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La multiplication des toiles

Publié le 22 juin 2008 par Alain Hubler

La Plage à Vidy (Félix Vallotton)On connaissait la très religieuse multiplication des pains qui, selon l’Evangile, aurait eu lieu au bord du lac de Tabgha.
Cette multiplication lacustre risque bien de s’accompagner d’une autre, bien plus récente et beaucoup moins spirituelle (quoique) : la multiplication des œuvres d’art exposées annuellement par l’actuel Musée cantonal des beaux-arts pas encore au bord du lac Léman.

C’est en tout cas le sentiment que l’on peut avoir à la lecture d’un article de Jérôme Cachin dans La Liberté du 19 juin dernier.

En page 8 de ce journal, on apprend trois choses.

La première émane de Pascal Broulis. Le Président du Conseil d’Etat, affirme : «On ne peut pas dissocier économie et culture, l’une et l’autre se nourrissent implicitement.» Cela a au moins le mérite d’être clair. De là à dire que certains confondent économie et culture, que d’autres font de la culture une branche des affaires et que d’aucuns ont pour toute culture celle du business, il n’y a qu’un pas.

Mais foin de digressions, venons-en au but et parlons un peu … chiffres, mais pas chiffres d’affaire.

La deuxième confidence provient d’Anne-Catherine Lyon. La Patronne de la Formation et de la Culture - dixit Cachin - affirme que, dans l’actuel Musée des beaux-arts, seulement «2% des 8500 oeuvres du musée peuvent être montrés chaque année».

C’est alors que survient la troisième révélation qui est à mettre sur le compte de Bernard Fibicher, le directeur du Musée des beaux-arts. Il affirme, quant à lui, que la proportion des œuvres exposées chaque année s’élève à 20% ! Soit dix fois plus que le chiffre avancé par la Ministre ! Il y a comme un problème d’ordre de grandeur.

Pour un futur et éventuel musée au bord de l’eau, cette soudaine multiplication des œuvres exposées chaque année tient plus de la multiplication des poissons que de la statistique.

Cela étant, deux hypothèse s’offrent à nous. La première : la ministre a raison - ce qui est vraisemblable puisque la page Web des musées cantonaux précise «Actuellement, au vu de l’exiguïté des locaux à disposition, moins de 5% de la collection est visible simultanément.» Dans ce cas, sachant que le nMBA de Bellerive offrirait une surface d’exposition 2,5 fois plus grande que celle de l’actuel musée, il ne sera possible de voir qu’environ 5% des œuvres stockées dans les caves du Palais de Rumine.

La seconde : le directeur du Musée des beaux-arts a raison et il sera alors possible de contempler 50% des œuvres propriétés de l’Etat. C’est beaucoup mieux, mais il ne faudra pas oublier de faire de la place aux collections promises par les généreux donateurs prêteurs d’oeuvres.

Au milieu de ce flou artistique arithmétique, une alternative intéressante est le projet dit du «Grand Rumine» qui pourrait offrir une surface 30% supérieure à celle du projet Ying Yang. Probablement de quoi exposer plus et mieux.

En tout état de cause une variante que seule la signature du référendum «Pas au bord du lac» permettrait d’envisager.


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