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La liberté, ça marche

Publié le 08 décembre 2016 par Christophefaurie
La liberté, ça marche La libération de l'entreprise, une nouvelle mode de management ? J'en ai déjà vu tellement en trente ans, qu'elles me révulsent instantanément. Pire. Ce livre semble une résurgence de ceux, à la gloire des dirigeants qui réussissent, que l'Amérique a produits, après guerre, à la cadence des liberty ships. Il cite d'ailleurs des textes anciens, qui m'étaient familiers. N'est-ce pas ridicule de réutiliser de vieux témoignages pour appuyer une nouvelle théorie ?
Une idée dont l'heure est venue Mais, si cette théorie ressurgit, c'est peut-être que son heure est venue. Il y a une aspiration générale à la responsabilité. Et ce n'est pas un hasard si la nouvelle théorie du leader libérateur s'applique à n'importe quel dirigeant qui transforme son entreprise. En effet, si vous voulez faire plus avec ce que vous avez, il faut que vos équipes sortent de leur routine, donc qu'elles prennent des responsabilités. La liberté est un facilitateur de changement ! Surtout lorsque l'on manque de moyens. Autre point surprenant : les leaders qui parlent dans ce livre, semblent être extérieurs à leur entreprise. Souvent, d'ailleurs, ils lui consacrent relativement peu de temps. Leçon : la libération de l'entreprise commence par celle de son dirigeant ! C'est parce qu'il découvre qu'il y a mieux à faire qu'une gestion tatillonne, qu'il la confie à ses collaborateurs, qu'il leur laisse le champ libre pour l'initiative. 
Leader libérateur ou créateur ? Qu'ai-je retenu ? Des théories que je n'avais pas prises au sérieux. Par exemple théories X et Y. Le libérateur est Y : il croit que les hommes sont de la même espèce. Le non libérateur est X. Il se sait différent des autres, des paresseux qui ne marchent qu'à la schlague. On peut passer de X à Y. Il y a aussi le "servant leader". Subtil. Il veut le bien de son organisation. Il la connaît intimement. Il ressent sa souffrance, en particulier. S'il en prend la tête, c'est parce qu'il perçoit en elle le besoin d'une transformation, et qu'il est le seul à pouvoir la porter. Surtout, et c'est plus surprenant, ce type de leader fait émerger les valeurs du groupe, pas les siennes. Ce n'est qu'une fois que l'organisation est consciente de ses valeurs, que le changement peut commencer. Et il se fera par rapport à elles. Ce qui semble signifier que le principal projet que porte ce type de leader est l'efficacité du groupe. Pas tel ou tel objectif rationnel. Ce n'est pas tant un leader libérateur qu'un leader créateur. Il donne vie à une créature, l'entreprise, dotée de son libre arbitre. Elle fera des choses dont il n'a aucune idée. Une sorte de Dieu qui disparaîtrait au septième jour. 
Un livre que je conseille aux dirigeants que je rencontre. Qu'est-ce que cela vous inspire ? leur dis-je.
(GETZ, Isaac, La liberté, ça marche, Flammarion, 2016.)

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