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[Critique] Nocturnal Animals

Par Wolvy128 @Wolvy128

5-étoiles

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Susan Morrow (Amy Adams), une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton Morrow (Armie Hammer). Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal), dont elle est sans nouvelles depuis des années. Une note l’accompagne, enjoignant la jeune femme à le lire puis à le contacter lors de son passage en ville. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’œuvre qui lui est dédicacée.

Près de 7 ans après le singulier A Single Man, le styliste/réalisateur américain Tom Ford nous revient en ce début d’année avec Nocturnal Animals, l’adaptation cinématographique du roman Tony and Susan, publié en 1993 par Austin Wright. Un retour absolument fracassant puisque le long-métrage est une pure merveille visuelle et psychologique.

Si la beauté extrême des plans n’a rien de très étonnant compte tenu du travail déjà incroyable de Ford sur cet aspect dans sa précédente réalisation, c’est davantage la qualité d’écriture qui surprend ici. Fort d’une narration brillante, le film raconte en effet de façon magistrale une histoire d’une densité incroyable, mêlant à la perfection le réel à la fiction, le présent au passé. A travers la triple intrigue dont il fait l’objet, le récit multiple aussi les genres, alternant continuellement le thriller et le drame, sans jamais perdre le spectateur en route. A ce titre, on soulignera d’ailleurs la photographie somptueuse de Seamus McGarvey, aussi habile pour retranscrire la violence sèche du désert texan que pour illustrer la froideur clinique d’une société superficielle. Pleine de nuances et de contrastes, les images s’impriment durablement sur la rétine. Au final, on regrettera simplement le montage parfois un peu abrupt, venant à plusieurs reprises ponctuer les scènes chocs du livre par des réactions exagérées du personnage d’Amy Adams. Ce défaut mineur n’enlève toutefois rien à la maîtrise global du film puisque toutes les scènes s’avèrent néanmoins d’une redoutable efficacité. En particulier celles du manuscrit, qui marquent vraiment les esprits par leur intensité folle. La toute première séquence est ainsi tétanisante de bout en bout.

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Mais les autres trames narratives ne sont pas en reste puisque le passé du couple, combiné à la perception actuelle de Susan, va conditionner l’ensemble de la réflexion. Si les trois intrigues peuvent tout à fait exister indépendamment les unes des autres, le propos prend en effet une tout autre dimension lorsqu’elles sont réunies. Et même si on pourra légitimement reprocher un léger manque de subtilité dans certaines métaphores, le message du long-métrage est toutefois suffisamment profond et ambigu que pour captiver jusqu’au bout. A ce constat déjà exceptionnel s’ajoute enfin des performances en tout point remarquables. Dans un registre qu’ils connaissent bien, Amy Adams – et ses beaux yeux tristes – et Michael Shannon – et son accent prononcé – se révèlent ainsi particulièrement convaincants. Tant l’un que l’autre dégagent un charisme indéniable. Malgré tout, c’est surtout Jake Gyllenhaal qui parvient à tirer son épingle du jeu. Dans la peau d’un personnage passant par toutes les émotions, l’acteur dévoile une nouvelle fois toute sa palette de jeu. Intense et émouvant, il enchaîne un nouveau rôle mémorable dans une filmographie qui en compte déjà beaucoup. Enfin, même l’insipide Aaron Taylor-Johnson délivre ici une interprétation habitée.

En définitive, Nocturnal Animals s’impose donc comme un thriller dramatique d’une rare intensité. Aussi élégant sur la forme que complexe sur le fond, le film retranscrit avec brio une triple intrigue particulièrement ambigüe, emmenée par un casting absolument irréprochable, duquel s’extrait avec talent l’excellent Jake Gyllenhaal. Éblouissant !



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