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Le reggae en 2008 : Racines et Tiken Jah Fakoly

Publié le 23 juin 2008 par Eddie

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Avant de parler du reggae tel qu'on peut l'entendre en 2008, je crois qu'il faut revenir sur ce qu'est le reggae. Les plus grands artisans du reggae sont les Wailers, avec en tête Peter Tosh et Bob Marley. Ce dernier, tout le monde le connaît, mais Peter Tosh est le plus important, musicalement parlant. Et puis c'est lui qui a appris à jouer de la guitare à Bob Marley, et il était rastafari bien avant lui. Complètement à la ramasse le Marley ! En ce qui concerne les origines du reggae... Tout ceux qui ont participé à sa création ont une version différente 

D'abord serait venu le calypso créé par les esclaves africains qu'on a fait venir dans les Caraïbes dans les années 1910 et 1920 pour les faire trimer (je dis 'on' parce que c'était en particulier la France) et qui, n'étant pas autorisé à parler, communiquer grâce à la musique. Le morceau le plus connu de calypso est sans conteste "Banana Boat Song", reprise par Harry Belafonte dans son album Calypso en 1956 (le premier enregistrement de calypso date de 1912!).


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Vendu à plus d'1 million d'exemplaires à l'époque quand même. Le calypso aurait évolué en ska, qui est le style se rapprochant le plus du reggae, à la fin des années 50 grâce à des artistes jamaïquains reprenant à leur sauce les tubes r'n'b et rock'n'roll qu'ils entendaient à la radio (Fats Domino et Little Richard avec son "Tutti Frutti", wap babedouba belababa, etc). Le ska va vite exploser en Jamaïque, puis au Royaume-Unis et aux Etats-Unis. La musique ska se caractérise par le fait que le rythme est donné en majeure partie par les cuivres et non pas par la batterie. L'autre particularité du ska, c'est ce contretemps typique des musiques antillaises et du r'n'b. Le mieux c'est d'écouter les pionniers, les Skatalites, avec "Addis Abba".

Je crois qu'il n'y a rien de plus festif que le ska ! Après le ska et juste avant le reggae est arrivé le rocksteady (le nom de ce style me plaît particulièrement). Moins énergique et dansant que le ska, le rocksteady était joué par des ensembles vocaux jamaïcains comme les Maytals. Le rocksteady a si vite était transformé en reggae que je ne vais pas trop en parler pour passer tout de suite aux Wailers.

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A la fin des années 60 est donc né le reggae qui a été plus que popularisé d'abord dans les Caraïbes puis dans le monde par The Wailers. Le contre-temps du ska est toujours là, mais le rythme est plus lent, le piano plus présent et les paroles tournées vers des sujets sociaux et politiques, et les reggaemen, souvent des rastafaris, parlaient également de foi, de sexualité, d'amour et de marijuana. Le mouvement Rastafari est un mouvement religieux fondé par Haïlé Selissié aussi appelé Jah : Dieu. Je vous laisse vous renseigner sur ce mouvement, c'est pas mon domaine. Peter Tosh a considérablement influencé toute la musique reggae, il est à l'origine de la plupart des tubes des Wailers. Bob Marley est le songwriter du groupe, guitariste (avec Tosh), et leader incontesté, possédant un charisme digne d'un chef d'Etat. Citons Jimmy Cliff qui a largement contribué au succès du reggae aux Etats-Unis notamment avec le film The Harder They Come dans lequel il joue, les Maytals que j'ai déjà cités, et les Clash qui ont inclus du reggae dans certains de leurs titres (vous connaissez tous "The Guns of Brixton" sur l'album London Calling). Pour le plaisir, "Hot Shot" de Jimmy Cliff, une des chansons que j'ai le plus écoutées de 7 à 11 ans, assez différente de la musique des Wailers mais c'est toujours de l'excellent reggae :

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Et on arrive en 2008. Le premier artiste donc je veux vous parler est Tiken Jah Fakoly (normalement vous savez d'où vient le "Jah", sinon, relisez ce billet !), nouveau héros reggae. Cet Ivoirien est le meilleur chanteur reggae du moment, ses textes sont engagées à un tel point qu'il a été déclaré persona non grata au Sénégal suite à des déclarations jugées « fracassantes, insolentes et discourtoises » qu’il a tenues sur la situation politique dans le pays. Tiken Jah Fakoly est très critique (et au fond, peu critiqué) sur les relations entre la France et l'Afrique :

«  Après l'abolition de l'esclavage
Ils ont créé la colonisation
Lorsque l'on a trouvé la solution,
Ils ont créé la coopération
Comme on dénonce cette situation.
Ils ont créé la mondialisation.
Et sans expliquer la mondialisation,
C'est Babylone qui nous exploite »
  ("Y'en A Marre")

Tiken Jah Fakoly critique aussi la main-mise des pays occidentaux sur les pays africains comme le Gabon ou le Congo, ainsi que les dirigeants politiques de ces pays qui se laissent manipuler par les lobbys occidentaux et notamment les lobbys français. Il est proche du peuple et de leurs problèmes, et pas seulement du peuple africain, ce qui fait de lui un des artistes les plus écoutés en Afrique et en Europe. Le Sénégal l'a déclaré persona non grata sur son territoire suite à des déclarations jugées « fracassantes, insolentes et discourtoises » qu’il a tenues sur la situation politique du pays. Il a reçu de nombreuses menaces de morts et vit exilé au Mali. Un vrai héros reggae j'vous dis ! Il a reçu une Victoire de la Musique en 2003 pour l'album Françafrique (2002).

Voici "Africain à Paris", reprise de la chanson "Englishman in New York" de Sting et parue sur l'album L'Africain (2007), "Plus Rien Ne M'Etonne", extrait de l'album Coup de Gueule (2004), "Y'en A Marre" et "Françafrique" sur l'album du même nom.


Tiken Jah Fakoly est en tournée (allez sur tikenjah.net voir s'il passe près de chez vous) et sera au festival Solidays le dimanche 6 juillet (il y a Toots and The Maytals, Richie Havens, IAM, Richie Havens, Foals et Ting Tings le même jour!) et au festival des Fracofolies le samedi 12 juillet, et je crois que son concert sera retransmis sur France Inter.


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