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Jour Polaire

Par Tinalakiller

Créée par Måns Mårlind et Björn Stein

Avec Leïla Bekhti, Gustaf Hammarsten, Peter Stormare, Denis Lavant, Olivier Gourmet, Jérémy Corallo...

Série policière franco-suédois. 1ere saison. 2016.
Jour Polaire

Au cœur de l'été arctique, à Kiruna, ville suédoise du cercle polaire, est perpétré le meurtre violent et mystérieux d'un citoyen français. Très vite, Kahina Zadi, capitaine française de l'Office central pour la répression des violences aux personnes, est immédiatement dépêchée sur place afin de mener l'enquête avec la police locale et plus particulièrement avec le procureur Anders Harnesk.

Jour Polaire

Les séries scandinaves me font de l'oeil depuis quelques années maintenant et j'espère que cette année sera la bonne (vive les résolutions). Pour débuter doucement, j'ai privilégié la dernière " Création originale " de Canal +, Jour Polaire (ou Midnight Sun dans son titre international / Midnattssol en suédois pour les petits curieux). Je retiens alors deux choses de cette petite expérience : étant donné que je ne connais rien aux séries scandinaves (j'ai juste tenté quelques films et une/deux lectures), je ne pouvais pas comparer avec une autre série. Surtout, Jour Polaire m'a donné envie de m'intéresser davantage aux séries scandinaves. Pourtant j'imagine bien (même s'il faudrait me le confirmer ou non) qu'elle ne doit pas totalement correspondre à l'univers scandinave par sa co-production française. Cela dit, je me dis que la partie française ne doit pas non plus trop le remporter. En effet, ce sont Måns Mårlind et Björn Stein, qui étaient déjà à l'origine de la série Bron (et qui a été objet de deux remakes : Tunnel, déjà sur Canal + avec Clémence Poésy, et The Bridge avec Diane Kruger) qui sont derrière les manettes. Est-ce finalement plus suédois que français ou vice versa ? Au fond, ce n'est pas si important (en dehors de nos interrogations pour connaître davantage des codes culturels et télévisuels) même si la série regorge évidemment d'une importante partie concernant la culture suédoise : les auteurs ont clairement voulu identifier les problèmes actuels en Europe qui tournent autour du racisme et de l'immigration. Je ne vais évidemment rien vous révéler de l'enquête qui, au passage, est passionnante du début jusqu'à la fin. Je dirais que l'intrigue autour des différentes cultures fonctionne totalement. En effet, d'un côté, on se retrouve en Suède dans laquelle on comprend que la place des Samis (en français, c'est tout simplement les Lapons), un peuple autochtone rejeté par le reste de la Suède. De l'autre, Kahina est une jeune policière française d'origine maghrébine. Son histoire personnelle est clairement reliée ses origines en question. Les deux histoires se font écho : les origines, même lorsqu'elles sont douloureuses et permettent parfois d'être au coeur de choix difficiles voire même condamnables, sont essentielles pour construire notre personnalité et notre manière d'aimer (même si cet amour - qu'il soit maternel ou fraternel). La série parvient alors dans un premier temps à confronter plusieurs types de sentiments : la haine la plus extrême (il n'y a qu'à voir la violence du meurtre du Français dès le premier épisode : au moins on reste scotché !) à l'amour (même si cela n'excuse nullement les actes barbares du tueur).

Jour Polaire

Jour Polaire démarre fort avec ce meurtre (un type, un certain français dénommé Carnot, est sur les hélices d'un hélicoptère qui se mettent à tourner de plus en plus vite) et sa mise en scène très choquante. Pourtant, durant le premier épisode, je n'étais pas totalement rassurée. La manière dont on nous présente Kahina manque un peu de subtilité par rapport à son histoire personnelle (notamment avec la relation avec son fils) et c'est principalement à cause de ce point en question que cette série n'est pas parfaite même si encore une fois elle est vraiment bonne (mais elle aurait pu meilleure - oui je suis exigeante !). L'histoire de Kahina est pourtant intéressante voire même plutôt touchante. La scène où elle raconte clairement tout ce qu'elle a vécu durant son adolescence est par ailleurs très forte en émotions. Je dirais juste que les scénaristes se sont trop précipités sur ce personnage. Ils arrivent paradoxalement à faire durer le suspense concernant l'identité du tueur (pour ma part, j'avais " deviné " seulement cinq minutes avant la révélation à l'avant-dernier épisode, bref côté suspense c'est plutôt réussi) mais pas réellement sur Kahina ce qui est fort dommage. En clair, je trouve qu'on en sait trop sur elle dès le premier épisode, le personnage n'est alors plus aussi mystérieux que prévu. Du coup, quand je la voyais se scarifier, il y a des moments où, sans dire que c'était ridicule (je n'irais pas jusque-là), ces scènes en question perdaient presque en noirceur et en douleur. Après, d'après ce que j'ai compris par des purs fans de télévision et plus généralement de polars scandinaves, Kahina correspondrait à des héroïnes de ce type de fiction du Nord. A vous de me confirmer ou non ce point. En dehors de ce petit point noir que je relève, j'ai en revanche aimé le portrait de tous les autres personnages. On arrive bien à les cerner aussi bien individuellement que collectivement. Les personnages sont donc assez complexes par ce procédé (et encore une fois même le méchant, pourtant inexcusable, a de l'épaisseur) et il n'est pas toujours évident de les classer dans une catégorie (dans le sens où je ne les vois ni comme des gentils ni méchants).

Jour Polaire

Jour Polaire se fait aussi remarquer pour son ambiance sombre (je veux dire les gars, on parle d'un horrible serial killer !) alors que le soleil ne se couche jamais (pas de chance pour Kahina, il n'y a pas de volets là elle est logée). La photographie met merveilleusement bien en avant ce magnifique climat qui contrebalance avec les terribles événements en cours. Il n'y a plus de notion de temps alors que la course à la montre a démarré depuis la découverte du premier cadavre. Cette notion de temps s'ajoute aussi à la perte de repères culturels et linguistiques : on parle principalement anglais, mais les dialogues sont aussi en français, en suédois et même en sami. Comme Kahina (en VO Leïla Bekhti a volontairement gardé un gros accent français pour montrer encore plus le décalage linguistique), on finit par être déstabilisé par cette sorte de relecture de Tour de Babel. Les huit épisodes, chacun durant une bonne cinquantaine de minutes, sont pour moi passés à la vitesse grand V alors que le rythme est finalement assez lent (une caractéristique assez commune aux fictions scandinaves). Il faut dire que le scénario est captivant et bien ficelé jusqu'au bout même lorsqu'on connait l'identité de l'assassin. Enfin, Jour Polaire est servi par une très bonne distribution internationale. Certes, le personnage de Kahina est parfois présenté maladroitement, en revanche, Leïla Bekhti s'en sort très bien, réussissant bien à mêler différentes émotions et rend aussi Kahina attachante. Pourtant, sans dire que j'ai quelque chose contre elle, je n'accroche pas spécialement à son jeu dans certains de ses films. Son partenaire, Gustaf Hammarsten (inconnu au bataillon en ce qui me concerne) est également remarquable. Plus discret (il devient en quelque sorte le personnage principal masculin malgré lui), son personnage touche par sa sensibilité et sa différence (notamment sexuelle) qui le détache du reste de la communauté. Finalement, le duo fonctionne très bien à l'écran. D'après ce que j'ai compris, vu le succès rencontré sur Canal +, une deuxième saison devrait voir le jour (visiblement avec d'autres personnages sur une nouvelle histoire).

Jour Polaire

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