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[Critique] PIÈGE DE CRISTAL

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] PIÈGE DE CRISTAL

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Titre original : Die Hard

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : John McTiernan
Distribution : Bruce Willis, Alan Rickman, Bonnie Bedelia, Reginald Veljohnson, Robert Davi…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 21 septembre 1988

Le Pitch :
Séparé de sa femme depuis plusieurs mois, John McClane, un policier new-yorkais, a décidé de venir la rejoindre à Los Angeles pour tenter un rapprochement à l’occasion des fêtes de fin d’année. Son séjour se complique quand il se retrouve au beau milieu d’une prise d’otages, à l’endroit même où il était censé retrouver son épouse. Alors que le commando investit les lieux et sème la terreur, McClane passe l’action…

La Critique de Piège de Cristal :

Die Hard, c’est la base. Le film d’action parfait. Le genre qui se regarde encore et encore et qui se pose comme le mètre-étalon ultime, tout en représentant une école de cinéma noble, axée sur la générosité et l’absence de cynisme. Troisième long-métrage de John McTiernan, Piège de Cristal est une référence absolue. Un long-métrage dont les suites, les pires (le quatrième et le cinquième volet) comme les meilleures (le troisième et dans une moindre mesure le deuxième), n’ont jamais réussi à occulter la puissance et l’intelligence, cherchant toujours à en reproduire la grammaire (à part pour Une Journée en Enfer, justement réalisé par le même McTiernan) afin d’en rééditer l’impact.

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Yippee ki-yay !

L’intrigue de Piège de Cristal est simple et directe : des terroristes braquent une tour dans le centre de Los Angeles et tombent sur un os. Sur un mec qui n’a rien demandé à personne et que tout le monde sous-estime mais qui au final, va leur poser un sacré problème. L’ADN du film d’action tel qu’on se l’imagine encore aujourd’hui est dans Die Hard. Ne cherchez pas une œuvre plus matricielle que celle-là quand on cause action. Avec une poignée d’autres longs-métrages, Die Hard a tout inventé. Il contient tout, met les formes et sait précisément comment conduire son intrigue pour au final en mettre plein la vue sans prendre les spectateurs pour des truffes.
En cela, le scénario, d’ailleurs co-signé par l’incontournable (à l’époque) Steven E. De Souza, s’impose lui aussi comme un modèle. Ne serait-ce que pour la façon dont il présente la situation, sans jamais oublier de nous inclure dans l’équation. Dans la manière dont il a d’imbriquer les divers éléments les uns aux autres, tout en mettant en avant la figure définitive du parfait anti-héros, avec John McClane, l’une des icônes les plus emblématiques du cinéma des 80’s.
Un script parfait pour laisser les coudées franches à McTiernan, qui en a largement profité pour faire parler la poudre et confirmer, quelques mois seulement après Predator, qu’il savait mieux que personne exploiter ses environnements avec une efficacité et une intégrité qui font défaut à la plupart de ceux qui essayent de reproduire son cinéma depuis.

L’action, la vraie, mais pas seulement

Piège de Cristal est donc un film d’action. Un film qui s’appuie sur tous les codes du cahier des charges en vigueur pour ce genre mais qui se paye aussi le luxe d’en inventer de nouveaux. Pour autant, Die Hard emprunte aussi beaucoup à d’autres styles et aborde des thématiques plutôt surprenantes, qui viennent épaissir le propos et offrir aux bastons une base solide pour résonner avec encore plus de force. Pas besoin de trop extrapoler pour voir qu’avec Piège de Cristal, McTiernan en profite pour faire passer quelques vérités percutantes, comme vis à vis des médias, ou plus largement sur les années 80 et leur vulgaire opulence. Ici, les terroristes emmenés par le fameux Hans Gruber mettent en exergue les excès d’une époque où tout était permis, faisant du film l’antithèse directe des productions porte-drapeaux qui fleurissaient à l’époque et qui glorifiaient l’Amérique de Regan. Même constat concernant John McClane. Lui, c’est le mec issu de la majorité silencieuse. Le flic qui ne fait pas de bruit et que personne ne remarque. Un gars confronté à une situation extraordinaire, qui va se révéler et ainsi devenir en quelque sorte le représentant du peuple. Bon… là on extrapole peut-être un peu mais au fond, c’est nécessaire pour bien souligner le fait que Piège de Cristal n’a rien du trip décérébré. Rien à voir, sinon au niveau du titre, avec le bourrin (et jubilatoire) Piège en Haute Mer, et encore moins avec Piège à grande vitesse. Die Hard lui, est profond. De toute façon, ne cherchez pas : si on regarde toujours le film aujourd’hui, presque 30 ans après sa sortie, ce n’est pas uniquement pour entendre McClane balancer ses punchlines, les pieds en sang, tandis qu’il dézingue des terroristes dans cette gigantesque tour de verre. C’est aussi parce qu’il reste à ce jour l’un des rares métrages du genre à proposer un vrai discours à étages…

Le summum du cool

C’est l’une des grandes forces de John McTiernan. Savoir évoluer sur plusieurs niveaux. Soigner le fond ET la forme sans dénigrer tel ou tel aspect. Ainsi, si, comme nous l’avons vu précédemment, Piège de Cristal a bien des choses à dire et se pose comme une pierre angulaire de la culture populaire de son époque, il s’avère aussi incroyablement cool. Aux manettes, le réalisateur gère d’une main de maître l’environnement dans lequel il fait évoluer Bruce Willis, Alan Rickman et tous les autres. Une réalisation qui donne du corps à cette partie de cache-cache mortelle, utilisant l’espace avec une maestria probante. Tablant sur l’économie de mots, McTiernan compte sur la puissance évocatrice de ses images. Le suspense et la tension naissent de la progression d’un affrontement qui n’en fait jamais trop au niveau des dialogues. Ce qui donne d’ailleurs plus de relief aux punchlines devenues cultes comme le célèbre « Yippe ki-yay ».
L’étau se resserre au fil des minutes, on ne perd pas de vue la location des personnages, ni les enjeux et à la fin, quand vient le climax, celui-ci a exactement la portée espérée. Rien ne déçoit bien au contraire.

Au fond, Piège de Cristal est probablement l’un des films les plus rock and roll de sa décennie. Il divertit mais envoie aussi du bois au niveau de son discours. Il a une sacrée gueule mais ne s’éparpille pas. À l’image de son acteur principal, Bruce Willis, alors surtout connu pour la série Clair de Lune, qui s’est vu embauché après un passage en revue des stars de l’époque (dont Sylvester Stallone ou Richard Gere). Willis bien sûr encore loin de son attitude présente, qui semble lui interdire de faire trop d’efforts pour faire honneur à une filmographie entamée sous les meilleures auspices. Pas trop baraqué, furieusement nonchalant, le McClane de Willis est une espèce de croisement ultra cool entre Frank Sinatra (qui était d’ailleurs rattaché au projet en premier lieu) et de l’idée qu’on peut se faire de l’action man par excellence. Il permet l’identification car il possède ce côté monsieur-tout-le-monde, et parce ce que ce qu’il accomplit lui demande des efforts et appelle une certaine souffrance. Car il faut bien lui reconnaître cette tendance à morfler. Un truc qui restera d’ailleurs pour Willis, dont les personnages, de McClane donc, à Joe Hallenbeck (Le Dernier Samaritain) ont toujours pris un maximum de coups sur le coin de tronche. La rançon de la gloire. Autant dire qu’on est très loin de l’invincibilité de Steven Seagal ou d’un Chuck Norris.
Pour ce qui est du bad guy, mention très bien itou ! Dans son premier rôle, l’acteur de théâtre Alan Rickman fait bien plus que camper un antagoniste lambda face au héros yankee. Il pose les bases de ce que sera le méchant du film d’action dans les décennies qui suivront. Malicieux, machiavélique mais pas trop non plus, déterminé et ô combien charismatique, il finit de rendre le spectacle grandiose. Sans oublier l’incontournable side-kick joué par Reginald Veljohnson et Bonnie Bedelia, la fameuse Hollie de John McClane, qui parvient à s’imposer dans cet univers il est vrai riche en testostérone. Un casting au diapason des intentions du projet, qui, de concert avec John McTiernan, parvient à sublimer tous les aspects de cette production spectaculaire et généreuse, dont la classe et l’influence n’ont pas fini de toucher de plein fouet les nouvelles générations qui y voient justement le monument qu’il fut dès sa sortie.

En Bref…
Chef-d’œuvre total et définitif, Piège de Cristal est un film d’action important à plus d’un titre. Un mètre-étalon jubilatoire, exaltant et galvanisant, piloté par un John McTiernan libre de ses mouvements et porté par un Bruce Willis en pleine ascension et un Alan Rickman impérial. Avec les années, Die Hard s’est aussi posé comme un incontournable de Noël. Une sorte d’alternative aux traditionnels contes, qui dispense sa magie à coups de poings dans les dents et à grands renforts de répliques percutantes. Mémorable !

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : 20th Century Fox France


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