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Prodigy « Hegelian Dialectic: The Book of Revelation » @@@@

Publié le 20 janvier 2017 par Sagittariushh @SagittariusHH
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Prodigy « Hegelian Dialectic: The Book of Revelation » @@@@

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Prodigy est un indécrottable personnage du paysage rap Eastcoast. L’infâme soldat vétéran des Mobb Deep est encore et toujours là, underground, micro et plume en mains, le flow empestant les fragrances de caniveaux du Queens. Le succès de l’album des vingt ans The Infamous Mobb Deep et la tournée qui a suivi ont merveilleusement témoigné de l’estime intact pour lui et son comparse Havoc. Mais des deux, c’est encore et toujours lui qu’on va préférentiellement écouter en premier. Le voilà qu’il revient avec son premier album solo depuis quatre ans au moins, Hegelian Dialectic: The Book of Revelation, avec plein de choses sur la conscience à nous dévoiler.

Et quand je dis album solo, c’est solo-solo, pour de vrai, excepté un petit feat d’un rappeur portant le nom argenté (et peu original) de Ca$h Bilz juste à la fin. Le discours d’introduction narré par une voix féminine plante le décor, ancré avec la situation actuelle, post-élection de Trump, avertissant sur les méfaits du divertissement et de la désinformation, l’entrée dans une Nième guerre psychologique. Et avec Prodigy, ça vire direct au mysticisme (« Mystic » avec un instru solennel signé par ce cher Alchemist), une vieille habitude chez lui. Il lui arrive couramment penser que des sociétés secrètes (les illuminati en fait) régulent le système (théorie du complot tout ça quoi), d’avoir une manière de voir les choses qui soit haut perchée (« Spiritual War« ) grâce à son troisième oeil grand ouvert. P sait qu’il peut faire peur, qu’il est incompris, comme il l’affirme sur « No Religion » (qui reprend une phrase de Jay-Z en guise de refrain), reprenant le sacro-saint thème du bien et du mal, en évoquant ce que procure l’argent qu’on est venu chercher à la base, les contradictions avec ce que les gens attendent et aiment chez lui (« I put real rap music but you want fake »), et confronte en filigrane l’athéisme et les extrémismes, le fanatisme.

Prodigy est tout aussi dangereux lorsqu’il remet les pieds sur terre, réclamant le pouvoir au peuple (et au beat) sur « Mufackin U$A« , un message qui revient puissamment chez les rappeurs par les temps qui courent. Sur « Tyranny« , il désigne désigne les ennemis de la liberté, le gouvernement américain en partie, et quand on voit celui qui vient d’arriver au pouvoir, on ne peut que lui donner raison. Malgré tout le mal qu’il pense, il incite tout de même à se bouger pour voter. La lucidité est un de ses points forts, quand il s’en sert. Il continue de maintenir les consciences en éveil sur « Snakes » sur lequel il répète « we’re still slaves ». Dans un registre plus personnel, l’extrait « The Good Fight » (admirablement produit par Knxwledge) parle de sa famille et ce qu’elle lui a inculqué (« grandma said to write my own lyrics », « granddad taught me to produce my own beats », « my mum taught me how to roll a joint »…). En regardant le chemin parcouru que décrit P sur ces couplets, on se demande vraiment comment il a survécu.

Une caractéristique notable de The Hegelian Book est son aspect moderne, moins ‘conservateur’ au niveau des instrumentaux attendus pour un produit certifié QB. Certains beats sont contemporains, notamment sur les égotrips tels que « As If » (« you pushed me to get ill »), « Broken Rappers » (avec des notes de piano typiques) et « Mic-Rocosm« , dans un style cloud-rap avec ses pointes de synthés maitrisés. Voyez tout ce concentré de noires pensées qui s’avèrent éclairantes dans 35 minutes de très bon rap.


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