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Si Fillon est cuit, comment sauver la droite ?

Publié le 27 janvier 2017 par Delanopolis
Une interview de Serge Federbusch dans Atlantico ! Si Fillon est cuit, comment sauver la droite ? Atlantico : La situation de François Fillon vous paraît-elle définitivement compromise ?

SF : Rien n’est écrit dans le marbre mais il y a peu de chances que François Fillon sauve sa candidature. Trop d’éléments plombent lourdement son dossier : les déclarations de sa femme qui se vante d’être au foyer, les témoignages de la quasi-totalité de ceux qui auraient pu la voir travailler, la hausse de sa rémunération quand elle se met au service du suppléant devenu député et, plus encore, la saumâtre collaboration à la Revue des deux mondes, qui donne clairement l’impression qu’un milliardaire s’achète les bonnes grâces d’un élu via son épouse. Ce dernier dossier est le plus gênant même s’il est éclipsé pour le moment par l’affaire de l’emploi à l’Assemblée.

Il va y avoir enquête, mise en examen et procès. Si François Fillion joue la montre, il peut certes tenir quelques mois et miser sur la fidélité contrainte de son électorat qui ne voudra ou ne pourra pas voter pour un autre.

Mais imaginez un président dont l’épouse est condamnée et risque même d’être incarcérée – eh oui on ne peut l’exclure ! - d’ici deux ans ? Elle n’aurait aucune immunité pour la protéger. C’est intenable. Tous à droite, mezza voce, se demandent déjà comment le débrancher et par qui le remplacer.

Atlantico : Mais refaire les primaires ou prendre Juppé, arrivé deuxième, semble impossible ?

SF : Juppé est beaucoup plus retors que ça dans sa réponse : « A l'instant T, la question ne se pose pas, c'est François Fillon notre candidat … Nous n'en sommes pas là, François Fillon a apporté des éléments qui sont convaincants, je suis persuadé qu'il pourra poursuivre sa campagne … c'est évidemment préoccupant, je ne peux pas dire le contraire ».

Bref, après l’instant T, il peut y avoir l’instant J, il suffit de prendre l’alphabet à l’envers !

Le problème est le peu de crédibilité d’une telle candidature comme d’ailleurs celle des autres vaincus des primaires : ce sont tous des seconds choix défaits lors d’un scrutin encore présent dans les mémoires. L’électorat de droite a rejeté massivement l’identité heureuse de Juppé et ses abouchements avec Bayrou. Il est peu probable qu’il repasse les plats. Une candidature Juppé, c’est un très fort risque de second tour Le Pen – Macron, en l’état des choses.


Atlantico : Alors, comment sauver la droite ?

SF : La moins mauvaise des solutions serait une initiative de la société civile pour organiser d’urgence des primaires par Internet, hors de l’appareil des Républicains, totalement transparentes et indépendantes, des sortes de Primaires du salut public ! Cela ne coûte pas si cher et c’est tout à fait possible, sur le plan technique.

Ou bien un « poids lourd » de la droite se lance en disant qu’il reprend à son compte l’essentiel du projet de Fillon : Larcher par exemple. Mais éviter l’aspect « candidature de pis-aller » et mettre les barons d’accord lui serait très difficile.

Atlantico : Et si ça ne marche pas ?

SF : Le risque devient réel de voir Macron élu, même si un deuxième tour face à Le Pen, ne sera pas gagné quand le peuple comprendra à quel clone de l’establishment il a affaire. Quoi qu’il arrive, nous aurions des triangulaires et quadrangulaires partout avec, très probablement, un parlement ingouvernable …

Cette affaire Fillon sera peut-être le cygne noir de la Cinquième république, l’élément déclencheur d’une crise qui couve depuis des années et dont on ne voyait pas ce qui la précipiterait.








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