Sur la route je dis zut

Le temps s’étire le long d’une route sombre bordée d’arbres givrés
Les lampadaires laissent choir des taches de lumière sur l’asphalte luisant.
Les voitures roulent tant qu’elles ont du combustible
Tant que les conducteurs ont du flouze pour remplir le réservoir
Combien parmi eux sont-ils certains d’arriver à bon port
Combien parmi eux ont-ils du mal à boucler leur ceinture
leur fin de mois
leur faim de moi
combien vivent dans l’angoisse de la panne sèche
sur la route ce qui compte c’est d’avancer
s’arrêter non merci
tous ces gens au volant de leurs bagnoles
invisibles
sont-ils intelligents
quel est leur quotient intellectuel
sont-ils inquiets
riches ou pauvres
là ou ailleurs
écoutent-ils des chansons pop
des news, du jazz ou des jeux
sont-ils seuls ou accompagnés
en amour ou au désespoir
je n’arrive pas à voir leur visage
pas de contrôle au faciès
ils sont trop bien cachés au creux de leur habitacle
des anonymes capables de tout et n’importe quoi
le code de la route fera foi