on ne s’en plaindrait pas de le voir verser une larme de temps à autre ou tout simplement faire ressortir son côté plus humain. En assumant qu’il en soit capable, bien entendu…

En tous les cas, USA Network est tombé sur le bon numéro avec Shooter puisque son pilote a attiré 1,44 million de téléspectateurs avec un taux de 0,5 chez les 18-49 ans. On notre une légère baisse à 1,25 (taux de 0,39) en deuxième semaine, mais fait rare, on remonte ensuite la pente et le troisième épisode a attiré plus de monde que son premier : 1,67 million en auditoire et un taux de 0,52. Pour le moment, il s’agit de la deuxième série la plus regardée après Suits. On ne serait pas surpris que la chaîne renouvelle sa nouveauté, mais s’inspirant d’une histoire avec une fin d’ores et déjà écrite, les scénaristes auront du pain sur la planche pour nous arriver avec un second opus crédible. En effet, Bob Lee ne pourrait pas être en fuite à chaque saison.


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