À la sauvette !

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3 millions de délinquants. 6 millions de chômeurs. 9 millions de pauvres.
La bataille des chiffres fait rage, y compris chez les sages.
On ne sait toujours pas si les politiques sont bons ou mauvais comptables : ils n'ont pas les mêmes chiffres sur la table.
Désagrément qui les rend désagréables, incapables de s'entendre sur le plus petit dénominateur : l'intérêt commun.
Ils sont divisés sur le multiple de trois, peut-être parce qu'ils ne perçoivent pas les mêmes dividendes.
La règle de trois leur pose problème.
Leur comptabilité n'est plus que l'expression de leur incompatibilité d'humour et d'humeur.
On passe du simple au double ; et du double au triple avec une aisance déconcertante sans jamais se départir de leur mauvaise répartition.

3 millions de délinquants. 6 millions de chômeurs. 9 millions de pauvres.
À la veille des élections, les candidats affichent leur prédilection plutôt qu'une direction. Leur tentation plutôt qu'une orientation. Leur chemin de croix, plutôt qu'une voie de salut.
On fait dire au réel ce qu'il ne dit pas pour avoir quelque chose à dire.
Ils pratiquent la politique comme une religion en croyant qu'il suffit de croire pour être cru et qu'il suffit de compatir pour convenir et de convenir pour convertir.
Ils nous prennent pour des sots, des idiots ou des imbéciles malheureux quand ce n'est pas les trois à la fois et ils le disent à tous ceux qui les croient : que le peuple est Roi.

Avons-nous au moins retenu le chiffre qui leur donne tous les droits ?
3, 6, 9 c'est croissant et ça correspond à leur dialectique ascensionnelle et sensationnelle.
Examinons le panel :
3 millions de délinquants. 6 millions de chômeurs. 9 millions de pauvres.

Non la France n'est pas en faillite. Elle est au bord du gouffre. Elle attend son sauveur, l'élu du peuple auquel elle prétend pour se débarrasser de son vertige et de ses vestiges.

3, 6, 9 c'est l'état des lieux que les prétendants à la magistrature suprême sont prêts à occuper, à habiter, à réaménager pour nos beaux yeux. Parce qu'ils sont généreux.
L'un d'entre eux prétend même être pieux. Mais ce n'est pas le plus radical d'entre eux.
De radical, il y en a deux :
- Celle qui vous dira en examinant la situation en bon stratège, que ce sont les étrangers qui sont à l'origine de ce bilan déficitaire !
- Et celui qui maitrise son solfège démentira en disant que l'homme n'est pas une variable d'ajustement...
Ce sont les hommes qui font les chiffres et non les chiffres qui défont les hommes.

3 millions de délinquants. 6 millions de chômeurs. 9 millions de pauvres qui se réduisent à 3 petites questions :

- Comment viser le plein emploi sans renoncer à sa bonne foi ?

- Comment réduire la pauvreté alors que tout est fait pour la produire ?

- Comment garantir la sécurité ? En sanctionnant la petite délinquance ou en sanctifiant la grande délinquance ?

3 millions de délinquants. 6 millions de chômeurs. 9 millions de pauvres... et moi... et moi... et moi.