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Experts-comptables : réagissez face à l’ubérisation !

Publié le 18 janvier 2017 par Comptaentrepreneurs

En mai 2016, le mot « Ubériser » a fait son entrée dans le dictionnaire. Mais d’où vient-il ? Que signifie-t-il ? Est-ce une véritable révolution ? Peut-il impacter le métier d’expert-comptable ? Tant de questions auxquelles nous essayons de répondre dans cet article.

D’où vient le terme ubériser ?

Aujourd’hui tout le monde parle de l’ubérisation mais sait-on vraiment comment est né ce mot ?
Son origine vient de l’entreprise Américaine Uber, plateforme permettant la commande d’un chauffeur privé via une application mobile. Ce concept est né en 2008 lorsque le fondateur, alors en voyage à Paris, rencontre des difficultés pour trouver un taxi.

Qu’est ce que l’ubérisation ?

La définition du terme ubérisation s’articule en trois parties. Il s’agit de la :
Déstabilisation et de la transformation d’un secteur économique
• En tirant parti des nouvelles technologies (big data, robotisation, intelligence artificielle…)
• Dans un laps de temps très rapide

L’ubérisation : effet de mode ou vraie révolution ?

Le phénomène d’ubérisation correspond à l’arrivée à maturité de trois grandes révolutions :
La révolution digitale. Cette révolution passe par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication et inclut la naissance du big data et de la robotisation.

La révolution de la consommation. Il s’agit notamment de la nouvelle façon de se comporter des consommateurs. On peut désormais parler de consommateur digital, pressé, exigeant et voulant tout noter. Les consommateurs ont compris qu’ils avaient un impact très fort sur les marques en exprimant leur insatisfaction sur les réseaux sociaux par exemple. Ce type de nouveau consommateur préfère l’usage à l’actif, sous entendu qu’il préfère en général louer plutôt qu’acheter un produit ou un service.

Ces deux révolutions sont à l’origine de la naissance de l’économie collaborative. Celle-ci représente plus de 40 000 emplois en France et 800 millions de chiffre d’affaires. La France est le 1er pays du monde (en ratio de population) en matière de consommation de manière collaborative. En effet, 74% des français se disent capables de consommer de manière collaborative pour s’équiper. Il s’agit ici de l’effet « Bon coin ».

La révolution des formes de travail. Cette dernière révolution correspond à l’émergence de nouvelles formes de travail évitant l’engagement formel du CDI et permettant à des individus qualifiés ou non de réaliser une ou plusieurs missions de service.

Il est important de ne pas confondre économie collaborative et ubérisation. Lorsque l’on parle d’économie collaborative il s’agit, en principe, de particuliers qui proposent un échange de services à but non lucratif. Au contraire, lorsque l’on parle d’ubérisation, il s’agit de professionnels réalisant des prestations de services pour d’autres personnes moyennant une contrepartie financière.

L’ubérisation n’est donc pas un simple effet de mode qui va perdre en puissance avec le temps mais bel et bien une réelle révolution sociale ; une révolution dans la manière de consommer.

La profession comptable peut-elle être ubérisée ?

De nombreux articles de presse évoquent de plus en plus une éventuelle ubérisation du métier d’expert-comptable. Cependant, il est nécessaire de se demander dans quelles mesures ce métier peut-être amené à évoluer et être soumis à cette transformation.

Pour cela, il est nécessaire de repartir du constat suivant : le métier d’expert-comptable s’articule en deux parties bien distinctes.
• La partie « comptable » correspondant à la pure tenue comptable. Cette tâche pouvant très facilement être automatisée et qui sera de plus en plus amenée à l’être avec la robotisation, permettant une saisie et des contrôles automatiques des données.
• La partie « expert » correspondant au conseil et à l’accompagnement prodigué par l’expert. Pour cela, le temps gagné grâce à la technologie et à la robotisation permettra aux experts d’accorder plus de temps aux missions de conseil et d’accompagnement de leurs clients.

Les nouvelles technologies impliquent automatiquement un changement de la façon de travailler et de s’organiser pour les experts mais ne changent en rien leurs objectifs. Sur le fond, les attentes clients restent les mêmes ; traiter avec une personne de confiance, qui tiendra leur comptabilité à jour, tout en leur prodiguant des conseils pertinents et constructifs pour leur activité. Sur la forme, l’ubérisation inclut la notion de coût pour le client qui va rechercher le même service mais à un prix plus attractif. C’est la ou les experts doivent jouer leur carte en s’appuyant sur leur force par rapport à une plateforme ou un expert 100% en ligne : l’expertise !

Quel est le profil type d’un ubérisateur ?

Un ubérisateur regroupe plusieurs caractéristiques :

• Il s’agit d’un nouvel entrant sur un marché
• Proposant une nouvelle manière de travailler
• A l’aide d’une plateforme centrale
• En s’affranchissant des règles historiques

Les clés d’entrée sur un marché pour un ubérisateur sont le prix et la satisfaction de la clientèle.
En effet, les secteurs d’activités ciblés en priorité sont ceux ou il est possible de réduire les prix grâce aux nouvelles technologies et dans lesquels les clients sont insatisfaits des prestations proposées.

Cependant, en pratique les choses ne sont pas si simples. Pour un ubérisateur, il est primordial de réussir à gérer le rôle d’intermédiaire et de parvenir à équilibrer l’offre et la demande sur la plateforme afin de compter assez d’offreurs membres pour répondre aux exigences rapides des demandeurs.

En conclusion, la profession d’Expert-comptable est, comme toute autre profession, ubérisable.
Cependant, il existe autant de menaces que d’opportunités dans l’ubérisation d’un secteur d’activité.
S’adapter au changement va devenir une obligation pour les cabinets d’expertise comptable s’ils souhaitent rester dans la course !

Cet article fait suite à la conférence sur l’ubérisation du métier d’Expert-comptable qui s’est tenue le 7 décembre dernier à l’ENOES. La conférence était animée par Grégoire LECLERCQ, Directeur de la Relation Client chez EBP mais aussi cofondateur de l’Observatoire de l’ubérisation.


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