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La Confrérie ne perd pas le nord

Publié le 12 décembre 2016 par Unionstreet
Crédits : Maria Ferroni/ IG : @mariasflow

Crédits : Maria Ferroni/ IG : @mariasflow

L’année dernière, l’équipe d’Unionstreet s’était entretenue avec Le Huss, rappeur tête de file du collectif La Confrérie. Dans cette interview, il nous parlait principalement de son projet City Lights. C’est avec plaisir qu’il y a quelques semaines, nous nous retrouvions de nouveau avec Hussy, cette fois-ci accompagné d’Ismael – le manager de La Confrérie – ainsi que des rappeurs Bradley et Shayne. C’est dans une atmosphère cosy et toujours détendue que nous avons fait le point sur l’année 2016, ainsi que les perspectives que le futur réserve à ce collectif indépendant prometteur. 

Unionstreet : Bonjour la Confrérie et bonjour Ismael. Comment tu te sens par rapport à la saison 2015/2016 de la Confrérie ?

Ismael : C’est une année qui a été bénéfique. City Lights nous a ouvert pas mal d’horizons. Ça nous a permis aussi de faire des dates et à un niveau plus large pendant l’année, La Confrérie s’est agrandie. Donc c’est cool. Toutes ces choses donnent réellement envie de se battre pour ce morceau. Sachant que maintenant, il y a des réelles attentes, des gens qui nous suivent et nous soutiennent sur tous les lives. C’est beaucoup de motivation.

Unionstreet : Bonjour Bradley, tu es un des nouveaux artistes de la Confrérie. Depuis quand as-tu rejoins l’équipe ? 

Bradley : Ça doit faire 5 mois.

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« (…) pour moi les années 90, c’est authentique. La culture avait une place primordiale. Pas comme aujourd’hui où c’est plutôt l’industrie qui est mise en avant.»

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Unionstreet : Où est-ce que tu as grandi ?

B : J’ai grandi un peu partout. Je suis né en France. À l’âge de 4 ans, je suis partie vivre à Pointe-Noire au Congo et je suis revenu en France à 12 ans. J’ai passé mon adolescence à Évreux et depuis mes 18 ans je suis en région parisienne.

Est-ce que tu te souviens de la musique quand tu étais au Congo ?

B : Ouais. Je me souviens de MCM et du rap des années 90. Je suis issu d’une famille de musiciens donc je baigne dedans depuis que je suis tout petit. J’ai deux oncles qui font du gospel et mon frère fait un mélange entre rap et chanson. Son nom d’artiste c’est Xcuz. Il produit d’ailleurs la majorité des morceaux sur les deux projets que j’ai sorti cette année.

US : Est ce qu’il y a un morceau de rap qui t’as marqué à l’époque ?

B : Je dirais « Jump » de Kriss Kross. C’est le premier morceau de rap qui m’a vraiment marqué. Il avait du style avec leurs jerseys et une grosse énergie.

US : Souvent, les amateurs de Hip-hop parle des années 90 avec de la nostalgie car c’est le « Golden Age ». Qu’est-ce qui te plait dans cette époque et quelles sont les inspirations que tu y puises ?

B : Je suis peut être nostalgique aussi mais pour moi les années 90, c’est authentique. La culture avait une place primordiale. Pas comme aujourd’hui où c’est plutôt l’industrie qui est mise en avant. Vu qu’au sein de La Confrérie, on se focalise sur le fait de faire de la musique bonne à écouter, il y a clairement une influence des années 90 et une volonté de ramener de l’authenticité.

Crédits : Maria Ferroni / IG : @mariasflow

Crédits : Maria Ferroni / IG : @mariasflow

US : Est-ce que tu en parles dans ta musique ?

B : Pas directement mais étant donné que je parle de ma vie et que j’ai vécu 9 ans dans les années 90, tu le ressens forcément quelque part.

US : Quand est-ce que tu t’es mis à rapper ?

B : À 9 ans. C’était merdique ce que je faisais mais je m’amusais.

US : A quel moment tu t’es dis que tu allais t’y mettre sérieusement et que tu allais partager ça avec le monde ?

B : Au départ, j’avais pas vraiment à l’idée de partage ce truc avec le monde. C’était plus par passion. C’était un vrai kiffe avec les potes. J’ai rencontré Hussy quand j’avais 14 ans. C’est devenu sérieux pour moi il y a 3 ans.

US : Qu’est-ce que tu as appris pendant ces 3 dernières années ?

B : C’est dur. C’est dur de se faire une place rapidement. Il ne suffit pas d’être bon. Il faut bosser d’autres trucs à coté. Il faut être organisé, structuré. C’est un taffe à part entière.

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« Quand je rap (…) je ne souffre pas. J’ai plus l’impression d’être épanouie.»

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US : Sur Poet 2, tu as un morceau intitulé « Impala » produit par Eiduk, qui est aussi membre du collectif. Que représente l’impala pour toi ?

B : Je trouve qu’un impala c’est libre et majestueux. J’ai envie de me sentir libre, de m’évader … D’autre part, un impala ça bondit et j’identifie ça à bondir sur les occasions qui se présentent à moi.

US : Tu parles de liberté et d’évasion. De quoi as-tu envie de t’évader aujourd’hui ?

B : De la France (rires). D’une vie de travail. J’ai envie de bien bosser et de me barrer. Etymologiquement, le mot travail est synonyme de souffrance et ça ne m’intéresse pas.

US : Est-ce qu’on travaille vraiment quand on fait ce qu’on aime ?

B : Quand je rap, par exemple, je n’ai pas l’impression de travailler. Je ne souffre pas. J’ai plus l’impression d’être épanouie. En fait, souvent on travaille parce qu’on a pas d’autres choix. La société dans laquelle on vit aujourd’hui ne nous pousse pas à nous épanouir. Tout ce qu’on nous demande, c’est de gagner de l’oseille et de fermer notre gueule.

US : Tu as sorti deux projets en 2016, Poet et Poet 2 ? Quels sont les retours que tu as eu dessus ?

B : Le dernier projet a créé une grande dynamique. Quand j’ai commencé à bosser avec Ismael, ça s’est enchainé très vite. Poet 2 s’est fait en 1 mois par exemple. Je suis plutôt content des retours. J’ai du feedbacks de personnes qui viennent d’horizons différents. Je reçois des messages et ça montre que les gens qui écoutent ma musique se la prennent vraiment. Ça fait vraiment plaisir de voir les gens réagir sur un truc que t’as gratté et taffé dans ton coin.

US : C’est quoi le futur pour toi ?

B : J’ai un prochain projet qui devrait sortir d’ici la fin de l’année et est intitulé Askia. Ça veut dire roi en  langue Songhaï.

Crédits : Maria Ferroni / IG : @mariasflow

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« J’aime beaucoup le genre de spots où personne ne va. Des endroits isolés, insolites. Du coup, j’essaye de retranscrire ça dans ma musique.»

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US : Shayne, il semblerait que toi aussi tu travailles sur un projet. Est-ce que tu peux te présenter ?

Shayne : Moi, c’est Shayne. J’ai 17 ans et je rap.

US : Ça fait combien de temps que tu as rejoins l’équipe de La Confrérie ?

S : Beh, j’ai toujours été dedans, sans réellement être dedans. Mais ça doit faire depuis bien 1 an que je suis activement dans le collectif.

US : Comment t’es-tu mis à rapper ?

S : Tu ne vas pas me croire mais je devais avoir 10 ans. J’étais chez moi et je galérais. Il y a un de mes potes qui m’a appelé et qui m’a dit « Mec, je sais ce qu’on va faire, gros. On va rapper. » (rires). Il était très sérieux. Il m’a dit qu’il avait une prod et qu’il fallait juste que j’écrive. Je dessinais un peu. L’écriture, ça me plaisait donc j’ai gratté quelques lignes, ça a commencé comme ça et j’ai continué.

US : Qu’est-ce qui t’inspire ?

S : Quand j’écoute une prod, je vois trop de trucs défiler. Ce qui m’inspire ? Tout ce qui peut se faire de street. J’aime beaucoup le genre de spots où personne ne va. Des endroits isolés, insolites. Du coup, j’essaye de retranscrire ça dans ma musique.

US : Shayne, tu as la position de Rookie au sein d’une équipe où il semble se dégager une réelle cohésion. Ismael, en tant que manager, tu as un grand rôle à jouer dans tout ça. Comment arrives-tu à maintenir cette cohésion de groupe ?

Ismael : La Confrérie, c’est une famille en réalité. Il y a de la loyauté et on essaye de s’entraider. Par exemple, quand Huss il bosse ses morceaux, il le fait de son coté et puis il fait appel à moi pour que je l’aide au niveau du management. Avec Bradley, c’est la même méthode. On va se rencontrer lorsqu’on aura des affaires à régler en commun.

US : Tu as une certaine philosophie de son que tu aimerais perpétrer. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ça ?

Ismael : Ce sont nos influences. Wiz Khalifa, Taylor Gang … toute cette vague nous a vraiment mis une gifle. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, quand je regarde Wiz Khalifa, je suis comme un enfant. On essaye de faire de la musique qui va rester dans le temps, plutôt que quelque chose d’éphémère.

Crédits : Maria Ferroni / IG : @mariasflow

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« (…) le plus important, c’est de gagner avec les gens avec qui tu as commencé.»

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US : Hussy, tu es un fer de lance de ce collectif. Tu partages et tu véhicule la philosophie dont parle Ismael. Tu continues à travailler et tu as toujours cette passion de sortir de la musique. Qu’est-ce qui permet de rester motivé malgré les difficultés d’être un artiste en France aujourd’hui ?

Le Huss : My niggaz. On a vécu une histoire assez spéciale avec La Confrérie. La manière dont les choses se sont bâties a eu une influence directe sur ma vie. Quand je regarde bien, je n’ai jamais rien fait de concret dans ma vie à part de la musique. Je n’ai fait que de la musique, des visuels, des photos, et c’est comme ça que j’ai réussi à gratter mes tunes. L’équipe, c’est du soutien pour établir une certaine notoriété. Au départ, lorsqu’on a eu l’idée de faire La Confrérie avec Ismael, ce n’était que des petites vidéos sur internet. On ne pensait pas à faire un label, etc. On a eu des opportunités concretes qui nous ont poussées à réfléchir à ce qu’on fait de manière plus élaborée. Chacun à pris son rôle. Ismael, c’est le manager et il grandit dans ce job. Maintenant, c’est le boss dans son délire. Il sait ce qu’il fait et il fait bien les choses.

US : Il y a une bonne relation de confiance entre vous. 

Ismael : Il y a des galères comme partout. C’est ce qui nous renforce. Mais le plus important, c’est de gagner avec les gens avec qui tu as commencé. Sinon, tu n’es pas réellement heureux et tu restes nostalgique d’une certaine époque.

US : Hussy, en ce moment tu travailles sur Finesse 3. Comment tu te sens à l’idée de sortir ce projet ?

Le Huss : C’est un projet où je mets beaucoup de moi même. Après, c’est comme à chaque fois qu’un nouvel iPhone sort, on fait de la promo. Mais, sur ce coup, c’est un réel aboutissement personnel. C’est travaillé plus proprement au niveau des mixes, des prods, des techniques de flow, des sujets que j’aborde, etc. En plus, ça revient sur quelque chose que je faisais à la base, le « Finesse », mais au goût du jour. Je me sens bien, ça fait plaisir et en même temps, comme je sais qu’il y a beaucoup plus de personnes qui attendent ce projet, je me planque en studio et je travaille beaucoup.

En attendant Finesse 3, Le Huss sortira le 20 janvier prochain Hustler, un projet en collaboration avec le producteur THESCAM qui sera disponible gratuitement sur le site Haute-Culture.

Retrouvez La Confrérie sur Instagram et Facebook.

Propos recueillis par Jean Benoit Ndoki. 

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