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Vive la hausse du pétrole, on se remet au charbon! Ou la perversité humaine en action…

Publié le 23 juin 2008 par Anne-Sophie

Eh oui, voilà qu’au Pays du Galles, on prépare le site d’Unity Mine pour septembre prochain afin de reprendre l’extraction de charbon en septembre. Comme l’explique cet article de Libé, “l’ex-mine de Pentreclwydau avait fermé en 1998, coulée par la banqueroute. (…) Aujourd’hui, l’ancien chevalement au corps troué se dresse à la surface comme un fantôme du passé. Mais dans l’ombre de sa silhouette, quelques hommes s’agitent, casques vissés sur la tête et costumes orange fluorescent. Portée par l’envolée des prix du charbon, la mine est, depuis quelque temps, revenue à la vie. En 2006, Unity Power PLC a remis à flot le site, rénové les bâtiments administratifs, dégoté de nouvelles machines, installé une salle de contrôle flambant neuve capable de localiser les hommes sous terre ou de sonner l’alarme. En tout, 40 millions d’euros ont été engouffrés dans la vieille exploitation. Au registre des investisseurs, des hommes d’affaires d’Afrique du Sud, du Canada, du Pays de Galles avides de profiter du récent boom du secteur. Car le pari vaut son bout de chandelle. Unity prévoit d’extraire 1 million de tonnes par an à l’horizon 2010 et d’empocher des recettes annuelles de 50 millions de livres (63 millions d’euros)“.

Les “boys” sont heureux de retrouver l’esprit de camaderie et de voir les jeunes revenir à l’industrie. D’autant que les salaires sont supérieurs à la moyenne régionale…

Deux mines réunies sous le fanion d’Energy Build en 2002 forment aujourd’hui une exploitation en pleine expansion. Forte de 45 hommes il y a six ans, la compagnie emploie aujourd’hui 180 personnes. Et sur le site, c’est le chantier permanent. Ici on érige de nouveaux bâtiments pour accueillir les douches, là on teste d’anciennes machines rachetées à Tower. “Dans les années 90, le prix du charbon avait tellement baissé que les gens pensaient que c’était la fin,Mais moi, je me disais : “Il y a des millions de tonnes d’anthracite ici, d’excellente qualité, très dur, à forte teneur calorifique et pauvre en soufre, quelqu’un va bien venir le chercher un jour.”" Rhydian a eu raison. Aujourd’hui, les clients se pressent à la porte de la mine et la production s’emballe. En 2002, le directeur d’Energy Build sortait 50 000 tonnes de charbon, l’an prochain, il prévoit d’en extraire 265 000, puis 440 000 en 2010 avant d’atteindre son objectif de 770 000 tonnes par an. L’aventure, prévoit-il, devrait durer une trentaine d’années. A Unity, les prévisions sont, là aussi, optimistes : «On sait pour sûr qu’on a au moins vingt ans de réserve, peut-être quarante», sourit Brian Thomas. Au Pays de Galles, 250 millions de tonnes attendraient encore d’être mises au jour souligne Rhydian Davies, le directeur d’Energy Build.

Il paraît même que l’Etat britannique subventionne la reprise des activités: “en 2002, Aberpergwm a reçu 3,6 millions de livres (4,5 millions d’euros) d’aide au développement. Tandis que l’Assemblée galloise verse depuis quelque temps des subventions pour soutenir la formation des jeunes mineurs. Partout, le secteur voit rose. Dans le nord de l’Angleterre, une autre mine rouverte l’an passé près de Doncaster travaille à la construction d’une centrale électrique directement sur son site. A quelques encablures de là, UK Coal sonde la terre dans l’espoir de rouvrir un site géant à Harworth qui pourrait recruter 400 hommes. Alors que la récession menace aux quatre coins du pays, ça sent l’argent à plein nez dans les méandres de la terre. A moins… que les prix ne viennent à chuter à nouveau. Impossible, affirment les experts. La soif en énergie n’est pas près de s’étancher.”

Bref, quand on dit que les écolos ne sont bons qu’à nous faire revenir à la charrette, je me dis qu’il y a encore de belles incompréhensions… Alors qu’il est nécessaire d’investir dans les énergies renouvelables, voilà que l’on se tourne vers des énergies excessivement polluantes digne des siècles passés… Un aspect que le journaliste oublie en fait… Un aspect qui est aussi au reflet des réflexes humains: plus on approche du précipice, plus nous sommes perverses…

Robert Andriulli Précipice

“Nous sommes sur le bord d’un précipice. Nous regardons dans l’abîme, — nous éprouvons du malaise et du vertige. Notre premier mouvement est de reculer devant le danger. Inexplicablement nous restons. Peu à peu notre malaise, notre vertige, notre horreur se confondent dans un sentiment nuageux et indéfinissable. Graduellement, insensiblement, ce nuage prend une forme, comme la vapeur de la bouteille d’où s’élevait le génie des Mille et une Nuits. Mais de notre nuage, sur le bord du précipice, s’élève, de plus en plus palpable, une forme mille fois plus terrible qu’aucun génie, qu’aucun démon des fables ; et cependant ce n’est qu’une pensée, mais une pensée effroyable, une pensée qui glace la moelle même de nos os, et les pénètre des féroces délices de son horreur. C’est simplement cette idée : Quelles seraient nos sensations durant le parcours d’une chute faite d’une telle hauteur ? Et cette chute, — cet anéantissement foudroyant, — par la simple raison qu’ils impliquent la plus affreuse, la plus odieuse de toutes les plus affreuses et de toutes les plus odieuses images de mort et de souffrance qui se soient jamais présentées à notre imagination, — par cette simple raison, nous les désirons alors plus ardemment. Et parce que notre jugement nous éloigne violemment du bord, à cause de cela même, nous nous en rapprochons plus impétueusement. Il n’est pas dans la nature de passion plus diaboliquement impatiente que celle d’un homme qui, frissonnant sur l’arête d’un précipice, rêve de s’y jeter. Se permettre, essayer de penser un instant seulement, c’est être inévitablement perdu ; car la réflexion nous commande de nous en abstenir, et c’est à cause de cela même, dis-je, que nous ne le pouvons pas. S’il n’y a pas là un bras ami pour nous arrêter, ou si nous sommes incapables d’un soudain effort pour nous rejeter loin de l’abîme, nous nous élançons, nous sommes anéantis.

Examinons ces actions et d’autres analogues, nous trouverons qu’elles résultent uniquement de l’esprit de perversité. Nous les perpétrons simplement à cause que nous sentons que nous ne le devrions pas…

Le Démon de la perversité, Edgar Allan Poe

Image: Robert Andriulli


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