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Sport, lucarne, et politique

Par Trottoirbleu

400x260-ctJ’ai lu dans Gala ou Closer que Nathalie Iannetta a acquis « une dimension politique », ce qui fait d’elle la putative remplaçante de Julie… Eh ! Je m’égare, de Daniel Bilalian au service des sports de la télévision publique. J’allais dire : enfin ! Une femme à la place d’un mec dans le temple élégiaque de virilité perdue, je ne suis pas contre. Mais que deviendra cette dimension politique après l’élection présidentielle? Comment imposer son autorité auprès des journalistes zélés de France Télévisions après la ratatouille qui attend le champion de la gauche en 2017 ? Nathalie Iannetta dit avoir « le cœur à gauche ». Et la tête ? Ce sera un véritablement déchirement que de faire la promotion de la candidature des Jeux 2024 à Paris emmenée par des gens de droite. Voire difficile puisque les journalistes du service public, qui ont faim de vérité, feront tout pour qu’elle éclate. Les budgets explosifs, les partenariats publics-privés au bénéfice des amis des derniers, le cahier des charges exorbitant en termes de sécurité, etc., etc. D’autres diront que le sport, c’est au-delà du politique, c’est simple comme la Chambre bleu horizon.

En tout cas voilà comment Nathalie Iannetta, de la situation enviable de présentatrice de télévision, génération Canal +, 20 ans de boîte, sourire comme un soleil, risque de se trouver piégée par ses idées politiques. Ayant, un peu, arpenté les terrains de sport, et pas les plus jolis, je n’ai jamais eu la chance de la croiser. On me dit, elle est sympa, elle est mignonne. Mais oui ! Elle l’est. Bon, d’abord, je n’ai jamais été abonné à Canal +, ça c’est ma faute, mais sans doute n’est-ce pas à cause de cela que j’ai raté ses travaux sur le sport et la vie associative qui lui ont permis d’accéder au poste nirvanesque de « Conseillère du président de la République ». Après tout, d’autres avaient également occupé ce genre de fauteuil réservé à des profils, comment dire ? Flous. Ils n’ont d’ailleurs brillé que de leur propre image. Je ne ferai pas la liste ici des gens éclairés convoqués à l’Élysée sous Nicolas Sarkozy pour « conseiller » le Président sur tout un tas de sujets où il se tâtait et se tâte encore. Mais conseiller n’est pas régner. C’est ingrat comme boulot, le conseil. On n’est jamais sûr d’être suivi. Mais ça ne compte pas quand on fait le sacrifice de passer du privé au public pour servir.

Après, je ne peux pas être partout. Je dois omettre les compétences de Nathalie Iannetta en conseil. Mais pardon de ne pas en avoir trouvé trace après un rapide tour de la documentation relative à Nathalie Iannetta. Ah ! Si ! Un ouvrage collectif : La Fabuleuse Histoire des France-Brésil. La magie du football. À ce titre, j’imagine, la magie de se retrouver à l’Élysée plutôt qu’au secrétariat d’État aux Sports dont les fonctionnaires doivent faire grise mine. Visiblement, ce sont de sacrés nullards, puisqu’eux ne sont pas là pour « conseiller » mais pour administrer. Cela en fait de tristes sires enfermés dans une vision tellement techno du plaisir simple d’un but dans la lucarne qu’ils en ont perdu toute joie de vivre. Ils sont tout ridés. Ne regardent que des films d’Eisenstein en boucle pour se détendre tant ils sont anxieux. Incapables de pondre un rapport en moins de trois phrases pour dire à côté de qui il serait bon que le chef des armées se place par temps d’événement sportif médiatique ou sortie diplomatique. Pas un brin d’humour. Ils sont tétanisés par l’alternance qui s’annonce. Tandis que Nathalie continuera de sourire à la tête du service des sports de la chaîne publique en 2017.

Au-delà, et en attendant, fréquentant pas mal des gens investis qui travaillent sans un fifrelin dans des quartiers déclassés et qui ignorent de quoi procède la mission de Nathalie Iannetta, ils se demandent si elle ne serait pas avisée d’aller les rencontrer hors caméra pour qu’ils expliquent comment, du prof d’EPS à l’éducateur, ils sont obligés d’aller faire la manche pour travailler décemment dans des assos avec l’objectif de dégonfler le mythe du star system pour soigner des enfants de leurs illusions, pour mieux les envoyer à l’école apprendre des choses moins valorisantes à leurs yeux, comme savoir lire et écrire, se tenir droit en classe, apprendre un métier, lâcher les manettes de leurs jeux virtuels. Parce que courir, se peigner à la Griezmann, ils savent. Seulement, ça ne suffit pas, on ne peut pas gouverner un pays en considérant les citoyens comme des footballeurs ou des supporters, secondé par des présentatrices de télévision, sans craindre de ne proposer qu’une fade version du berlusconisme.

Olivier Villepreux


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