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Cinéma : "La La Land" de Damien Chazelle

Publié le 27 janvier 2017 par Paulo Lobo
C'est un film en permanence sur le fil du rasoir, avec une histoire ténue et fragile comme une bulle de savon. Un garçon et une fille se rencontrent, s'aiment, ils sont tous les deux à la poursuite de leurs rêves, ils sont jeunes, beaux, insouciants, flamboyants et plus ou moins sans le sou. En plus, ils dansent super bien, presque aussi bien que Cyd Charisse et Fred Astaire. Mais voilà, leurs rêves et leurs vies se mêlent, s'emmêlent, se font des croche-pieds et finissent par s'entrechoquer. Trouble in paradise.
Une comédie musicale ? Sous des dehors bariolés et pétillants, je dirais plutôt un film chantant, assez doux-amer, pas si éloigné dans l'esprit de l'univers de Jacques Demy. La bande-son est superbe, avec des chansons qui vous rentrent tout de suite sous la peau et dans les synapses. On sort de la salle, et les musiques n'arrêtent plus de trotter dans la tête.
Cela dit, pendant un bon moment en cours de projection, je me suis posé la question mais où est-ce qu'il va ce film, il court trop vite, c'est quoi l'histoire, où sont les enjeux dramatiques, ils sont heureux, vont ensemble au cinéma voir La fureur de vivre de Nicholas Ray, tout baigne, sommes-nous dans une sorte d'Écume des jours américain, avec Colin et Chloé sur leur nuage rose ?
Pourtant, le récit suit son cours tranquille, sans véritablement de twists narratifs.
Il y a une flamboyance, une légèreté dans la mise en scène qui joue sur les couleurs, les décors et les costumes hyper-stylisés. Les séquences chantées et dansées constituent de splendides perles visuelles. Mais à chaque fois que cesse la musique, on revient à une sorte de face-à-face intimiste entre nos deux personnages, sans pratiquement aucun autre intervenant. Ça crée un étrange sentiment d'étouffement parfois. On assiste petit à petit à une sorte de délitement d'un amour romantique, mais qui a lieu de façon presque impalpable, sans ire ni fureur, juste une profonde tristesse et résignation. Comme des adieux inévitables à une jeunesse qui s'évanouit dans la brume et dont ne subsistent que des regrets.
Dans cette sérénade à deux, c'est Emma Stone qui remporte la mise. Elle est époustouflante, de beauté, de fragilité, d'ambiguïté. Ryan Gosling en revanche m'a semblé un peu rigide. Et sans ce  zeste d'humour qui caractérisait des référents comme Gene Kelly ou Fred Astaire.
Mais le parti pris à la fois désabusé et mélancolique du réalisateur Damien Chazelle a quelque chose qui m'a plu. Ça m'a un peu fait penser au dernier Woody Allen "Cafe Society".
Et puis les numéros chantés baignant dans leurs ambiances chromatiques ont vraiment eu raison de moi.

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