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Dakh Daughters : poésie et rébellion ukrainiennes

Publié le 27 décembre 2016 par Aude Mathey @Culturecomblog

dakh_artiste_web-e1454511532733  © Kiev Small Opera

Lors de leur passage au Montfort dans le spectacle « Terabak de Kyiv », ces six comédiennes et chanteuses multi-instrumentistes ont accepté de répondre à quelques questions.

Comment vous-êtes-vous retrouvées dans ce spectacle ?

On connaît très bien Stéphane Ricordel, le codirecteur du Montfort qui est aussi metteur en scène. On a trouvé intéressante l’idée de se produire dans un spectacle circassien. On est très ouvertes à toutes les expériences. On adore mélanger les styles et les tendances.

On peut dire que ce théâtre est notre deuxième maison. C’est ici même en 2013 que nous avons débutées sur la scène française. La même année, on a travaillé sur un projet avec Stéphane pour le « Gogolfest » (festival annuel international d’art contemporain et de cinéma créé par V. Troitskyi en 2007).

Comment s’est fait le choix des chansons ?

Nous adaptons tout le temps notre spectacle à l’espace et aux conditions dans lesquelles nous jouons. En août, on a créé spécialement un nouveau programme pour ce projet. On a écrit des nouvelles chansons et repris des anciennes que Stéphane voulait absolument utiliser car elles se mariaient parfaitement avec ce qu’il avait en tête.

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  © DR

Un article du journal Le Monde de juillet 2015 a titré : « Les Dakh Daughters, filles de Chevtchenko et des Sex Pistols » ? Êtes-vous d’accord ?

Oui et non. On ne peut pas être réduites à cela. C’est une interprétation parmi d’autres. En effet, nous mettons en musique des poèmes de Taras Chevtchenko mais pas seulement. On peut aussi citer Charles Bukowski, William Skakespeare, Kuzma Skryabin, etc.
De plus, chacune de nous a sa propre personnalité, sa propre énergie, ses propres envies. Sur scène, nous créons des personnages. Lors d’un spectacle, on peut tout aussi bien être geishas que clowns ou je ne sais quoi d’autre. Pour nous, le plus intéressant est la vie propre de ces personnages et non les masques artificiels et figés. Nous les faisons constamment évoluer de manière intuitive. Ce n’est pas intellectualisé. Nous sommes toujours à la recherche de nouveauté.

La légende dit que vous avez composé l’hymne de l’Euromaïdan en 2013…

Nous sommes des sirènes révolutionnaires alors !

Non, c’est un mythe. Nous n’avons pas composé cet hymne. Nous avons simplement chanté nos chansons sur la place de l’Indépendance. Elles ont raisonné tellement fort qu’elles sont devenues emblématiques de la révolution. Nous ne l’avions nullement prémédité.

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  © Volodymyr Shuvayev

Êtes-vous militantes ? 

Bien sûr ! On milite pour la paix, la liberté, les droits de l’Homme. On milite pour une société où chacun se sentirait bien. Il faut agir, créer et réfléchir par soi-même. Tout le monde devrait être militant car tout dépend de chacun de nous. Comment vivre au mieux pour que nos lendemains soient merveilleux ? La vie est tellement compliquée aujourd’hui. Il faut lutter pour gagner.

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   © DR

Qu’est-ce que cela apporte à votre art ?

Il est évident que si nous n’étions pas militantes, nous aurions créé quelque chose de totalement différent. Mais la question ne se pose pas. En Ukraine, on a l’image d’un groupe qui représente l’Ukraine contemporaine à l’étranger. À l’étranger, nous souhaitons montrer l’Ukraine différente de l’image que l’Europe peut s’en faire. La culture ukrainienne est à la fois proche de la terre et mystique. C’est un mélange audacieux.

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  © DR

Donc, si je dis que vous voulez donner un coup de pied à l’Ukraine pour réveiller tous les talents, cela vous convient ?

Oui, mais on ne s’arrête pas à l’Ukraine. On donne un coup de pied au monde entier ! Lors de nos concerts, si une seule personne repart avec l’envie de changer les choses, on aura gagné. En tant qu’être humain, on a des choses à dire, à défendre.

 « Rien n’est plus dangereux et subversif qu’un clown en colère ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Clown ou pas clown, peu importe. On ne pense pas à notre image. Quand nous avons rencontré Vladislav Troitskyi, il nous a dit qu’il n’y a rien de plus subversif que la vie elle-même. Ce n’est pas le folklore qui nous intéresse, c’est la vie.

Aimeriez-vous répondre à une question que je n’ai pas posée ?

Très bonne question ! Vous pourriez nous demander ce que l’on désire pour les prochains jours (rires). Eh bien, on souhaite inviter tous les gens à venir voir le spectacle Terabak de Kyiv (jusqu’au 14 janvier 2017 au Montfort) puis à assister à notre concert du 16 janvier 2017 au Café de la Danse à Paris.

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Ensuite, nous allons inverser les rôles. Nous avons une question pour vous. Avez-vous compris pourquoi le spectacle s’appelle Terabak de Kyiv et pas Terabak de Kiev ?

Oui, Kyiv est Kiev en Ukrainien…

Exactement. Stéphane Ricordel tenait à ce que le spectacle s’appelle ainsi. Est-ce que le public francophone comprend ce titre ? Est-ce qu’il comprend que Kiev est le nom donné à notre ville pendant l’ère soviétique ?

Non, je ne pense pas.

C’est un peu dommage mais nous sommes là pour qu’il comprenne.

Les Dakh Daughters joueront également dans Antigone de Lucie Berelowitsch en janvier 2017 au Trident à Cherbourg et en mars 2017 à Vélizy, Dieppe et Martigues.


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