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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 213

Publié le 25 décembre 2016 par Antropologia

Un petit bois bien tranquille

Se promener  dans son  bois à soi, en connaître les moindres recoins, voir évoluer les saisons et changer la végétation, savoir où pousse tel ou tel genre de champignon, où sont les grosses châtaignes greffées, entendre le cri métallique du faisan, l’effarouchement du geai sentinelle, les aboiements de la biche dégoûtée de vous savoir là, le frou-frou, au dessus de sa tête, des palombes agrainées…Un pur bonheur. Pas grand chose de mieux au monde.

Et puis rêver, se laisser aller à rien, juste marcher son panier au bras en compagnie des chiens . Marcher sous les beaux chênes yeux grands ouverts comme on le faisait déjà enfant au même endroit et comme l’ont fait ses anciens avant soi. En trouver des traces et surtout les laisser: dans la palombière son fauteuil et sa bouteille d’eau, accroché à cette branche le rouleau de barbelé, ici une pièce perdue au gyrobroyeur ou au tracteur.

Je disperse des épluchures de cèpes et de chanterelles rapportées de la cuisine, pour les spores. D’un coup de talon, je plante des châtaignes dans des endroits bien choisis, dans cinquante ans elle seront peut-être là et plus moi mais c’est cela qui est bien.

J’approche de la palombière, des voix dans le couloir! Pas possible, qui a osé? Un inconnu installé dans la palombière, deux inconnus! Mais qu’est ce que vous faites là? Fureur. Je voudrais avoir des molosses. Vous n’avez rien à faire ici, dehors, dégagez, parfaitement c’est chez moi, remballez-moi les fusils et allez voir ailleurs et vite! Il y a des coups de pied aux fesses qui se perdent, je me retiens. J’en photographie un avec ses deux fusils, et je le raccompagne aux limites, voyons où il passe. L’autre s’est planqué , “c’est la première fois que je viens” me dit- il, il est garé dans mon chemin qu’il dit public alors qu’il est archi privé. Argh!

Ils ne sont plus là, je cherche les endroits où les palombes sont tombées, j’en trouve quatre marqués de plumettes. Les agrainées n’étaient pas bien nombreuses. Ils les ont toutes eues je pense. Je n’entends plus le seul faisan, même la biche est absente.

Ces squatteurs sont des “nouveaux” dans la commune, on n’a encore jamais vu de membres des familles anciennes se permettre cette violation de territoire.

Thérèse Marsan



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