J’ai trouvé ces poèmes dans le recueil Le feu de chaque jour paru chez Poésie/Gallimard.
Octavio Paz est un poète mexicain (1914-1998) qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 1990.
Réveil en plein air
Les lèvres et les mains du vent
le cœur de l’eau
un eucalyptus
les nuages qui bivouaquent
la vie qui naît chaque jour
la mort qui naît chaque vie
Je frotte mes paupières :
le ciel marche sur la terre
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Toucher
Mes mains
ouvrent le rideau de ton être
t’habillent d’une autre nudité
découvrent les corps de ton corps
Mes mains
inventent dans ton corps un autre corps.
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Intérieur
Pensées en guerre
veulent briser mon front
Par des chemins d’oiseaux
avance l’écriture
La main pense à voix haute
le mot en convie un autre
Sur la feuille où j’écris
vont et viennent les êtres que je vois
Le livre et le cahier
replient les ailes et reposent
On a déjà allumé les lampes
comme un lit l’heure s’ouvre et se ferme
Les bas rouges et le visage clair
vous entrez toi et la nuit
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Octavio PAZ