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Max | Vox populi... draco ovum

Publié le 09 décembre 2016 par Aragon

...et pourtant, quiconque se donne la peine de réfléchir un peu, peut voir ce qui se profile à l'horizon.

C'est comme un oeuf de serpent.

À travers les fines membranes, on voit déjà le reptile parfaitement formé.

Dr Hans Vergerus / L'Oeuf du serpent / Ingmar Bergman

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Hier, en allant à la Poste, X... m'interpelle sur le chemin. X... c'est un vrai habitant d'Amou, deux ans de plus que moi. Une vie de glandeur en résumant, sans aucun jugement moralisateur de ma part, simple constat, mais une vie de vrai glandeur. Par choix, envie, constitution physique & mentale, parcours, aptitude physique & mentale ? J'sais pas ? En tout cas une vie de méga-glandeur, le Big Lebowski des cambrouses chalossaises, mais sans panache ni "russe blanc", just whit a glass de rouquin à la main.

X... portant beau, torse bombé, verbe haut, il commence à me faire un compte-rendu politico sociétal du moment sans que je lui demande rien. En vrac : les "valeurs" qui ne sont plus, qui se barrent en couille, du reste dit-il tout part à vau-l'eau, les jeunes qui veulent rien branler et qui sont irrespectueux, les politiques tous pareil, l'assistanat pour des parasites et puis surtout, tous ces étrangers qui grouillent et qui arrivent dans nos campagnes.

Un escadron entier d'anges écoeurés est passé dans le ciel de la Técouère pendant qu'il parlait. Oh, l'enfoiré, tu te vois pas, tu te fous de moi en parlant, t'es si con que ça ? Il est tout ça, il a bénéficié de tout ça, de tout ce qu'il vomit. Je commence alors à lui parler des défaillances du système éducatif, d'une certaine crise de l'emploi, de la guerre et des abominations que rencontrent certaines populations dans certains pays... Je cogite vite, j'envisage, j'hésite, non je dirai rien de plus, je vais lui dire que je dois aller à Intermarché, filer, vite, le laisser. Il serre ma menotte de sa grosse et grasse pogne, s'en va, fier de lui, le torse toujours bombé, sanglé impecc dans sa chaude veste de cuir brun...

À Amou y'a des étrangers, roumains, polacks, slaves, non mais vous vous rendez compte ? Au secours Fernand Raynaud ! Soyons sérieux : Ils bossent, font, pour certains, les pires boulots dans les élevages ou abattoirs de volailles. Ils amènent surtout des enfants, des bébés, des sourires et de la vie dans un village qui est déjà à moitié en ruine, qui est moche avec sa rue principale aux façades noires, vides et décaties, un village en perte de vitesse, sans aucun dynamisme économique, qui se désertifie à vue d'oeil. Des cons, comme mon mec de tout à l'heure, cet autre qui me dit y'a pas longtemps que s'il trouve pas un logement correct à Amou c'est à cause des étrangers qui ont tout, des cons dis-je trouvent anormal tout ça, cette apparition d'étranger, alors à Amou ça jacte au marché et au bistro. À Amou on commence par crever les pneus des voitures de ces étrangers stationnées sous les platanes séculaires de notre belle Técouère, on verra la suite demain...

Aujourd'hui, tout à l'heure sur Inter, c'est Ali Badou qui reçoit l'historien Pierre Rosenvallon, intéressante interview. Ce dernier note que le mot de l'année s'il ne doit en retenir qu'un seul est "populisme". C'est du terreau fertile ce mot, c'est un nid douillet. Un nid où peuvent éclore toutes les abominations de demain. Un vrai nid où peut éclore l'oeuf du serpent...


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