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LireLoue, ma librairie de quartier, n’est plus

Par Manouane @manouane
LireLoue, ma librairie de quartier, n’est plus

Je devais sortir pour faire une commission. Rien de vraiment important, une promenade d’une vingtaine de minutes tout au plus afin de me rendre à une boutique située à trois coins de rues. Le genre de sortie obligatoire qui est plus rebutante qu’autre chose mais que je parviens à égayer par un petit plaisir bien simple : m’arrêter devant la vitrine de ma librairie de quartier. Même si elle est fermée, j’aime bien regarder la sélection de livres exposée aux yeux des passants. Soudain, je suis rattrapé par la réalité : voilà plus d’une semaine qu’elle a définitivement fermé ses portes.

Il y a de ça plus de huit semaines, au début du mois de novembre dernier, une affiche rouge est apparue dans la vitrine. La première fois que je suis passé devant la librairie, je l’ai vu mais sans lire – les psychologues pourraient parler de déni. Ce n’est que lors de mon troisième ou quatrième passage que j’ai pris connaissance de ce qui y était écrit : « À louer ».

Curieux, je m’y suis arrêté le lendemain pour poser quelques questions à Alain, son propriétaire. Il m’expliqua qu’il vendait désormais bien plus via le web, et que les charges de la boutique étaient considérables, sans oublier tous les tracas qui en découlaient. Les livres étant à 30% de réduction, j’ai fait le tour pour en récolter quelques-uns.

LireLoue était, à mon avis, probablement une des librairies les mieux situées en ville, juste à côté du Cinéma Beaubien, un lieu achalandé par des amateurs de culture. Les habitués de la librairie m’ont souvent indiqué que le manque de classement des livres était un irritant. Et puis, le manque de roulement des invendus diminuait d’autant l’intérêt de s’y arrêter. Soit. Mais c’était ma librairie de quartier. La vitrine qui faisait en sorte que faire une course au coin de la rue était agréable.

La mort dans l’âme, je m’habillais et sortis de la maison pour faire cette fichue commission. Passé le Cinéma Beaubien, tout juste après la ruelle, je me suis arrêté devant la vitrine désormais vide. Le nez collé à la vitre, les mains autour des yeux pour arrêter les reflets, je contemplais l’intérieur du local. Il n’y avait plus rien. Toutes les bibliothèques avaient été retirées. Ne restaient que quelques babioles qui me rappelaient ce qui était autrefois ma librairie d’occasion de mon quartier. Alors que je m’apprêtais à reprendre mon chemin, je remarquais le modèle réduit d’un bateau dans la vitrine. Un petit écriteau indiquait qu’il était à vendre.

La mort dans l’âme, j’ai repris mon chemin. Et je me suis demandé si cette fermeture n’était pas un signe de mauvais augure pour mon quartier, comme un étang qui se vide de ses grenouilles


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